La neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOINA) serait due à une interruption de l'approvisionnement en sang jusqu'au nerf optique qui lui permet d'accéder à l'œil. Ceci provoque une perte soudaine et indolore de la vision. Les estimations du nombre de nouveaux cas varient approximativement de 1 500 à 6 000 par an, uniquement aux États-Unis. Malgré le recours à plusieurs interventions médicales pour le traitement de la NOINA, aucune ne s'est révélée efficace. La décompression des tissus qui entourent le nerf optique permettant d'accéder à l'œil sert à limiter les risques de lésion et la perte de la vision en soulageant la pression du nerf. La revue portant sur un seul essai randomisé n'a pas permis de démontrer les avantages de ce traitement, mais a mis en évidence une série d'événements indésirables, y compris la perte de la vision. L'essai comptait 258 participants qui ont été randomisés pour subir une opération chirurgicale de décompression du nerf optique plus un suivi rigoureux ou un suivi rigoureux uniquement. Ce suivi prudent se composait d'un examen ophtalmologique pratiqué à chaque visite de l'étude et un test visuel sur le terrain au bout de 12 mois et si besoin. L'étude a été arrêtée prématurément en raison de sa futilité. Il a été signalé que la participation continue n'affectait pas les résultats, d'un point de vue statistique, en faveur d'une opération chirurgicale.
Les résultats issus de cet essai unique n'ont pas permis de démontrer les effets bénéfiques liés à l'opération chirurgicale de la décompression du nerf optique pour le traitement de la NOINA. D'autres recherches sont nécessaires afin d'améliorer nos connaissances sur l'étiologie et le pronostic de la NOINA. De nouvelles options de traitement doivent être examinées dans le cadre d'essais cliniques randomisés.
La neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOINA) se caractérise par une perte soudaine et indolore de la vision, suivie d'un gonflement pâle du disque du nerf optique. Son étiologie est inconnue et aucun traitement médical ne s'est révélé efficace. L'opération chirurgicale de la décompression du nerf optique, un traitement suggéré pour la NOINA, consiste à pratiquer deux incisions, voire plus, ou faire une fenêtre dans les tissus entourant le nerf optique, afin de permettre l'écoulement du liquide cérébrospinal et, en théorie, de diminuer la pression entourant le nerf optique.
L'objectif de cette revue était d'évaluer l'innocuité et l'efficacité de l'opération chirurgicale comparée à un autre traitement ou à l'absence de traitement chez les personnes souffrant d'une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOINA).
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur l'ophtalmologie) (The Cochrane Library 2011, numéro 11), MEDLINE (janvier 1950 à novembre 2011), EMBASE (janvier 1980 à novembre 2011), le métaRegistre des essais contrôlés (mREC) (www.controlled-trials.com), ClinicalTrials.gov (http://clinicaltrials.gov) et le système d'enregistrement international des essais cliniques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (WHO International Clinical Trials Registry Platform (ICTRP) (www.who.int/ictrp/search/fr). Aucune restriction concernant la langue ou la date n'a été appliquée aux recherches électroniques d'essais. Les dernières recherches dans les bases de données électroniques ont été effectuées le 19 novembre 2011.
Tous les essais randomisés portant sur le traitement chirurgical de la NOINA étaient éligibles pour l'inclusion dans cette revue.
Nous avons obtenu les copies intégrales de tous les articles potentiellement pertinents. Un auteur a extrait des données qui ont été vérifiées par un autre auteur. Aucune synthèse des données n'était requise.
Le seul essai randomisé inclus comptait 258 participants et a été arrêté prématurément en raison de sa futilité. Au moment du rapport réalisé au bout de 24 mois, le taux de suivi était de 95,3 % à six mois et de 67,4 % à 24 mois (174 participants ; 89 ayant été soumis à un suivi rigoureux et 85 ayant subi une opération chirurgicale). L'opération chirurgicale n'a révélé aucun effet bénéfique sur l'acuité visuelle. Les mesures de l'acuité visuelle et des zones visuelles ont été prises par un technicien mis en aveugle par rapport au traitement reçu. Au bout de six mois, 32,0 % des personnes du groupe ayant subi une intervention chirurgicale présentaient une amélioration de l'acuité visuelle de trois lignes, voire plus, comparées aux 42,6 % des personnes du groupe ayant été soumises à un suivi rigoureux (risque relatif (RR) non ajusté 0,75, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,54 à 1,04). Au bout de 24 mois, 29,4 % des personnes du groupe ayant subi une intervention chirurgicale présentaient une amélioration de leur état comparées aux 31,0 % des personnes du groupe ayant été soumises à un suivi rigoureux (RR non ajusté 0,95, IC à 95 % 0,60 à 1,49). Les participants ayant subi une opération chirurgicale étaient plus susceptibles de perdre trois lignes de vision, voire plus, malgré l'absence d'un risque accru statistiquement significatif. Au bout de six mois, 18,9 % des personnes du groupe ayant subi une intervention chirurgicale présentaient une aggravation de leur état comparées aux 14,8 % des personnes du groupe ayant été soumises à un suivi rigoureux (RR 1,28, IC à 95 % 0,73 à 2,24). Au bout de 24 mois, 20,0 % des personnes du groupe ayant subi une intervention chirurgicale présentaient une aggravation de leur état comparées aux 21,8 % des personnes du groupe ayant été soumises à un suivi rigoureux (RR 0,92, IC à 95 % 0,51 à 1,64). Les participants ayant subi une opération chirurgicale ont été confrontés à des événements indésirables peropératoires et postopératoires, notamment une occlusion de l'artère rétinienne centrale pendant l'opération et une perception visuelle de la lumière au bout de 6 mois (un participant) ; mais aussi une perte immédiate de la perception de la lumière suite à l'opération et une perte de la vision persistante lors de la visite réalisée au bout de 12 mois (deux participants). Dans le groupe ayant été soumis à un suivi rigoureux, deux participants ne percevaient pas la lumière lors de la visite de suivi réalisée au bout de 6 mois ; l'un d'entre eux présentait une amélioration de la perception de la lumière au bout de 12 mois. La douleur ressentie était l'événement indésirable le plus couramment constaté dans le groupe ayant subi une intervention chirurgicale (17 % contre 3 % dans le groupe ayant été soumis à un suivi rigoureux au bout d'une semaine). La diplopie (vision double) était la deuxième complication la plus courante (8 % pour le groupe ayant subi une intervention chirurgicale contre 1 % pour le groupe soumis à un suivi rigoureux au bout d'une semaine) ; aucune différence statistiquement significative n'a été constatée dans la proportion des participants souffrant d'une diplopie entre les deux groupes au bout de 3 mois.