La ponction lombaire est une procédure invasive que le personnel médical utilise pour obtenir un échantillon de liquide céphalorachidien à des fins de diagnostic (par ex. pour diagnostiquer une méningite ou une hémorragie méningée) en insérant une aiguille dans le bas de la moelle épinière. Elle peut également être utilisée pour injecter des médicaments, tels que des agents anesthésiques et des analgésiques (pour réaliser une anesthésie locale), des agents de chimiothérapie ou des agents de contraste radiologique.
La céphalée post-ponction durale (CPPD) est la complication la plus courante de la ponction lombaire. Les symptômes sont une céphalée constante qui empire en position verticale, s'améliore en position allongée et disparaît spontanément en cinq à sept jours. Plusieurs interventions sont utilisées avant, pendant et immédiatement après la ponction lombaire pour prévenir la CPPD, mais des incertitudes demeurent quant à leur efficacité clinique, en particulier concernant les traitements médicamenteux. Par conséquent, l'objectif de cette revue était de déterminer l'efficacité de ces médicaments pour prévenir la CPPD chez l'enfant et l'adulte.
Nous avons inclus 10 essais cliniques randomisés (ECR), portant sur un total de 1 611 participants, qui évaluaient sept médicaments (la morphine épidurale et rachidienne, le fentanyl rachidien, la caféine orale, l'indométhacine rectale, le tétracosactide intraveineux, l'aminophylline intraveineuse et la dexaméthasone intraveineuse). La morphine épidurale et le tétracosactide intraveineux se sont révélés efficaces pour réduire le nombre de participants affectés par les CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé au placebo. L'aminophylline a également réduit le nombre de participants affectés par les CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé à l'absence d'intervention. La dexaméthasone a augmenté le risque de CPPD comparé à un placebo après une rachianesthésie pour une césarienne.
La morphine a également accru le nombre de participants affectés par des événements indésirables, tels que des démangeaisons, des nausées et des vomissements. Les autres interventions (fentanyl, caféine, indométhacine et dexaméthasone) n'ont pas montré de preuves concluantes de leur efficacité.
La combinaison de données n'a été possible que pour les sous-groupes d'une étude comparant différentes doses de caféine à un placebo, car les autres ECR évaluaient des médicaments, des populations ou des critères d'évaluation différents.
Il n'a pas été possible de réaliser une méta-analyse (combinaison de données), car tous les ECR inclus évaluaient des médicaments différents, des doses différentes, des critères d'évaluation différents ou des caractéristiques différentes des participants à l'inclusion.
Ces conclusions doivent être interprétées avec précaution, étant donné le manque d'informations pour évaluer le risque de biais correctement et le petit nombre de participants dans les études incluses.
La morphine et le tétracosactide se sont révélés efficaces pour réduire le nombre de participants affectés par des CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé à un placebo, en particulier chez les patientes en obstétrique présentant un risque élevé de CPPD, telles que les patientes ayant subi une ponction durale involontaire. L'aminophylline a également réduit le nombre de participants affectés par les CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé à l'absence d'intervention chez des patientes subissant une césarienne de convenance. La dexaméthasone a augmenté le risque de CPPD après une rachianesthésie pour une césarienne, comparé à un placebo. La morphine a également accru le nombre de participants affectés par des événements indésirables (prurit, nausées et vomissements).
On manque de preuves concluantes pour les autres médicaments évalués (fentanyl, caféine, indométhacine et dexaméthasone).
Ces conclusions doivent être interprétées avec prudence en raison du manque d'informations pour pouvoir établir une bonne évaluation du risque de biais et de la petite taille des échantillons des études.
La céphalée post-ponction durale (post-ponction lombaire ou post-ponction rachidienne) (CPPD) est l'une des complications les plus courantes des ponctions lombaires diagnostiques, thérapeutiques ou involontaires. De nombreuses options médicamenteuses sont utilisées pour prévenir les céphalées dans la pratique clinique et ont également été testées dans certaines études cliniques, mais il existe encore des incertitudes concernant leur efficacité clinique.
Evaluer l'efficacité et la sécurité de médicaments destinés à prévenir la CPPD chez l'adulte et l'enfant.
La stratégie de recherche incluait le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, The Cochrane Library 2012, numéro 5), MEDLINE (de 1950 à mai 2012), EMBASE (de 1980 à mai 2012) et CINAHL (de 1982 à juin 2012). Il n'existait aucune restriction concernant la langue.
Nous avons pris en compte les essais contrôlés randomisés (ECR) qui évaluaient l'efficacité d'un médicament dans la prévention des CPPD.
Les auteurs de la revue ont sélectionné les études, évalué leurs risques de biais et extrait les données de façon indépendante. Nous avons estimé les risques relatifs (RR) pour les données dichotomiques et les différences moyennes (DM) pour les données continues. Nous avons calculé un intervalle de confiance (IC) à 95 % pour chaque RR et chaque DM. Nous n'avons pas réalisé de méta-analyse, car les caractéristiques des participants ou les doses des médicaments évaluées étaient trop différentes dans les études incluses. Nous avons réalisé une analyse en intention de traiter (ITT).
Nous avons inclus 10 ECR (1 611 participants) dans cette revue, portant sur une majorité de femmes (72 %), pour la plupart parturientes (femmes en travail) (913), après une ponction lombaire pour une anesthésie locale. Les médicaments évalués étaient la morphine épidurale et rachidienne, le fentanyl rachidien, la caféine orale, l'indométhacine rectale, le tétracosactide intraveineux, l'aminophylline intraveineuse et la dexaméthasone intraveineuse.
Tous les ECR inclus rapportaient des données sur le critère de jugement principal, à savoir le nombre de participants affectés par des CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire. La morphine épidurale et le tétracosactide intraveineux ont réduit le nombre de participants affectés par les CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé au placebo. Par ailleurs, l'aminophylline intraveineuse a réduit le nombre de participants affectés par les CPPD, quelle qu'en soit la gravité, après une ponction lombaire comparé à l'absence d'intervention, tandis que la dexaméthasone intraveineuse l'a augmenté. La morphine rachidienne a augmenté le nombre de participants atteints de prurit comparé à un placebo et la morphine épidurale a augmenté le nombre de participants souffrant de nausées et de vomissements comparé à un placebo. La caféine orale a augmenté le nombre de participants souffrant d'insomnie comparé à un placebo.
Le reste des interventions analysées n'ont montré d'effet pertinent pour aucun des critères de jugement.
Aucun des ECR inclus n'a indiqué le nombre de jours d'hospitalisation pour les patients.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Pour la France : Ministère de la Santé. Pour le Canada : Instituts de recherche en santé du Canada, ministère de la Santé du Québec, Fonds de recherche de Québec-Santé et Institut national d'excellence en santé et en services sociaux.