Des femmes de tous âges souffrent d'incontinence urinaire. Les exercices des muscles du plancher pelvien constituent un traitement courant (aussi appelé entraînement des muscles du plancher pelvien) dans lequel les muscles du plancher pelvien sont contractés et soulevés puis relâchés plusieurs fois de suite, jusqu'à trois fois par jour. Les exercices peuvent aider à renforcer les muscles, à accroître l'endurance musculaire (de sorte que le muscle se fatigue moins facilement) et à améliorer la coordination (afin que le muscle se contracte plus fort lorsque le risque de fuite est plus grand, p.ex. en cas de toux ou d'éternuement).
Il est important pour la réussite du traitement de contracter les bons muscles et de faire suffisamment d'exercices. Le retour d'information ou la rétroaction biologique sont utilisés pour apprendre aux femmes à contracter les muscles appropriés, leur enseigner quand et comment contracter le muscle pour éviter les fuites, évaluer si la contraction musculaire s'améliore avec le temps, et ils peuvent aussi être utilisés comme 'entraineur' pour l'exercice répétitif. Une méthode commune de retour d'information consiste pour le professionnel de santé à sentir les muscles du plancher pelvien lors d'un examen vaginal et à décrire à quel point les muscles se contractent et se soulèvent bien quand la femme s'exerce. La rétroaction biologique utilise un dispositif vaginal ou anal pour mesurer la pression de contraction du muscle ou l'activité électrique dans le muscle. Le dispositif renvoie cette information à la femme sous forme sonore (le son devient par exemple plus fort quand la contraction augmente) ou visuelle (une lumière plus intense signifiant par exemple une contraction plus forte).
Il est important pour la réussite du traitement de contracter les bons muscles au bon moment et de faire suffisamment d'exercices. Il y avait certaines indications que l'ajout de la rétroaction biologique était bénéfique. Il n'était pas clair cependant si cela n'était pas l'effet du dispositif de rétroaction biologique lui-même. Il est possible que le bénéfice provenait d'avoir passé plus de temps dans la clinique avec le médecin, l'infirmière ou le physiothérapeute.
Le retour d'information ou la rétroaction biologique pourraient apporter un bénéfice supplémentaire à l'entraînement des muscles du plancher pelvien chez les femmes souffrant d’incontinence urinaire. De nouvelles recherches seront cependant nécessaires pour distinguer si ce sont le retour d'information ou la rétroaction biologique qui provoquent l'effet bénéfique ou quelque autre différence entre les groupes de l'essai (comme un supplément de contact avec des professionnels de santé).
L'entraînement des muscles du plancher pelvien (EMPP) constitue un traitement efficace pour l'incontinence urinaire à l'effort chez la femme Alors que la plupart des essais sur l'EMPP ont été réalisés chez des femmes souffrant d'incontinence urinaire à l'effort, il y a également certains résultats d'essais indiquant que l'EMPP est efficace pour traiter l'incontinence urinaire d'impériosité et l'incontinence urinaire mixte. Le retour d'information et la rétroaction biologique sont des auxiliaires couramment utilisés avec l'EMPP pour aider à enseigner la contraction volontaire du muscle du plancher pelvien ou pour rendre l'entraînement plus efficace.
Déterminer si le retour d'information ou la rétroaction biologique ajoute un bénéfice supplémentaire à l'EMPP pour les femmes souffrant d'incontinence urinaire.
Comparer l'efficacité de différentes formes de retour d'information et de rétroaction biologique.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé d'essais cliniques du groupe Cochrane sur l’incontinence (le 13 mai 2010) et dans les références bibliographiques d'articles pertinents.
Des essais randomisés ou quasi-randomisés effectués chez des femmes souffrant d’incontinence urinaire, qu'elle soit à l'effort, d'impériosité ou mixte (en fonction des symptômes, des signes ou de l'urodynamique). Au moins deux groupes de l'essai devaient utiliser l'EMPP. De plus, au moins un groupe devait bénéficier d'un retour verbal d'information ou de rétroaction biologique à l'aide d'un dispositif.
L'éligibilité et le risque de biais des essais ont été évalués indépendamment. Les données ont été extraites par deux évaluateurs et recoupées. Les désaccords ont été résolus par la discussion ou par décision d'un troisième évaluateur. L'analyse des données a été effectuée en conformité avec le guide Cochrane pour les revues systématiques d'interventions (version 5.1.0). L'analyse au sein de sous-groupes était fondée sur l'existence d'une différence dans l'EMPP entre les deux groupes comparés.
Vingt-quatre essais totalisant 1583 femmes répondaient aux critères d'inclusion ; 17 essais ont fourni des données pour l'analyse d'un des principaux critères de résultat. Tous les essais ont fourni des données concernant un ou plusieurs critères de résultat secondaires. Les femmes ayant reçu une rétroaction biologique étaient significativement plus susceptibles de déclarer que leur incontinence urinaire avait guéri ou s'était améliorée que celles qui n'avaient reçu que l'EMPP (risque relatif 0,75 ; intervalle de confiance à 95% 0,66 à 0,86). Il était toutefois courant que les femmes des groupes à rétroaction biologique aient eu plus de contact avec le professionnel de santé que celles des groupes sans rétroaction biologique. En se basant sur les rapports d'essais, on constate que nombre d'études présentaient un risque de biais modéré à élevé. Il y avait beaucoup de variété dans les schémas proposés pour l'ajout de retour d'information ou de rétroaction biologique à l'EMPP, et on ne comprenait souvent pas clairement de quoi était composée l'intervention ou quel était le but de l'intervention.