Les preuves sont insuffisantes pour établir qu'un apport supplémentaire d'acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC, généralement de l'huile de poisson) chez les bébés prématurés améliore le développement précoce de leur vision et de leur intelligence. On pense que les bébés nourris au lait maternel présentent des capacités visuelles plus matures et un QI (quotient intellectuel) plus élevé que les bébés nourris au lait maternisé. Il a été suggéré que les niveaux relativement élevés d'acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC) présents dans le lait maternel pourraient contribuer à ces capacités intellectuelles et visuelles supérieures. Certains laits maternisés contiennent un supplément d'AGPI-LC, généralement sous forme d'huile de poisson. La revue des essais n'a identifié aucune preuve permettant de corroborer l'hypothèse selon laquelle une supplémentation en AGPI-LC dans le lait maternisé améliorerait le développement visuel et intellectuel des nouveau-nés prématurés. De plus, la supplémentation en AGPI-LC n'a pas d'effet significatif sur la croissance à long terme des nouveau-nés prématurés.
Les nourrissons recrutés dans ces essais étaient des nouveau-nés prématurés relativement matures et en bonne santé. Le programme et la méthodologie d'évaluation, la dose et la source de supplémentation, et la composition des acides gras de la préparation administrée au groupe témoin variaient d'un essai à l'autre. La combinaison des résultats ne révélait aucun effet bénéfique ou délétère notable à long terme chez les nouveau-nés prématurés recevant un supplément d'AGPI-LC dans le lait maternisé.
La question de savoir si les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC) sont des nutriments essentiels aux nouveau-nés prématurés, qui pourraient ne pas être capables de synthétiser des quantités suffisantes d'AGPI-LC pour satisfaire les besoins liés au développement du cerveau et de la rétine, reste sujette à débat.
L'objectif de cette revue est de déterminer si une supplémentation en AGPI-LC dans le lait maternisé est sûre et bénéfique chez les nouveau-nés prématurés.
Des essais ont été identifiés en consultant MEDLINE (1966 à décembre 2009), l'Oxford Database of Perinatal Trials, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, Bibliothèque Cochrane, numéro 4, 2009), et en examinant les références bibliographiques des articles et des actes de congrès.
Tous les essais randomisés portant sur l'ajout d'AGPI-LC au lait maternisé et examinant des critères de jugement cliniques ont été inclus.
Tous les auteurs ont évalué l'éligibilité et la qualité des essais, et deux auteurs ont extrait les données séparément. Les auteurs de l'étude ont été contactés pour des informations supplémentaires.
Sur les 17 essais inclus dans cette revue, 13 ont été considérés comme étant de haute qualité.
Acuité visuelle
L'acuité visuelle au cours de la première année était mesurée à l'aide des cartons de Teller ou de Lea dans huit études, par PEV dans six études et par ERG dans deux études. La plupart des études ne rapportaient aucune différence significative entre les nourrissons du groupe de la supplémentation et ceux du groupe témoin en termes d'évaluation visuelle.
Développement
Trois études sur sept rapportaient certains effets bénéfiques de l'AGPI-LC sur le développement neurologique chez différentes populations et à différents âges postnataux. La méta-analyse des échelles de Bayley sur le développement des enfants en bas âge, regroupant quatre études à 12 mois (N = 364) et trois études à 18 mois (N = 494) post-terme, ne révélait aucun effet significatif de la supplémentation sur le développement neurologique.
Croissance
Quatre études sur 15 rapportaient des effets bénéfiques de l'AGPI-LC sur la croissance des nourrissons recevant un supplément à différents âges postnataux. Deux essais suggéraient que les nourrissons recevant une supplémentation en AGPI-LC présentaient une croissance inférieure à ceux du groupe témoin. Un essai rapportait de légères réductions des scores Z de la taille et du poids à 18 mois. La méta-analyse de cinq études révélait une augmentation du poids et de la taille à deux mois post-terme chez les nourrissons recevant une supplémentation. La méta-analyse de quatre études à 12 mois (N = 271) et de deux études à 18 mois (N = 396) post-terme ne révélait aucun effet significatif de la supplémentation sur le poids, la taille ou le périmètre crânien.