Question de la revue
Nous avons examiné les données probantes concernant l’effet des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez les personnes ayant une sciatique en termes de réduction de la douleur, d’amélioration globale et d’effets secondaires. Les AINS ont été comparés à un placebo, à d’autres AINS, ou d’autres médicaments.
Contexte
Les AINS sont les médicaments les plus fréquemment prescrits dans le monde et sont couramment utilisés pour traiter les douleurs lombaires avec ou sans douleur irradiant dans le membre inférieur (sciatique).
Caractéristiques de l'étude
Nous avons recherché des essais publiés et non publiés jusqu’au 24 juin 2015. Nous avons inclus 10 essais (rapportés dans 9 publications) totalisant 1651 participants, qui comparaient les AINS à un placebo ou à d’autres médicaments. Les participants étaient âgés de 16 à 75 ans et se plaignaient de sciatiques. Ils ont été suivis pendant une courte durée (jusqu’à trois semaines).
Principaux résultats
Les AINS ne sont pas plus efficaces pour réduire la douleur de la sciatique qu’un placebo ou d’autres médicaments. Ils sont plus efficaces pour l’amélioration globale qu’un placebo ou que d’autres médicaments, mais ce résultat doit être interprété avec prudence car la qualité méthodologique des essais inclus est médiocre. Il existe un risque accru d’effets secondaires lors de l’utilisation d’AINS par rapport à un placebo. Dans la mesure où les AINS peuvent avoir des effets indésirables potentiellement graves et où ce sont des médicaments largement prescrits, des essais de bonne qualité sur différentes populations de patients sont nécessaires pour déterminer leurs bénéfices à court et long terme et leurs risques à long terme.
Qualité des résultats
La qualité des données était très mauvaise à mauvaise quant à la supériorité des AINS sur le placebo ; par conséquent, les résultats de cette revue doivent être interprétés avec prudence.
Cette revue systématique mise à jour, qui inclut 10 essais évaluant l’efficacité des AINS par rapport à un placebo ou à d’autres médicaments chez des personnes souffrant de sciatique, rapporte des données ayant une valeur de preuve faible à très faible selon les critères GRADE. L’efficacité des AINS pour la réduction de la douleur n’était pas significative. Les AINS donnaient une meilleure amélioration globale que le placebo. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence car la valeur de preuve des données était très faible, selon la classification GRADE, pour le critère de réduction de la douleur et faible pour l’amélioration globale, en raison d’une étude de petite taille, de résultats contradictoires, d’imprécisions et d’un risque élevé de biais dans les essais inclus. Bien que les essais inclus dans l’analyse n’aient pas eu une puissance suffisante pour déceler d’éventuels effets secondaires rares, nous avons trouvé un risque accru d’effets secondaires à court terme avec l’utilisation des AINS. Comme les AINS sont couramment prescrits, le rapport bénéfice-risque de leur prescription doit être pris en considération.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) font partie des médicaments les plus fréquemment prescrits pour le traitement de la sciatique. Une précédente revue Cochrane sur l’efficacité des AINS a résumé les résultats pour les lombalgies (douleurs dans le bas du dos) et les sciatiques aiguës et chroniques. Ceci est une mise à jour de la revue originale (2008) réduite aux personnes souffrant de sciatique.
Déterminer l’efficacité des AINS dans la réduction de la douleur, l’amélioration globale et les effets secondaires rapportés chez les personnes souffrant de sciatique.
Nous avons effectué des recherches électroniques jusqu’au 24 juin 2015 dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, EMBASE, PubMed et deux registres d’essais cliniques. Nous avons cherché d'autres essais dans les références bibliographiques des études incluses et des revues pertinentes sur le sujet.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (en double aveugle, en simple aveugle et ouverts) évaluant l’efficacité des AINS sur la sciatique. Nous avons inclus tous les essais qui comparaient les AINS à un placebo, à d’autres AINS ou à d’autres médicaments. Des interventions supplémentaires étaient autorisées s’il y avait un contraste clair avec le traitement par les AINS dans l’essai.
Trois auteurs de la revue ont évalué indépendamment le risque de biais et extrait les données. Lorsque cela était possible, nous avons calculé les résultats combinés à l’aide de Review Manager 5.3. Nous avons rapporté le soulagement de la douleur à l’aide de la différence moyenne (DM) avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %). Nous avons utilisé les risques relatifs (RR) avec IC à 95 % pour rapporter l’amélioration globale du traitement, les effets indésirables et la prise de médicaments supplémentaires. Nous avons réalisé une méta-analyse lorsque cela était possible. Nous avons évalué le niveau des données probantes en utilisant la méthode GRADE. Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard recommandées par la Collaboration Cochrane.
Nous avons inclus 10 essais rapportés dans 9 publications (N = 1651). Un seul essai sur dix a été jugé à faible risque de biais. Cinq essais utilisaient la dose quotidienne actuellement recommandée du médicament et deux autres des doses quotidiennes inférieures, disponibles en vente libre. Trois essais étudiaient des AINS qui ne sont plus autorisés en médecine humaine. Le suivi était de courte durée dans toutes les études sauf une.
Trois essais (n = 918) comparaient les effets des AINS à ceux d’un placebo sur la réduction de la douleur. La différence moyenne combinée a montré une réduction comparable de la douleur (échelle visuelle analogique, de 0 à 100) dans les groupes AINS et placebo (DM -4,56, IC à 95 % de -11,11 à 1,99). L’hétérogénéité était importante (I2= 82 %) et la qualité des données très mauvaise. Lorsque nous avons exclu un essai avec un suivi de courte durée (huit heures), la différence moyenne a diminué (DM -0,09, IC à 95 % de -9,89 à 9,71). Trois essais (n = 753) comparaient les AINS à un placebo en termes d’amélioration globale. Nous avons trouvé des données de mauvaise qualité indiquant que les AINS sont plus efficaces que le placebo avec un risque relatif de 1,14 (IC à 95 % de 1,03 à 1,27). Un essai (n = 214) a étudié l’effet des AINS sur le handicap et a trouvé des données de très mauvaise qualité indiquant que les AINS ne sont pas plus efficaces qu’un placebo sur ce paramètre. Quatre essais (n = 967) comparant les AINS à un placebo ont rapporté des effets indésirables, avec des données de mauvaise qualité indiquant que le risque d’effets indésirables est plus élevé dans le groupe AINS que dans le groupe placebo (RR 1,40, IC à 95 % de 1,02 à 1,93). Les effets indésirables rapportés dans cette revue sont cohérents avec ceux précédemment rapportés dans la littérature.
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France