Le sulfate de magnésium entraîne une baisse de la mortalité maternelle et une diminution de la répétition des crises par rapport au diazépam (Valium) lorsqu'il est administré pour traiter les crises d'éclampsie (convulsions).
Entre deux et huit femmes enceintes sur 100 développent une pré-éclampsie (toxémie), ce qui signifie généralement qu'elles ont une tension artérielle élevée et des protéines dans les urines. Un petit nombre de femmes atteintes de pré-éclampsie aura également des convulsions ; cela caractérise l'éclampsie. L'éclampsie peut survenir au cours de la deuxième moitié de la grossesse, pendant le travail ou après la naissance. Les femmes atteintes d'éclampsie reçoivent un médicament anticonvulsivant afin de contrôler la crise d'éclampsie et de prévenir les crises ultérieures. L'éclampsie est une affection importante, car lorsque les femmes ont une crise d'éclampsie, elles présentent un risque élevé d'être gravement malade et de mourir. On estime que 358 000 femmes dans le monde sont décédées en 2008 en raison de complications lors de la grossesse et de l'accouchement et 99 % de ces décès concernent des femmes vivant dans des pays à faibles et moyens revenus. À l'échelle mondiale, 15 % des décès maternels sont associés à l'éclampsie. L'éclampsie est plus courante dans les pays à faibles et moyens revenus que dans les pays à revenus élevés.
Notre revue portant sur sept essais randomisés, impliquant 1 396 femmes, a montré que le sulfate de magnésium administré par voie intraveineuse ou intramusculaire était sensiblement plus efficace que le diazépam en intraveineuse pour réduire le risque de décès maternel et de crises convulsives ultérieures. Le traitement durait 24 heures, sauf en cas d'indication de poursuite sur une plus longue durée. La perfusion de diazépam était adaptée en fonction du niveau de sédation afin de maintenir les femmes dans un état de somnolence, mais de les garder conscientes. L'utilisation du sulfate de magnésium nécessite une surveillance de la fréquence respiratoire, des réflexes tendineux et de la diurèse afin d'éviter les effets indésirables.
Un moins grand nombre de bébés présentaient un faible score d'Apgar à la naissance avec le sulfate de magnésium par rapport au diazépam et, bien que le nombre d'admissions dans les services de soins intensifs pédiatriques ait été semblable, dans le groupe sulfate de magnésium, moins de bébés restaient hospitalisés dans ces unités pendant une durée supérieure à 7j.
Dans d'autres revues Cochrane, le sulfate de magnésium était également sensiblement plus efficace que d'autres médicaments (phénytoïne et cocktail lytique).
L'administration de sulfate de magnésium chez les femmes atteintes d'éclampsie réduit le risque relatif de décès maternel et de récurrence des crises convulsives comparativement au diazépam.
L'éclampsie, l'apparition d'une crise convulsive associée à une pré-éclampsie, reste une complication rare, mais grave de la grossesse. Un certain nombre d'anticonvulsivants différents sont utilisés pour contrôler les crises d'éclampsie et prévenir les crises ultérieures.
L'objectif de cette revue était d'évaluer les effets du sulfate de magnésium comparé au diazépam dans le cadre d'une utilisation pour traiter les femmes atteintes d'éclampsie. Le sulfate de magnésium est comparé à la phénytoïne et à un cocktail lytique dans d'autres revues Cochrane.
Nous avons effectué une recherche dans le registre d’essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (le 30 septembre 2010) et dans CENTRAL (2010, numéro 3).
Les essais randomisés comparant le sulfate de magnésium (administration intraveineuse ou intramusculaire) au diazépam pour les femmes ayant reçu un diagnostic clinique d'éclampsie.
Deux auteurs ont évalué et extrait les données de manière indépendante.
Nous avons inclus sept essais impliquant un total de 1 396 femmes. Trois essais (1 030 femmes) étaient de bonne qualité. Le sulfate de magnésium a été associé à une réduction de la mortalité maternelle (sept essais ;1 396 femmes ; risque relatif (RR) 0,59, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,38 à 0,92) et de la récurrence des crises (sept essais ; 1 390 femmes ; RR 0,43, IC à 95 % 0,33 à 0,55) comparé au diazépam. Il n'a été observé aucune différence claire concernant les autres mesures de la morbidité maternelle.
Aucune différence claire n'a été constatée en termes de mortalité périnatale (quatre essais ; 788 nourrissons ; RR 1,04 , IC à 95 % 0,81 à 1,34) ou de mortalité néonatale (quatre essais ; 759 nourrissons ; RR 1,18, IC à 95 % 0,75 à 1,84). Dans le groupe sulfate de magnésium, moins de bébés nés vivants avaient un score d'Apgar inférieur à 7 à une minute de vie (deux essais ; 597 bébés ; RR 0,75, IC à 95 % 0,65 à 0,87) ou à cinq minutes de vie (RR 0,70, IC à 95 % 0,54 à 0,90), et un moins grand nombre d'enfants semblaient nécessiter une intubation sur le lieu de leur naissance (deux essais ; 591 nourrissons ; RR 0,67, IC à 95 % 0,45 à 1,00). Il n'a été constaté aucune différence en termes d'admission dans un service de soins intensifs pédiatriques (quatre essais ; 834 nourrissons ; RR 0,91, IC à 95 % 0,79 à 1,05), mais dans le groupe sulfate de magnésium, moins de bébés sont restés hospitalisés dans ces services pendant une durée supérieure à 7j (trois essais ; 631 bébés ; RR 0,66, IC à 95 % 0,46 à 0,96).