L’alendronate pour la prévention des fractures causées par l’ostéoporose chez les femmes postménopausées

Ce résumé d’une revue de Cochrane présente ce que l’on sait des résultats des recherches concernant l’effet de l’alendronate pour la prévention des fractures (os cassés) causées par l’ostéoporose.

Chez les femmes pour lesquelles une faible densité osseuse a déjà été diagnostiquée et qui présentent un risque de fracture ou qui se sont déjà fracturé un os de la colonne vertébrale, l'alendronate :

- peut permettre de prévenir les fractures de la colonne, de la hanche, du poignet ou d’os autres que ceux de la colonne.

Chez les femmes dont la densité osseuse est plus proche de la normale ou qui ne se sont jamais fracturé un os de la colonne vertébrale, l’alendronate :

- permet probablement de prévenir les fractures vertébrales.

- ne fait probablement aucune différence en matière de fractures de la hanche, du poignet ou d’os autres que ceux de la colonne.

Souvent, nous ne disposons pas d’informations précises concernant les effets secondaires et les complications. Ceci est particulièrement vrai pour les effets secondaires rares mais graves. Les effets secondaires potentiels peuvent inclure des problèmes digestifs tels que des lésions de la gorge, de l’œsophage et de l’estomac et, plus rarement, une réduction du flux sanguin dans l'os de la mâchoire pouvant entraîner une rupture du tissu osseux.

Qu’est-ce que l’ostéoporose et qu’est-ce que l’alendronate ?
L’os est une partie du corps vivante et en constant développement. Tout au long de la vie, de nouvelles cellules osseuses se développent et les anciennes cellules sont éliminées pour laisser la place à un nouvel os plus résistant. Chez les personnes atteintes d’ostéoporose, les os anciens se cassent trop vite pour pouvoir être remplacés par de nouveaux os. Lorsque cela se produit, les os perdent leurs minéraux (tels que le calcium). Cela les fragilise, et ils risquent de se casser plus facilement même en cas de traumatisme léger tel qu'une chute ou un coup. Les femmes sont plus susceptibles de développer une ostéoporose après la ménopause.

L’alendronate appartient à une catégorie de médicaments que l’on appelle bisphosphonates. C’est un type de médicament qui ralentit le fonctionnement des cellules responsables de l’élimination de l’ancien os.

Les meilleures estimations de ce qui arrive aux femmes pour lesquelles une faible densité osseuse a déjà été diagnostiquée ou qui se sont déjà fracturé un os de la colonne vertébrale :

Fracture de la colonne vertébrale

              - 12 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient un placebo.

              - 6 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient de l’alendronate.

Fracture de la hanche ou du poignet

              - 2 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient un placebo.

              - 1 femme sur 100 a été victime d'une fracture pendant qu’elle prenait de l’alendronate.

Fractures d'os autres que ceux de la colonne

              - 9 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient un placebo.

               - 7 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient de l’alendronate.

La meilleure estimation de ce qui arrive aux femmes dont la densité osseuse est plus proche de la normale ou qui ne se sont jamais fracturé un os de la colonne :

Fracture de la colonne vertébrale

              - 3 femmes sur 100 ont été victimes d'une fracture pendant qu’elles prenaient un placebo.

              - 1 femme sur 100 a été victime d'une fracture pendant qu’elle prenait de l’alendronate.

Fractures d'os autres que ceux de la colonne :

              - 1 femme sur 100 a été victime d’une fracture de la hanche pendant qu’elle prenait un placebo.

              - 1 femme sur 100 a été victime d’une fracture de la hanche pendant qu’elle prenait de l’alendronate.

              - 3 femmes sur 100 ont été victimes d’une fracture du poignet pendant qu’elles prenaient un placebo.

              - 4 femmes sur 100 ont été victimes d’une fracture du poignet pendant qu’elles prenaient de l’alendronate.

 

              - 13 femmes sur 100 ont été victimes d’une fracture d’un os autre que de la colonne vertébrale pendant qu’elles prenaient un placebo.

              - 12 femmes sur 100 ont été victimes d’une fracture d’un os autre que de la colonne vertébrale pendant qu’elles prenaient de l’alendronate.

Conclusions des auteurs: 

À 10 mg par jour, des réductions cliniquement importantes et statistiquement significatives des fractures vertébrales, non vertébrales, de la hanche et du poignet ont été observées dans le cas de la prévention secondaire (preuve de niveau « or », www.cochranemsk.org). Aucun résultat statistiquement significatif n’a été obtenu pour la prévention primaire, à l’exception des fractures vertébrales, pour lesquelles la réduction était cliniquement importante (preuve de niveau « or »).

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Contexte: 

L’ostéoporose est une réduction anormale de la masse osseuse et une détérioration de l’os qui entraînent un risque accru de fracture. L’alendronate appartient à la famille des bisphosphonates, des médicaments qui inhibent la résorption de l’os en interférant avec l’activité des ostéoclastes.

Objectifs: 

Évaluer l’efficacité de l’alendronate pour la prévention primaire et secondaire des fractures ostéoporotiques chez les femmes postménopausées.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté les bases de données CENTRAL, MEDLINE et EMBASE pour identifier les essais contrôlés randomisés pertinents publiés entre 1966 et 2007.

Critères de sélection: 

Des femmes traitées à l’alendronate pendant au moins un an pour une ostéoporose postménopause ont été comparées à des femmes ayant reçu un placebo et/ou un traitement concomitant de calcium/vitamine D. Le résultat était basé sur l’incidence des fractures.

Recueil et analyse des données: 

La sélection des études et le résumé des données ont été effectués en duplicata. Une méta-analyse des résultats des fractures a été effectuée en utilisant les risques relatifs. Un changement relatif > à 15 % a été considéré comme cliniquement important. La qualité des études a été évaluée sur la base de l’assignation secrète, de l’assignation en aveugle et des arrêts prématurés.

Résultats principaux: 

Onze essais portant sur 12 068 femmes ont été inclus dans cette revue.

Les réductions relative (RRR) et absolue du risque (RAR) pour une dose de 10 mg étaient les suivantes. Pour les fractures vertébrales, une RRR significative de 45 % a été obtenue (RR de 0,55, IC de 95 %, entre 0,45 et 0,67). Ce résultat était significatif tant pour la prévention primaire, avec une RRR de 45 % (RR de 0,55, IC de 95 %, entre 0,38 et 0,80) et une RAR de 2 %, que pour la prévention secondaire, avec une RRR de 45 % (RR de 0,55, IC de 95 %, entre 0,43 et 0,69) et une RAR de 6 %. Pour les fractures non vertébrales, une RRR significative de 16 % a été obtenue (RR de 0,84, IC de 95 %, entre 0,74 et 0,94). Ce résultat était significatif pour la prévention secondaire, avec une RRR de 23 % (RR de 0,77, IC de 95 %, entre 0,64 et 0,92) et une RAR de 2 %, mais pas pour la prévention primaire (RR de 0,89, IC de 95 %, entre 0,76 et 1,04). Une RRR significative de 40 % a été obtenue dans le cas des fractures de la hanche (RR de 0,60, IC de 95 %, entre 0,40 et 0,92), mais seule la prévention secondaire était significative, avec une RRR de 53 % (RR de 0,47, IC de 95 % entre 0,26 et 0,85) et une RAR de 1 %. Le seul résultat significatif obtenu pour le poignet concernait la prévention secondaire, avec une RRR de 50 % (RR de 0,50, IC de 95 %, entre 0,34 et 0,73) et une RAR de 2 %.

Concernant les événements indésirables, aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les études incluses. Des données observationnelles soulèvent cependant des préoccupations concernant le risque potentiel de lésion gastro-intestinale supérieure et, plus rarement, d’ostéonécrose de la mâchoire.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.