Les techniques de stimulus aversifs associent des comportements non souhaitables à des sensations négatives. Dans le cadre du sevrage tabagique, plusieurs approches ont été suggérées, telles que l'accélération du rythme des bouffées qui oblige les fumeurs à prendre des bouffées à quelques secondes d'intervalle pour rendre le tabagisme désagréable. Les résultats des essais existants suggèrent que cette approche peut être efficace, mais les preuves ne sont pas concluantes, car la plupart des études de cette approche présentent des problèmes méthodologiques. Une récente étude de laboratoire suggère également que la méthode possède un ingrédient actif. Des recherches supplémentaires pourraient être utiles.
Les études existantes ne fournissent pas suffisamment de preuves pour déterminer l'efficacité de l'accélération du rythme des bouffées ou l'existence éventuelle d'un effet dose-réponse de la stimulation aversive. Les versions plus légères du stimulus aversif semblent manquer d'efficacité spécifique. L'accélération du rythme des bouffées est une méthode qui n'a pas fait ses preuves, mais présente des signes prometteurs suffisants pour justifier une évaluation au moyen d'une méthodologie moderne rigoureuse.
La thérapie d'aversion associe le stimulus agréable d'une cigarette à un stimulus désagréable. L'objectif est de supprimer le désir de fumer.
Cette revue a deux objets : tout d'abord, déterminer l'efficacité de l'accélération du rythme des bouffées et d'autres méthodes aversives pour aider les fumeurs à se sevrer ; ensuite, déterminer s'il existe un effet dose-réponse sur le sevrage tabagique à différents niveaux de stimulation aversive.
Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le tabagisme (date de la dernière recherche : octobre 2009) afin de trouver des études qui évaluaient des techniques de stimulus aversifs.
Les essais randomisés qui comparaient des traitements de stimulus aversifs à des procédures « inactives » ou qui comparaient des traitements stimulus aversifs de différente intensité pour le sevrage tabagique. Les essais doivent avoir rapporté un suivi d'au moins six mois à partir du début du traitement.
Nous avons extrait les données en double sur la population d'étude, le type de traitement d'aversion, la mesure de critère de jugement, la méthode de randomisation et la réalisation du suivi.
La mesure de critère de jugement était l'abstinence tabagique au maximum du suivi, en utilisant la mesure la plus stricte indiquée par les auteurs. Les sujets perdus de vue ont été considérés comme fumeurs. Lorsque c'était approprié, nous avons effectué une méta-analyse au moyen d'un modèle à effets fixes.
Vingt-cinq essais répondaient aux critères d’inclusion. Douze incluaient une accélération du rythme des bouffées et neuf utilisaient d'autres méthodes aversives. Dix essais incluaient deux conditions ou plus permettant l'évaluation d'un effet dose-réponse de la stimulation aversive. Le rapport des odd ratio (OR) concernant l'abstinence après une accélération du rythme des bouffées comparé à un témoin a été de 2,01 (intervalles de confiance (IC) à 95 % : 1,36 à 2,95). Plusieurs facteurs suggèrent que ce résultat devrait être interprété avec prudence. Le graphique en entonnoir des études incluses était asymétrique en raison de l'absence relative d'études de petite taille présentant des résultats négatifs. La plupart des essais présentaient un certain nombre de problèmes méthodologiques graves susceptibles de conduire à des résultats faussement positifs. Le seul essai utilisant une validation biochimique de tous les sevrages déclarés a donné un résultat non significatif.
Les autres méthodes d'aversion ne se sont pas révélées efficaces (RC 1,15, IC à 95 % 0,73 à 1,82). On a observé un effet dose-réponse limite du niveau de stimulation aversive (RC 1,67, IC à 95 % 0,99 à 2,81).