La trifluopérazine est peu chère et largement accessible. Des milliers de patients atteints de schizophrénie ont participé à des études portant sur ce médicament et nous sommes donc relativement sûrs qu'il s'agit d'un antipsychotique puissant et aussi efficace que des médicaments similaires plus anciens. La plupart des patients prenant ce traitement présentent des effets indésirables, mais ceci est également vrai pour les médicaments plus anciens. Les comparaisons avec de nouvelles générations de médicaments ne sont pas suffisamment nombreuses pour déterminer avec certitude l'efficacité relative de la trifluopérazine.
Malgré certaines lacunes et limitations des données, la cohérence des résultats pour différents critères de jugement et périodes semble suffisante pour confirmer que la trifluopérazine est un antipsychotique présentant une efficacité similaire à celle d'autres neuroleptiques couramment utilisés chez des patients schizophrènes. Son profil d'événements indésirables est similaire à celui d'autres médicaments. Il a été affirmé que la trifluopérazine était efficace à faibles doses chez les patients schizophrènes, mais cette affirmation ne semble pas reposer sur des preuves issues d'essais de bonne qualité.
La trifluopérazine est un médicament antipsychotique à puissance élevée peu cher et accessible, largement utilisé dans le traitement de la schizophrénie ou des psychoses de même nature.
Estimer les effets de la trifluopérazine par rapport à un placebo et à d'autres médicaments.
Des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (mars 2002), complétées par une recherche manuelle, un examen des références bibliographiques, et des communications et contacts personnels avec des représentants de l'industrie.
Tous les essais cliniques randomisés portant sur des patients atteints de schizophrénie et comparant de la trifluopérazine à n'importe quel autre traitement.
Nous avons sélectionné les études, évalué la qualité et extrait les données de manière fiable. Les risques relatifs (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été estimés pour les données dichotomiques. Dans la mesure du possible, des analyses en intention de traiter ont été effectuées. Pour les résultats statistiquement significatifs, le nombre de sujets à traiter (NST) a été calculé. Nous avons estimé l'hétérogénéité (technique I2) et le biais de publication.
1 162 participants issus de 13 études étaient randomisés pour de la trifluopérazine ou un placebo. Concernant l'amélioration globale, de petites études à court terme étaient favorables à la trifluopérazine (n = 95, 3 ECR, RR de 0,62, IC entre 0,49 et 0,78, NST de 3, IC entre 2 et 4). La perte de suivi était d'environ 12 % dans les deux groupes (n = 280, 7 ECR, RR de 0,99, IC entre 0,62 et 1,57) et davantage de participants du groupe de la trifluopérazine utilisaient des médicaments antiparkinsoniens pour soulager les troubles du mouvement par rapport au placebo (n = 195, 4 ECR, RR de 5,06, IC entre 2,49 et 10,27, NNN de 4, IC entre 2 et 9). 2 230 participants issus de 49 études étaient randomisés pour de la trifluopérazine ou un autre antipsychotique de génération antérieure. La trifluopérazine ne présentait pas de différence notable en termes d'absence d'amélioration substantielle (n = 1 016, 27 ECR, RR de 1,06, IC entre 0,98 et 1,14) ou d'arrêts prématurés (n = 930, 22 ECR, RR de 1,15, IC entre 0,83 et 1,58). Un nombre pratiquement identique de participants rapportaient au moins un événement indésirable (~60 %) dans chaque groupe (n = 585, 14 ECR, RR de 0,99, IC entre 0,87 et 1,13), mais la trifluopérazine était globalement plus susceptible d'entraîner des effets indésirables extrapyramidaux par rapport aux antipsychotiques de faible puissance tels que la chlorpromazine (n = 130, 3 ECR, RR de 1,66, IC entre 1,03 et 2,67, NNN de 6, IC entre 3 et 121). Une petite étude (n = 38) ne rapportait aucune différence notable entre la trifluopérazine et le sulpiride, un médicament atypique.