Question de la revue
Les scellants peuvent-ils prévenir la formation de caries sur les dents permanentes et quels sont les effets de ces différents types de scellants ?
Contexte
Bien que les enfants et adolescents aient des dents plus saines qu'auparavant, la carie dentaire est toujours un problème pour certains individus et certaines populations. La majorité des caries chez les jeunes surviennent sur les surfaces de mastication des dents postérieures. Les options de traitement préventif pour la carie dentaire comprennent le brossage des dents, les suppléments de fluor (par exemple des comprimés), l'application de fluorure directement sur la dent et des scellants dentaires. Les scellants dentaires sont destinés à prévenir la croissance des bactéries qui favorisent la formation de caries dentaires sur les dents postérieures. Ces scellants sont appliqués par un dentistes ou un membre de l'équipe de soins dentaires. Les principaux types de scellant utilisés sont à base de résine et des ciments de verre ionomère.
Les caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus 38 études qui portaient sur 7924 jeunes (âgés de 5 à 16 ans) chez qui différents scellants dentaires ont été utilisés pour prévenir la formation de caries dentaires. Les jeunes participant à ces études représentent la population générale.
La revue inclut des études trouvées dans la littérature jusqu'au 3 août 2016. Nous avons évalué toutes les études comme étant à haut risque de biais car le personnel dentaire mesurant les résultats peut voir si oui ou non le scellant a été utilisé.
Résultats principaux
Quinze études ont comparé des scellants à base de résine à l'absence de scellant. Elles ont démontré que les enfants dont on avait recouvert les dents postérieures de scellants étaient moins susceptibles d'avoir des caries sur les dents postérieures que les enfants qui ne s'étaient pas vus appliquer de scellant. Nous avons pu assembler les résultats de sept de ces études (y compris deux publiées depuis 2010), qui portaient sur des enfants âgés de 5 à 10 ans au moment de l'application du scellant. Cela a montré que si 40 % des dents postérieures développent par la suite une carie sur une période de 24 mois, le scellant réduit ce pourcentage à 6 %. Des effets bénéfiques similaires avec les scellants à base de résine ont été démontrés sur une période de quatre ans. L'effet semble persister sur une période allant jusqu'à neuf ans, mais il y a moins de preuves.
Les résultats n'étaient pas concluants lorsque le scellant à base de verre ionomère a été comparé à l'absence de scellant ainsi que lorsqu'un type de scellant a été comparé à un autre.
Quatre études évaluaient des problèmes potentiels de l'utilisation des scellants ; aucun n'a été rapporté.
La qualité des preuves
Nous avons recueilli des preuves de qualité modérée selon lesquelles le scellant à base de résine est plus efficace que l'absence de scellant pour la prévention de la carie dentaire : elle réduirait sa formation de 11 % à 51 % de plus que chez les enfants sans scellant (chiffres mesurés deux ans après l'application). "De qualité modérée" signifie que nous sommes raisonnablement sûrs de ce résultat, bien qu'il est possible que les futures recherches puissent le modifier. La plupart des études incluses dans cette analyse ont été effectuées dans les années 1970. Nous ne sommes pas en mesure de tirer des conclusions concernant les autres comparaisons incluses dans notre revue, les preuves disponibles étant de très faible qualité. Des études supplémentaires avec de longues périodes de suivi sont nécessaires.
Des scellants à base de résine appliqués sur les surfaces occlusales des molaires définitives sont efficaces pour prévenir la formation de caries chez les enfants et les adolescents. Notre revue a recueilli des preuves de qualité moyenne indiquant que des scellants à base de résine réduit les caries de 11 % à 51 % par rapport à l'absence de scellant, mesurée à 24 mois. Des bénéfices similaires ont été observés à certains moments jusqu'à 48 mois ; après un suivi de plus longue durée, la quantité et la qualité des preuves était réduite. Il n'y avait pas suffisamment de preuves pour établir l'efficacité du scellant à base de verre ionomère ou l'efficacité relative des différents types de scellants. Les informations sur les effets indésirables étaient limitées, mais il ne s'en est pas produit lorsque cela a été rapporté. Des recherches supplémentaires avec un suivi à long terme sont nécessaires.
Les scellants dentaires ont été introduits dans les années 1960 pour aider à prévenir la formation de caries dentaires, principalement dans les puits et fissures des surfaces dentaires occlusales. L'action des scellants consiste à prévenir la croissance des bactéries qui peut conduire à la formation de caries dentaires. Les preuves suggèrent que, comparé à l'absence de scellant, les scellants pour fissures sont efficaces pour prévenir la formation de caries chez les enfants et les adolescents. Toutefois, cette efficacité peut être liée au niveau d'incidence de caries de cette population. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée en 2004, 2008 et 2013.
Comparer les effets de différents types de scellants de fissures pour prévenir la formation de caries sur les surfaces occlusales des dents permanentes chez les enfants et les adolescents.
Le spécialiste de l'information sur la santé buccodentaire de Cochrane a effectué des recherches dans : le registre d'essais du groupe Cochrane sur la santé buccodentaire (jusqu'au 3 août 2016), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (Bibliothèque Cochrane, 2016, numéro 7), MEDLINE Ovid (de 1946 au 3 août 2016) et Embase Ovid (de 1980 au 3 août 2016). Nous avons consulté ClinicalTrials.gov et le Système d'enregistrement international des essais cliniques de l'Organisation mondiale de la santé pour les essais en cours jusqu'au 3 août 2016. Aucune restriction n'a été appliquée sur la langue ou la date de publication.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant les scellants à l'absence de scellant ou à un autre type de scellant pour prévenir la formation de caries sur les surfaces occlusales des prémolaires ou molaires chez les enfants et les adolescents âgés de 20 ans maximum. Les études nécessitaient au moins 12 mois de suivi. Nous avons exclu les études qui comparaient les compomères aux résines/composites.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment passé au crible les résultats de recherche, extrait les données et évalué le risque de biais des études incluses. Nous avons présenté les résultats pour les caries ou l'absence de carie sur les surfaces occlusales des molaires permanentes en rapport des cotes (RC) ou risque relatif (RR). Nous avons utilisé la différence moyenne (DM) pour l'augmentation moyenne des caries. Toutes les mesures ont été présentées avec des intervalles de confiance à 95 % (IC). Nous avons réalisé des méta-analyses en utilisant un modèle à effets aléatoires pour les comparaisons où il y avait plus de trois essais ; autrement, nous avons utilisé le modèle à effets fixes. Nous avons utilisé les méthodes GRADE pour évaluer la qualité des preuves.
Nous avons inclus 38 essais qui portaient sur un total de 7924 enfants ; sept essais étaient nouveaux pour cette mise à jour (1693 participants). Quinze essais ont évalué les effets du scellant à base de résine par rapport à l'absence de scellant (3620 participants dans 14 études et 575 paires de dents dans une étude) ; trois essais ont évalué le scellant à base de verre ionomère par rapport à l'absence de scellant (905 participants) ; et 24 essais ont évalué un type de scellant par rapport à un autre (4146 participants). Les enfants étaient âgés de 5 à 16 ans. Les essais ont rarement rapporté l'exposition passée au fluorure des participants aux essais ou la prévalence des caries à l'inclusion.
Le scellant à base de résine par rapport à l'absence de scellant : des scellants de deuxième, troisième ou quatrième génération à base de résine ont prévenu la formation de caries dans les premières molaires définitives chez les enfants âgés de 5 à 10 ans (au bout de 24 mois de suivi : rapport des cotes (RC) 0,12, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,08 à 0,19, 7 essais (cinq publiés dans les années 1970 ; 2 dans les années 2010), 1548 enfants randomisés, 1322 enfants évalués ; preuves de qualité modérée). Si nous avions estimé que 16 % des surfaces dentaires témoins avaient des caries pendant 24 mois de suivi (160 dents cariées pour 1000), alors l'application d'un scellant à base de résine permettrait de réduire la proportion des surfaces cariées jusqu'à 5,2 % (IC à 95 % de 3,13 % à 7,37 %). De même, en supposant que 40 % des surfaces dentaires témoins avaient des caries (400 dents cariées pour 1000), alors l'application d'une scellant à base de résine permettrait de réduire la proportion des surfaces cariées jusqu'à 6,25 % (IC à 95 % de 3,84 % à 9,63 %). Si 70 % des surfaces dentaires témoins avaient des caries, il y aurait 19 % de surface comportant des caries chez le groupe ayant fait l'usage de scellant (IC à 95 % de 12,3 % à 27,2 %). Cet effet prévenant les caries a persisté lors du suivi à plus long terme, mais la qualité et la quantité de preuves a été réduite (par exemple au bout de 48 à 54 mois de suivi : RC 0,21, IC à 95 % 0,16 à 0,28, 4 essais, 482 enfants évalués ; RR 0,24, IC à 95 % 0,12 à 0,45, 203 enfants évalués). Bien que les études étaient généralement bien menées, nous avons évalué la mise en aveugle de l'évaluation des résultats pour les caries à risque élevé de biais pour tous les essais (La mise en aveugle de l'évaluation des résultats est impossible dans le cadre d'études sur les scellants car ceux qui évaluent les résultats peuvent voir et identifier ces scellants.)
Le scellant à base de verre ionomère par rapport à l'absence de scellant : a été évalué par trois études. Les résultats n'étaient pas concluants au bout de 24 mois (preuves de très faible qualité).
Un scellant par rapport à une autre scellant : l'efficacité relative des différents types de scellants est inconnue (preuves de très faible qualité). Nous avons inclus 24 essais qui ont directement comparé deux différents matériaux de scellant. Les comparaisons variaient en termes de types de scellants évalués, les mesures de résultat choisis et la durée de suivi.
Les événements indésirables : seulement quatre essais évaluaient les événements indésirables. Aucun événement indésirable n'a été signalé.
Post-édition : Paola Dillies (M2 ILTS, Université Paris Diderot)