Contexte
Les tumeurs à cellules de la granulosa (TCG) de l'ovaire sont de rares tumeurs ovariennes (2 % à 5 % de tous les cancers de l'ovaire). La plupart des tumeurs ovariennes se développent à la surface extérieure de la couche de l'ovaire, mais les TCG se développent à partir des cellules de la granulosa (cellules des cordons sexuels) dans les ovaires qui produisent de l'œstrogène (hormones sexuelles féminines primaires). Ces tumeurs se développent relativement lentement et peuvent réapparaitre 10 à 15 ans après le traitement primaire. Si les femmes atteintes de ces tumeurs souhaitent concevoir, le chirurgien retire généralement uniquement l'ovaire malade. Cependant, le traitement standard consiste en une chirurgie pour retirer les tubes, les ovaires et l'utérus, car la plupart des femmes développent les TCG aux alentours de la ménopause, lorsque la fertilité n'est plus une préoccupation.
Question de la revue
De précédentes études ont évalué la chimiothérapie (différentes combinaisons thérapeutiques) avec ou sans radiothérapie après une chirurgie. Cette revue visait à examiner les effets des différentes méthodes de traitement, y compris la chirurgie préservant la fertilité chez les femmes atteintes de TCG de l'ovaire.
Principaux résultats
Cinq études rétrospectives (incluant 535 femmes présentant un diagnostic de TCG) répondaient à nos critères d'inclusion.
Deux études, qui tentaient d'identifier les facteurs associés à de meilleurs résultats (en termes de survie globale), suggéraient qu'aucune preuve apparente ne montrait de différences dans la survie globale entre les approches chirurgicales (que la chirurgie soit ouverte ou minimale) chez un patient subissant une lymphadénectomie (ablation des ganglions lymphatiques) ou recevant une chimiothérapie adjuvante ou une radiothérapie. Le pourcentage de la survie chez l'ensemble des femmes était rapporté uniquement dans deux essais et n'était pas rapporté dans une étude.
Une étude montrait que les femmes ayant reçu de la radiothérapie postopératoire avaient un risque plus faible de récidive de la maladie par rapport à celles ayant subi une chirurgie. Dans trois études, aucune preuve apparente ne suggérait que la récidive de la maladie était associée à un type de chimiothérapie adjuvante ou à un type de chirurgie, bien que la stadification chirurgicale puisse être importante. Dans une étude, la récidive de la maladie n'était pas rapportée être différente entre les patientes ayant subi une chirurgie préservant la fertilité, où seule la trompe de Fallope affectée et l'ovaire étaient retirés, et celles traitées par chirurgie conventionnelle, lors de laquelle les tubes et les ovaires étaient retirés. Compte tenu du taux de survie globale important, la chirurgie préservant la fertilité pourrait être une option de traitement importante chez les jeunes patientes qui souhaitent à l'avenir concevoir. Dans une étude, la survie sans récidive n'était pas rapportée.
Dans les cinq études, la toxicité et les données sur les effets indésirables n'étaient que partiellement rapportées. Aucune des cinq études ne rapportait sur la qualité de vie. Toutes les études présentaient un risque très élevé de biais (faible qualité).
Qualité des preuves
Les cinq études étaient rétrospectives (elles examinaient les résultats passés) et présentaient un risque très élevé de biais (faible qualité); par conséquent, les futures études devront examiner les preuves actuelles dans les essais randomisées sur les tumeurs à cellules de la granulosa de type adulte de l'ovaire. Trois études randomisées comparant la chimiothérapie sont en cours. L'étude qui pourrait être en mesure de répondre à la question concernant le choix de chimiothérapie le plus adéquat dans les tumeurs stromales de corde de sexe est une étude randomisée en cours comparant l'efficacité de deux médicaments (la carboplatine et le paclitaxel) par rapport à la chimiothérapie standard (BEP - la bléomycine, l'étoposide, la cisplatine).
Dans l'ensemble, les preuves de cette revue sont de faible qualité, ce qui peut gravement diminuer la fiabilité des résultats. D'autres recherches sont très susceptibles d'avoir à l'avenir un impact important sur les preuves fournies. L'efficacité et l'innocuité des différentes manières de traiter les patients atteints des tumeurs à cellules de la granulosa de type adulte de l'ovaire n'ont pas encore été évaluées par des études de haute qualité. De tels essais sont nécessaires pour évaluer la toxicité et la qualité de vie associées aux différents traitements et pour évaluer l'innocuité des types de chirurgie utilisés. Généralement, les preuves actuelles ne sont pas suffisamment solides pour permettre de recommander des changements dans la pratique clinique.
Une étude indiquait une baisse des taux de récidive avec l'utilisation de la radiothérapie adjuvante, bien que cette étude soit à risque de biais élevé et que les résultats doivent être interprétés avec prudence. Suite à l'évaluation des cinq études rétrospectives de petite taille, nous ne sommes pas en mesure d'apporter de conclusions définitives quant à l'efficacité et l'innocuité des différents types et approches de la chirurgie, y compris la chirurgie conservatrice, ainsi que la chimiothérapie ou la radiothérapie adjuvante, pour la prise en charge des TCG de l'ovaire. Les preuves disponibles sont très limitées et la revue ne fournit que des preuves de faible qualité. D'autres recherches sont très susceptibles d'avoir un impact important sur notre confiance dans l'estimation de l'effet et pourraient modifier nos résultats.
Dans l'idéal, des ECR multinationaux sont nécessaires pour répondre à ces questions. La maladie est relativement rare et a généralement un bon pronostic. Les ECR sont difficiles à réaliser, mais trois essais en cours ont été identifiés, prouvant qu'ils sont réalisables, bien que deux de ces études soient des essais à bras unique. L'étude qui pourrait être en mesure de répondre à la question concernant le choix de chimiothérapie le plus adéquat dans les tumeurs stromales de corde de sexe est une étude en cours, randomisée et de phase 2, dirigée par le Groupe d'Oncologie Gynécologique, pour comparer l'efficacité de la carboplatine et paclitaxel par rapport au BEP standard. Ces investigateurs contrôlent également la valeur de inhibines A et B en tant que biomarqueurs prédictifs. Des essais supplémentaires sont nécessaires pour évaluer la toxicité et la qualité de vie associées à différents schémas thérapeutiques, ainsi que la sécurité des options chirurgicales conservatrices.
La tumeur à cellule de la granulosa est une tumeur gynécologique rare de l'ovaire avec une possible récidive de nombreuses années après le diagnostic et le traitement initial. Les preuves fondées sur la prise en charge de la tumeur à cellule de la granulosa sont limitées et le traitement n'a pas été standardisé. La chirurgie, y compris les procédures préservant la fertilité chez les jeunes femmes, a traditionnellement été le traitement standard. Les traitements adjuvants après la chirurgie ont été basés sur des essais non randomisés. Une combinaison de bléomycine, d'étoposide et de cisplatine (BEP) a été traditionnellement utilisée pour le traitement de la maladie à un stade avancé et / ou de récidive qui ne peut être chirurgicalement prise en charge de façon optimale.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des différentes modalités de traitement proposées dans la pratique actuelle pour la prise en charge des tumeurs à cellules de la granulosa (TCG) de l'ovaire qui sont récurrentes et primaires.
Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur les cancers gynécologiques, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et EMBASE jusqu'en décembre 2013. Nous avons également consulté les registres des essais cliniques, les résumés de réunions scientifiques et les références bibliographiques des études incluses.
Nous avons recherché les essais contrôlés randomisés (ECR), les essais contrôlés quasi-randomisés et les études observationnelles étudiant les femmes adultes souffrant de tumeurs à cellules de la granulosa de l'ovaire (primaires et récurrentes). Pour les études non randomisées, nous avons inclus les études ayant utilisé l'analyse multifactorielle pour ajuster selon les caractéristiques initiales.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué les risques de biais. Les études étaient hétérogènes en ce qui concerne les comparaisons de traitement, les données n'ont donc pas été synthétisées en une méta-analyse et les méthodes pour évaluer l'hétérogénéité n'étaient pas nécessaires. Le risque de biais dans les études incluses a été rapporté en utilisant les six principaux éléments évaluant les ECR et en utilisant les quatre critères supplémentaires examinant spécifiquement le risque de biais dans les études non randomisées.
Cinq études de cohortes rétrospectives (535 femmes présentant un diagnostic de TCG) ayant utilisé des méthodes statistiques appropriées pour un ajustement ont été incluses dans la revue.
Deux études, ayant effectué des analyses multivariées qui tentaient d'identifier les facteurs associés à de meilleurs résultats (en termes de survie globale), ne rapportaient aucune preuve apparente d'une différence en termes de survie globale entre les approches chirurgicales, qu'il s'agisse d'un participant subissant une lymphadénectomie ou recevant une chimiothérapie adjuvante ou une radiothérapie. Le pourcentage de la survie chez l'ensemble des femmes était rapporté uniquement dans deux essais et n'était pas rapporté dans une étude.
Une étude montrait que les femmes ayant reçu de la radiothérapie postopératoire avaient un risque plus faible de récidive de la maladie par rapport à celles ayant subi une chirurgie seule (rapport de risque ajusté (RR) de 0,3, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,1 à 0,6, valeur P de 0,04). Trois études ne rapportaient aucune preuve d'une différence, en termes de récidive de la maladie, basée sur la réalisation et le type de chimiothérapie adjuvante ou sur le type de chirurgie ou d'approche chirurgicale, autre que la stadification chirurgicale pourrait être importante. Une étude ne décrivait aucune preuve apparente d'une différence, en termes de récidive de la maladie, entre la chirurgie préservant la fertilité et la chirurgie conventionnelle. Dans une étude, la survie sans récidive n'était pas rapportée.
La toxicité et les données sur les effets indésirables n'étaient que partiellement rapportés dans les cinq études. Aucune des cinq études ne documentait la qualité de vie (QdV). Toutes les études présentaient un risque très élevé de biais.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Financeurs pour le Canada : Instituts de Recherche en Santé du Canada, Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, Fonds de recherche du Québec-Santé et Institut National d'Excellence en Santé et en Services Sociaux; pour la France : Ministère en charge de la Santé