Le piracétam était l'un des premiers médicaments utilisés contre la démence. Il provient de la classe des médicaments appelés les nootropes, dont les actions supposées sont encore assez mal définies. La plupart des essais sur le piracétam ont été entrepris il y a de nombreuses années et n'utilisaient pas de méthodes qui seraient aujourd'hui considérées comme standard. Certaines de ces études suggéraient que le piracétam pouvait présenter un certain bénéfice, mais, globalement, les preuves ne sont pas suffisamment cohérentes ou catégoriques pour soutenir son usage contre la démence ou les autres troubles cognitifs.
Les preuves publiées ne militent pas en faveur de l'utilisation du piracétam dans le traitement des personnes atteintes de démence ou d'autres troubles cognitifs. Bien que des effets aient été observés sur l'impression de changement globale, aucune des mesures plus spécifiques de la fonction cognitive n'a révélé de bénéfice.
Les preuves indiquent un besoin d'évaluation supplémentaire du piracétam.
Le piracétam est un médicament qui peut améliorer la mémoire et d'autres fonctions intellectuelles, mais son utilité dans le traitement de la démence est incertaine. Il est toutefois couramment prescrit contre la démence et les autres troubles cognitifs dans plusieurs pays d'Europe continentale.
Déterminer l'efficacité clinique du piracétam contre les éléments de la démence (classés dans les principaux sous-types : maladies vasculaires, maladie d'Alzheimer ou démence mixte vasculaire et maladie d'Alzheimer, ou démence non classée) ou les autres troubles cognitifs ne remplissant pas les critères de diagnostic pour la démence.
Nous avons effectué une recherche dans ALOIS, le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs, le 4 décembre 2011, en utilisant les termes : piracétam, nootropique, « 2-Oxo-1-pyrrolidine », Lucetam, Nootropil, Breinox. Nous avons identifié une autre revue effectuée par des employés et des consultants du groupe pharmaceutique UCB Pharma (Waegemans 2002) qui incluait des données issues d'études non publiées qui n'avaient pas été mises à la disposition des auteurs de la revue Cochrane.
Tous les essais en double aveugle, randomisés, non biaisés dans lesquels le traitement au piracétam était administré pendant plus d'une journée et comparé à un placebo chez des personnes atteintes de démence du type Alzheimer, de démence vasculaire, de démence mixte vasculaire et maladie d'Alzheimer, de démence non classée ou d'autres troubles cognitifs ne remplissant pas les critères de diagnostic pour la démence.
Deux auteurs de cette revue ont extrait des données d'études remplissant les critères d'inclusion de manière indépendante. Nous avons utilisé une analyse en intention de traiter lorsque cela était faisable et avons regroupé les études lorsque cela était approprié. Nous avons prévu de procéder à des analyses de sensibilité pour déterminer si les études médiocres en termes de critère de qualité affectaient les résultats. Le laboratoire pharmaceutique commercialisant le piracétam n'a pas dévoilé les résultats de plusieurs essais non publiés.
24 études ont été incluses, avec 11 959 participants au total. De nombreuses études étaient croisées et les données de première phase n'étaient pas disponibles ou ne pouvaient pas être extraites. L'impression de changement globale (ICG) était le seul résultat pour lequel le regroupement de données était possible, et ne concernait que quatre études. Il y avait des preuves d'hétérogénéité dans les résultats, test du Chi2 test = 19,17 (df = 3, P < 0,001). Le rapport des cotes (RC) pour l'amélioration dans le groupe du piracétam comparé à un placebo était de 3,43 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 2,32 à 5,07). En utilisant un modèle à effets fixes, le RC pour l'amélioration avec le piracétam comparé à un placebo était de 3,55 (IC à 95 % 2,45 à 5,16). Cette estimation a été tirée d'une analyse auprès des personnes ayant achevé les études plutôt que d'une analyse en intention de traiter, car il n'était pas possible d'extraire les données pertinentes des rapports.
Dans les données limitées disponibles, il n'a été observé aucune différence significative entre les groupes sous traitement et les groupes sous placebo en termes de cognition (mémoire immédiate, visuospatiale, Mini-Examen de l'Etat Mental (MEEM), retard de la mémoire ou de la parole), de dépendance ou de dépression.
Le volume important de données non publiées et de données dont l'origine est introuvable, dont les auteurs de la revue n'ont pas pu disposer, soulève la possibilité d'un biais de publication.