Contexte - qu'est-ce que l'éducation préopératoire ?
L'éducation préopératoire fait référence à toute intervention éducative avant la chirurgie, qui vise à améliorer les connaissances des personnes, les comportements de santé et les critères de santé. Le contenu de l'éducation préopératoire varie entre les environnements, mais comprend fréquemment la discussion des procédures préchirurgicales, le étapes de la procédure chirurgicale, les soins post-opératoires, potentiel stressante scénarios associée à la chirurgie, les éventuelles complications chirurgicales et non chirurgicales, la prise en charge de la douleur postopératoire et les mouvements à éviter après la chirurgie. L'éducation est souvent fournie par les physiothérapeutes, les infirmières ou des membres des équipes multidisciplinaires, y compris les psychologues. Le format de l'éducation varie de l’entretien verbal individualisé , des séances de groupe, ou vidéo ou brochure à l'absence de communication verbale.
Les caractéristiques de l’étude
Ce résumé d'une revue Cochrane présente les connaissances actuelles issues de nos recherches sur la question de savoir si l'éducation préopératoire améliore les critères de jugement (par ex. la douleur, la fonction) par rapport aux soins habituels chez les personnes subissant un remplacement de la hanche ou du genou. Après avoir recherché toutes les études pertinentes jusqu’en mai 2013, nous avons inclus neuf nouvelles études depuis la dernière revue, soit un total de 18 études (1463 participants) ; 13 essais incluaient 1074 personnes (73 % du total) subissant le remplacement de la hanche, trois portaient sur des patients subissant de remplacement du genou et deux incluaient à la fois les personnes subissant un remplacement de la hanche et celles bénéficiant d’un remplacement du genou. La plupart des participants étaient des femmes (59 %) et l'âge moyen des participants était dans la plage de 58 à 73 ans
Résultats principaux - ce qui arrive aux personnes qui ont l'éducation préopératoire par rapport aux personnes qui ont des soins habituels pour le remplacement de la hanche
L'anxiété postopératoire (des scores plus faibles signifient moins d'anxiété) :
Les personnes subissant un remplacement de la hanche et ayant bénéficié de l'éducation préopératoire avaient une anxiété postopératoire à six semaines qui était de 2,28 points plus faible (allant de 5,68 points plus faible à 1,12 points plus élevée) (amélioration absolue de 4 %, allant de 10 % d'amélioration à 2 % de l'aggravation).
- Les personnes ayant bénéficié de soins habituels pour le remplacement de la hanche ont quantifié leur l'anxiété postopératoire à 32,16 points sur une échelle de 20 à 80 points.
Douleur (des scores plus faibles signifient une douleur moindre) :
Les personnes subissant un remplacement de la hanche et ayant bénéficié d'une éducation préopératoire présentaient des douleurs jusqu'à trois mois, qui était de 0,34 points plus faible (allant de 0,94 points plus faibles à 0,26 points plus élevées) (amélioration absolue de 3 %, allant de 9 % d'amélioration à 3 % de l'aggravation).
- Les personnes ayant bénéficié de soins habituels pour le remplacement de la hanche ont quantifié leur score de douleur à 3,1 points sur une échelle de 0 à 10 points.
La fonction (des scores plus faibles signifient une meilleure fonction ou moins d'incapacité) :
Les personnes subissant un remplacement de la hanche et ayant bénéficié d'une éducation préopératoire avaient un score de fonction entre 3 et 24 mois, qui était de 4,84 points plus faible (allant de 10,23 points plus faible à 0,66 points plus élevée) (amélioration absolue de 7 %, allant de 15 % d'amélioration à 1 % de l'aggravation).
- Les personnes ayant bénéficié de soins habituels pour le remplacement de la hanche ont évalué le score de leur fonction à 18,4 points sur une échelle de 0 à 68 points.
Effets indésirables :
Environ 5 personnes en moins sur 100 ont eu des événements indésirables (telles qu’une infection ou une thrombose veineuse profonde) avec l'éducation préopératoire par rapport aux soins habituels, mais cette estimation est incertaine.
- 18 personnes sur 100 rapportaient des événements indésirables avec l'éducation préopératoire pour le remplacement de la hanche.
- 23 personnes sur 100 rapportaient des événements indésirables avec les soins habituels pour le remplacement de la hanche.
Qualité des preuves
Cette revue montre que chez les personnes bénéficiant d’un remplacement de la hanche ou du genou avec une éducation préopératoire :
Il existe des preuves de faible qualité suggérant que l'éducation préopératoire pourrait ne pas améliorer la douleur, la fonction, la qualité de vie liée à la santé et l'anxiété postopératoire par rapport aux soins habituels. D'autres recherches sont très susceptibles d'avoir un impact important sur notre confiance dans ces estimations et sont susceptibles de modifier les estimations.
La qualité de vie liée à la santé, l'évaluation globale de la réussite du traitement et les taux de ré-opération n'étaient pas rapportés.
Nous ne savons pas si l'éducation préopératoire diminue la fréquence d'événements indésirables, telles que l'infection ou la thrombose veineuse profonde, par rapport aux soins habituels, en raison de très faible qualité des preuves.
Bien que l'éducation préopératoire soit intégrée dans le processus de consentement, nous ne savons pas si elle offre des bénéfices par rapport aux soins habituels en termes de réduction de l'anxiété, ou dans les résultats chirurgicaux, tels que la douleur, la fonction et les événements indésirables. L'éducation préopératoire pourrait constituer un complément utile, avec un faible risque d'effets indésirables, en particulier chez certains patients, par exemple les personnes souffrant de dépression, d'anxiété ou d’attentes irréalistes, qui pourraient bien réponde à une éducation préopératoire stratifiée en fonction de leurs besoins physiques, psychologiques et sociaux.
L'arthroplastie de la hanche ou du genou est une procédure chirurgicale majeure qui peut être physiquement et psychologiquement stressante pour les patients. Il a été avancé que l'éducation avant l'opération pourrait réduire l'anxiété et améliorer les résultats postopératoires cliniquement importants.
Déterminer si l'éducation préopératoire chez les personnes subissant une arthroplastie totale de la hanche ou un remplacement total du genou améliore les résultats postopératoires en ce qui concerne la douleur, la fonction, la qualité de vie liée à la santé, l'anxiété, la durée de séjour à l'hôpital et l'incidence des événements indésirables (par ex. la thrombose veineuse profonde).
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (2013, numéro 5), MEDLINE (de 1966 à mai 2013), EMBASE (de 1980 à mai 2013), CINAHL (de 1982 à mai 2013), PsycINFO (de 1872 à mai 2013) et PEDro jusqu'à juillet 2010. Nous avons effectué une recherche manuelle dans l'Australian Journal of Physiotherapy (1954 à 2009) et passé au crible les références bibliographiques des essais inclus et d'autres revues pertinentes.
Essais randomisés ou quasi-randomisés sur l'éducation préopératoire (orale, écrite ou audiovisuelle) fournie par un professionnel de santé dans les six mois précédant l'opération chez des patients bénéficiant d’une arthroplastie de la hanche ou du genou par rapport aux soins habituels.
Deux auteurs de la revue ont évalué la qualité des essais et extrait les données indépendamment. Nous avons analysé les résultats dichotomiques en utilisant les risques relatifs. Nous avons combiné les variables continues en utilisant les différences moyennes (DM) ou les différences moyennes standardisées (DMS) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Lorsque cela était possible, nous avons regroupé les données au moyen d'une méta-analyse à effets aléatoires.
Nous avons inclus 18 essais (1463 participants) dans la revue. Treize essais portaient sur des patients subissant un remplacement de la hanche, trois portaient sur des patients subissant un remplacement du genou et deux incluaient des personnes subissant un remplacement de la hanche ou du genou. Seuls six essais rapportaient l’utilisation d’une méthode d'assignation secrète, et deux essais l’insu des participants. Peu d'essais rapportaient des données suffisantes pour analyser les principaux critères de jugement de la revue (douleur, fonction, qualité de vie liée à la santé, lévaluation globale, anxiété postopératoire, nombre total d'événements indésirables et taux de ré-opération). Il ne semble pas y avoir un effet de temps pour aucun des critères de jugement, de sorte que nous avons choisi d'inclure uniquement la dernière mesure du critère de jugement disponible dans la revue.
Chez les personnes subissant le remplacement de la hanche, l'éducation préopératoire pourrait ne pas apporter des bénéfices supplémentaires par rapport aux soins habituels. La moyenne postopératoire du score de l'anxiété au bout de six semaines avec les soins habituels a été de 32,16 sur une échelle de 60 points (le score le plus bas représente moins d'anxiété) et était de 2,28 points plus faible avec l'éducation préopératoire (confiance (IC) à 95 % -5,68 à 1,12 ; 3 ECR, 264 participants, preuves de faible qualité), réduction absolue du risque de -4 % (IC à 95 % de -10 % à 2 %). Le score moyen de la douleur jusqu'à trois mois après l'opération avec les soins habituels a été de 3,1 sur une échelle de 10 points (le score le plus bas représente moins de douleur) et était de 0,34 points plus faible avec l'éducation préopératoire (IC à 95 % -0,94 à 0,26 ; 3 ECR, 227 participants ; preuves de faible qualité), réduction absolue du risque de -3 % (IC à 95 % de -9 % à 3 %). Le score moyen de fonction au bout de 3 à 24 mois après l'opération avec les soins habituels a été de 18,4 sur une échelle de 68 points (le score le plus bas représente une meilleure fonction) et était de 4,84 points plus faible avec l'éducation préopératoire (IC à 95 % -10,23 à 0,66 ; 4 ECR, 177 participants ; preuves de faible qualité), réduction absolue du risque de -7 % (IC à 95 % de -15 % à 1 %). Le nombre de personnes rapportant des événements indésirables, tels que l'infection et la thrombose veineuse profonde, ne différait pas entre les groupes, mais les estimations d'effet sont incertaines en raison de preuves de très faible qualité (23 % (17 / 75) effets indésirables rapportés avec les soins habituels par rapport à 18 % (14 / 75) avec l'éducation préopératoire ; risque relatif (RR) 0,79 ; IC à 95 % 0,19 à 3,21 ; 2 ECR, 150 participants). La qualité de vie liée à la santé, l'évaluation globale de la réussite du traitement et les taux de ré-opération n'étaient pas rapportés.
Chez les personnes subissant un remplacement du genou, l'éducation préopératoire pourrait ne pas apporter de bénéfices supplémentaires par rapport aux soins habituels. Le score moyen de la douleur au bout de 12 mois après l'opération avec les soins habituels a été de 80 sur une échelle de 100 points (le score le plus bas représente moins de douleur) et était de 2 points plus faible avec l'éducation préopératoire (IC à 95 % -3,45 à 7,45 ; 1 ECR, 109 participants), réduction absolue du risque de -2 % (IC à 95 % de -4 % à 8 %). Le score moyen de fonction au bout de 12 mois après l'opération avec les soins habituels a été de 77 sur une échelle de 100 points (le score le plus bas représente une meilleure fonction) et n'était pas différent avec l'éducation préopératoire (de 0 ; IC à 95 % -5,63 à 5,63 ; 1 ECR, 109 participants), réduction absolue du risque de 0 % (IC à 95 % de -6 % à 6 %). La qualité de vie moyenne liée à la santé à 12 mois après l'opération avec les soins habituels a été de 41 sur une échelle de 100 points (le score le plus bas représente une aggravation de la qualité de vie) et était de 3 points plus faible avec l'éducation préopératoire (IC à 95 % -6,38 à 0,38 ; 1 ECR, 109 participants), réduction absolue du risque de -3 % (IC à 95 % de -6 % à 1 %). Le nombre de personnes rapportant des événements indésirables, tels que l'infection et la thrombose veineuse profonde, ne différait pas entre les groupes (18 % (11 / 60) effets indésirables rapportés avec les soins habituels par rapport à 13 % (7 / 55) avec l'éducation préopératoire ; RR 0,69 ; IC à 95 % 0,29 à 1,66 ; 1 ECR, 115 participants), réduction absolue du risque de -6 % (-19 % à 8 %). L'évaluation globale de la réussite du traitement, l'anxiété postopératoire et les taux de ré-opération n'étaient pas rapportés.