Contexte
L'épilepsie est un trouble qui se caractérise par des convulsions récurrentes causées par des décharges électriques anormales dans le cerveau. La plupart des crises peuvent être maîtrisées par un médicament antiépileptique unique. Malheureusement, certaines personnes ont besoin de plus d'un médicament antiépileptique pour maîtriser leurs crises, surtout si celles-ci proviennent d'une région du cerveau (épilepsie focale), au lieu d'affecter l'ensemble du cerveau (épilepsie généralisée). Ces personnes sont dites souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante. Le topiramate peut être utilisé en plus d'autres médicaments antiépileptiques, comme traitement d'appoint, pour tenter de contrôler l'épilepsie pharmaco-résistante.
Objectif de cette revue
Cette revue a porté sur l'efficacité et la tolérabilité du topiramate lorsqu'il est utilisé comme traitement d'appoint pour les personnes souffrant d'épilepsie focale pharma-corésistante.
Résultats
Nous avons trouvé 12 essais qui ont porté sur le topiramate comme traitement d'appoint. Au total, 1650 personnes souffraient d'épilepsie focale pharmaco-résistante. Ces essais ont comparé le topiramate, un médicament antiépileptique, à un placebo (un médicament inactif et factice qui ne devrait produire aucun effet) pendant une période pouvant aller jusqu'à 18 semaines. En tenant compte de tous les données probantes des essais, la revue a révélé que le topiramate est presque trois fois plus efficace, lorsqu'il est utilisé avec d'autres médicaments, pour réduire le nombre de crises d'épilepsie focale résistante aux médicaments que le placebo. Toutefois, l'ajout du topiramate au traitement habituel a été associé à une augmentation des effets indésirables tels que des problèmes de coordination (ataxie), de concentration, d'étourdissements, de somnolence, de fatigue, de " pensée anormale ", de chatouillements ou d'engourdissements de la peau (paresthésie) et une perte de poids. Les personnes qui prenaient du topiramate en traitement d'appoint étaient également deux fois plus susceptibles de renoncer au traitement que celles qui prenaient un placebo, probablement en raison d'effets indésirables.
Certitude des données probantes
Nous avons procédé à l'appréciation des essais au regard de leur caractère potentiellement biaisé et de leur certitude. Dans l'ensemble, nous avons évalué la certitude des éléments probants comme étant de modérée à élevée, ce qui signifie que nous sommes assez certains que les constatations que nous avons présentées sont justes. Les essais inclus dans cette revue n'ont pas examiné les effets à long terme du topiramate comme traitement d'appoint et une seule étude a examiné l'utilisation du topiramate d'appoint chez les enfants. Les résultats ne devraient donc être appliqués qu'aux adultes atteints d'épilepsie focale résistante aux médicaments. Les recherches futures devraient tester quelle dose est la plus efficace.
Les données sont à jour jusqu’en juillet 2018.
Le topiramate est efficace comme traitement d'appoint de l'épilepsie focale pharmaco-résistante, car il est presque trois fois plus efficace qu'un placebo pour réduire les crises. Les essais examinés étaient de relativement courte durée et n'ont fourni aucune preuve de l'efficacité à long terme du topiramate. L'utilisation à court terme de topiramate d'appoint s'est avérée associée à plusieurs effets indésirables. Les résultats de cette revue ne devraient être appliqués qu'aux populations adultes, car une seule étude portait sur des enfants. Les recherches futures devraient envisager d'examiner plus en profondeur l'effet de la dose.
La majorité des personnes épileptiques ont un bon pronostic et leurs crises sont contrôlées par un seul antiépileptique. Cependant, jusqu'à 20 % des patients des études en population et jusqu'à 30 % des études cliniques (non basées sur la population) développent une épilepsie pharmaco-résistante, en particulier ceux qui présentent des crises à foyer local. Dans cette revue, nous résumons les données probantes actuelles concernant le topiramate, un médicament antiépileptique commercialisé pour la première fois en 1996, lorsqu'il est utilisé comme traitement complémentaire pour l'épilepsie focale pharmaco-résistante.
Il s'agit d'une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois en 1999 et mise à jour pour la dernière fois en 2014.
Évaluer l'efficacité et la tolérabilité du topiramate lorsqu'il est utilisé comme traitement d'appoint chez les personnes souffrant d'épilepsie focale résistante aux médicaments.
Pour la dernière mise à jour de cette revue, nous avons effectué une recherche dans les bases de données suivantes le 2 juillet 2018 : Cochrane Register of Studies (CRS Web), qui comprend le Cochrane Epilepsy Group Specialized Register et le Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL) ; MEDLINE (Ovid, 1946- ) ; ClinicalTrials.gov et la plateforme internationale de l'OMS pour le registre des essais cliniques (ICTRP). Nous n'avons imposé aucune restriction linguistique. Nous avons également communiqué avec les fabricants de topiramate et les chercheurs dans le domaine pour identifier toute étude en cours ou non publiée.
Essais cliniques complémentaires randomisés et contrôlés par placebo sur le topiramate, recrutant des personnes atteintes d'épilepsie focale pharmaco-résistante.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les essais à inclure et extrait des données pertinentes. Nous avons évalué les critères de jugement suivants : (1) Réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises ; (2) absence de convulsions ; (3) arrêt du traitement (pour quelque raison que ce soit) ; (4) effets indésirables. Les analyses primaires ont été faites en intention de traiter (ITT) et des ratios de risque (RR) globaux avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %) sont présentés. Nous avons évalué la relation dose-réponse dans des modèles de régression. Nous avons effectué une évaluation du " risque de biais " pour chaque étude incluse à l'aide de l'outil Cochrane " Risque de biais " et évalué la certitude globale des preuves à l'aide de l'approche GRADE.
Nous avons inclus 12 essais, qui représentent 1650 participants. Les phases de référence variaient de quatre à 12 semaines et les phases en double insu, de 11 à 19 semaines. Le RR pour une réduction de 50 % ou plus de la fréquence des crises convulsives avec topiramate d'appoint par rapport au placebo était de 2,71 (IC à 95 % : 2,05 à 3,59 ; 12 études ; données probantes de haute certitude). L'analyse de régression par rapport à la dose a montré un effet croissant avec l'augmentation de la dose de topiramate démontrée par un rapport de cotes (RC) de 1,45 (IC à 95 % : 1,28 à 1,64 ; P < 0,001) pour 200 mg/jour d'augmentation de la dose de topiramate. La proportion de participants chez qui les crises ont disparu a également augmenté de façon significative avec l'ajout de topiramate par rapport au placebo (RR 3,67, IC à 95 %, 1,79 à 7,54 ; 8 études ; données probantes de certitude modérée). L'abandon du traitement était significativement plus élevé pour le topiramate d'appoint que pour le placebo (RR 2,37, IC à 95 %, 1,66 à 3,37 ; 12 études ; données probantes de haute certitude). Les RR des effets indésirables suivants indiquent qu'ils sont significativement plus fréquents avec le topiramate qu'avec le placebo : ataxie 2,29 (99 % IC 1,10 à 4,77 ; 4 études) ; difficultés de concentration 7,81 (99 % IC 2,08 à 29,29 ; 6 études ; données probantes de certitude modérées) ; vertiges 1,52 (99 % IC 1,07 à 2,16 ; 8 études) ; fatigue 2.08 (99 % IC 1,37 à 3,15 ; 10 études) ; paresthésie 3,65 (99 % IC 1,58 à 8,39 ; 7 études ; données probantes de certitude modérées) ; somnolence 2,44 (99 % IC 1,61 à 3.68 ; 9 études) ; 5,70 (99 % IC 2,26 à 14,38 ; 4 études ; données probantes de haute certitude) ; et 3,99 (99 % IC 1,82 à 8,72 ; 9 études ; données probantes de faible certitude). On a trouvé des preuves d'un biais de publication pour le critère de jugement principal (test d'Egger, P = 0,001). Nous avons déterminé que toutes les études examinées présentaient un risque de biais faible ou imprécis. Dans l'ensemble, nous avons évalué les éléments probants comme étant d'un degré de certitude modéré à élevé en raison du biais de publication, de l'hétérogénéité statistique et de l'imprécision, qui ont été partiellement compensés par l'ampleur de l'effet.
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