Question de la revue
Déterminer l'efficacité du paracétamol pour le traitement des lombalgies non spécifiques (ou lombalgies communes). La lombalgie non spécifique est une douleur dorsale pour laquelle il n'y a pas de maladie ou de problème de santé associé.
Contexte
Le paracétamol est l'un des médicaments les plus couramment prescrits aux personnes souffrant de lombalgie commune, et il est recommandé dans les directives émises pour aider les médecins à gérer différentes maladies. Cependant, des preuves récentes ont remis en cause son efficacité.
Date de la recherche
Les preuves sont à jour en août 2015.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus dans cette revue trois essais portant sur un total de 1825 participants, deux essais portant sur des participants dont les douleurs dorsales étaient survenues soudainement et récemment (aiguës) et un essai sur des participants dont la douleur avait duré plus de six semaines (chronique). La plupart des personnes dans l'étude (90 %) étaient d'âge moyen et provenaient d'un seul essai ayant examiné les dorsalgies aiguës. Tous les essais testaient le paracétamol par rapport à un placebo (qui ne contient rien n'ayant pu agir comme un médicament). Les traitements variaient d'une seule dose de 1 g (administré par voie intraveineuse) jusqu'à 4 g par période de 24 heures sur une durée allant jusqu'à quatre semaines (comprimés oraux). Les participants étaient suivis entre un jour et 12 semaines. Les principaux critères de jugement que nous avons étudiés étaient la douleur et l'invalidité ; nous avons également examiné la qualité de vie, la facilité avec laquelle les patients pouvaient continuer leur vie quotidienne, les effets secondaires désagréables ou indésirables, à quel point les gens se sentaient rétablis, la qualité du sommeil, si les participants avaient pris le médicament comme prescrit, et s'il avait été nécessaire de prendre un "médicament de secours" parce que le paracétamol n'avait pas était efficace. Nous avons combiné les résultats de deux des essais dans une analyse unique (méta-analyse) comparant le paracétamol à un placebo ; le troisième essai ne rapportait pas les résultats pour le placebo, et il n'a donc pas pu être inclus.
Résultats principaux et qualité des preuves
Nous avons trouvé des preuves de grande qualité indiquant que le paracétamol (4 g par jour) n'est pas plus efficace qu'un placebo pour soulager la lombalgie aiguë à court ou long terme. Il ne donnait pas non plus de meilleurs résultats qu'un placebo sur les autres aspects étudiés, tels que la qualité de vie et la qualité du sommeil. Environ une personne sur cinq signalait des effets secondaires, quoique peu d'entre eux étaient graves, et il n'y avait aucune différence entre les groupes d'intervention et témoin. Du fait que la plupart des participants étudiés étaient d'âge moyen, nous ne pouvons pas être certains que les résultats seraient les mêmes pour d'autres groupes d'âge.
Il semble n'y avoir aucune différence entre le paracétamol et le placebo en matière de réduction immédiate de la lombalgie chronique, bien que les preuves soient de très faible qualité, et que la seule étude sur laquelle elles reposent a été retirée par le journal.
Nous avons trouvé que le paracétamol ne produit pas de meilleurs résultats qu'un placebo pour les personnes souffrant de lombalgie commune aiguë, et il n'est pas clair s'il a un effet sur la lombalgie chronique.
Un médicament analgésique est le traitement le plus fréquemment prescrit pour les douleurs lombaires (lombalgies), et le paracétamol (acétaminophène) est recommandé comme premier choix de médicaments. Cependant, il existe une incertitude quant à l'efficacité du paracétamol pour les lombalgies.
Étudier l'efficacité et l'innocuité du paracétamol pour le traitement des lombalgies non spécifiques.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), qui inclut le registre d'essais cliniques du Groupe thématique dos et cou), MEDLINE, EMBASE, CINAHL, AMED, Web of Science, LILACS et IPA depuis leur création jusqu'au 7 août 2015. Nous avons également consulté les référence bibliographiques d'articles éligibles et les sites Internet des registres d'essais (WHO ICTRP et ClinicalTrials.gov).
Nous avons uniquement pris en compte les essais randomisés comparant l'efficacité du paracétamol à un placebo pour le traitement des lombalgies non-spécifiques (lombalgies communes). Les critères de jugement principaux étaient la douleur et l'invalidité. Nous avons également étudié la qualité de vie, l'activité, les effets indésirables, l'impression globale de récupération, la qualité du sommeil, l'observance du traitement par le patient, et l'utilisation d'un médicament de secours, en tant que critères de jugement secondaires.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment effectué l'extraction des données et évalué le risque de biais dans les études incluses. Nous avons également évalué la qualité des preuves en utilisant l'approche GRADE. Nous avons converti les échelles pour l'intensité de la douleur en une échelle ordinaire de 0 à 100. Nous avons quantifié les effets du traitement à l'aide de la différence moyenne pour les données continues et des risques relatifs pour les données dichotomiques. Nous avons utilisé les tailles d'effet et les intervalles de confiance à 95 % en tant que mesure de l'effet du traitement pour les critères de jugement principaux. Lorsque les effets du traitement étaient inférieurs à 9 points sur une échelle de 0 à 100, nous avons pris en compte les effets comme faibles et n'étant pas cliniquement importants.
Nos recherches ont trouvé 4449 entrées, dont trois essais ont été inclus dans la revue (n = 1825 participants) et deux essais ont été inclus dans la méta-analyse. Pour la lombalgie commune aiguë, il existe des preuves de grande qualité qu'il n'y a aucune différence entre le paracétamol (4 g par jour) et le placebo à 1 semaine (à terme immédiat), 2 semaines, 4 semaines et 12 semaines (à court terme) pour les critères de jugement principaux. Il existe des preuves de grande qualité que le paracétamol n'a pas d'effet sur la qualité de vie, la fonction, l'impression globale sur la récupération, et la qualité du sommeil pour toutes les périodes étudiées. Il n'y avait également aucune différence significative entre le paracétamol et le placebo pour les événements indésirables, l'observance du traitement par le patient ou l'utilisation d'un médicament de secours. Pour la lombalgie chronique, il existe des preuves de très faible qualité (sur la base d'un essai qui a été retiré) de l'absence d'effet du paracétamol (dose unique de 1 g par voie intraveineuse) sur la réduction immédiate de la douleur. Enfin, nous n'avons identifié aucun essai concernant des patients souffrant de lombalgie subaiguë.
Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France