Les preuves sont insuffisantes pour démontrer les effets de l'administration d'oxygène avant l'aspiration trachéale chez les bébés prématurés sous ventilation mécanique. Les poumons des bébés nés trop tôt (avant la 34ème semaine de gestation) sont souvent immatures. Cela constitue une cause majeure d'insuffisance respiratoire et de mortalité. La ventilation mécanique (respiration assistée par une machine) permet au bébé de respirer et réduit le risque de lésion pulmonaire et de pneumopathie. L'aspiration endotrachéale (qui consiste à retirer le liquide indésirable par la trachée) est une procédure de routine dans la ventilation mécanique, mais elle peut entraîner des complications graves telles qu'un pneumothorax (air dans la cavité pulmonaire) et une bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque). L'administration d'oxygène juste avant l'aspiration (pré-oxygénation) pourrait permettre de minimiser le risque de complications. La revue des essais n'a pas permis d'identifier de preuves suffisantes concernant les effets de la pré-oxygénation. Des recherches plus poussées sont nécessaires.
Cette revue n'a pas identifié suffisamment de preuves susceptibles d'orienter la pratique. Bien que la pré-oxygénation entraîne une réduction de l'hypoxémie au moment de l'aspiration, ce résultat n'est issu que d'un seul petit essai de faible qualité qui n'évaluait aucun autre critère de jugement cliniquement important. Des études supplémentaires sont nécessaires.
L'aspiration endotrachéale chez les nourrissons sous ventilation mécanique est une procédure de routine en soins intensifs néonataux. Néanmoins, cette pratique est associée à des complications graves, notamment un collapsus lobaire, un pneumothorax, une bradycardie et une hypoxémie. Il a été suggéré qu'une intervention consistant à augmenter la quantité d'oxygène inspiré immédiatement avant l'aspiration (pré-oxygénation) pourrait minimiser le risque de complications.
Comparer les effets de la pré-oxygénation et de l'absence de pré-oxygénation dans l'aspiration endotrachéale chez les nouveau-nés ventilés. Effectuer des analyses en sous-groupe par i) âge gestationnel et maladie sous-jacente (nourrissons avec ou sans maladie pulmonaire chronique) et ; ii) différentes techniques d'aspiration endotrachéale.
Une mise à jour a été effectuée en consultant MEDLINE (recherche via PubMed), CINAHL, EMBASE et la Bibliothèque Cochrane de 2007 au 31 janvier 2009.
Termes de recherche : oxygène*, aspiration*, préoxygénation, pré-oxygénation. Limites : humain, nouveau-né et essai clinique. Aucune restriction de langue n'a été appliquée.
Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés portant sur des nouveau-nés sous ventilation mécanique et comparant une aspiration endotrachéale avec pré-oxygénation versus sans pré-oxygénation.
Les méthodes standard de la Collaboration Cochrane et du groupe de revue sur la néonatologie ont été utilisées, et l'évaluation de la qualité des essais et l'extraction des données ont été effectuées par les auteurs de manière indépendante. Les données ont été analysées en utilisant le risque relatif (RR) et la différence de risques (DR) pour les résultats dichotomiques, et la différence moyenne (DM) pour les données mesurées sur une échelle continue, avec des intervalles de confiance à 95 %.
Un essai croisé rapportant des critères de jugement pour 16 nouveau-nés prématurés a été inclus dans cette revue (Walsh 1987). La pré-oxygénation avant une procédure d'aspiration endotrachéale consistant en deux aspirations entraînait une réduction statistiquement significative du nombre de nourrissons présentant une hypoxémie (TcPO2 < 40 mmHg) à la fin de la première aspiration (RR de 0,18, IC à 95 %, entre 0,05 et 0,69), à la fin de la seconde aspiration (RR de 0,23, IC à 95 %, entre 0,08 et 0,66) et à 120 secondes après la seconde aspiration (RR de 0,10, IC à 95 %, entre 0,01 et 0,69). Une augmentation statistiquement significative de la TcPO2 était observée dans le groupe de la pré-oxygénation à la fin de la première aspiration (DM de 25,00 mmHg, IC à 95 %, entre 14,20 et 35,80), de la seconde aspiration (DM de 24,80, IC à 95 %, entre 14,80 et 34,80) et 120 secondes après la seconde aspiration (DM de 29,10, IC à 95 %, entre 14,96 et 43,24). Le temps nécessaire au rétablissement du statut d'oxygénation initial était plus court dans le groupe ne recevant pas de pré-oxygénation (DM de -2,12 minutes, IC à 95 %, entre -3,82 et -0,42).