Le myélome multiple (MM) est un cancer de la moelle osseuse. Il provoque une destruction osseuse donnant lieu à des douleurs, une compression médullaire et des fractures. Dans les phases précoces, la plupart des personnes ne présentent aucun symptôme de MM. On ignore encore s'il est plus efficace de commencer le traitement avec des médicaments anticancéreux juste après le diagnostic, ou d'attendre que les symptômes de la maladie se manifestent. La revue des essais a constaté que le traitement précoce ralentit la progression de la maladie. Cependant, les preuves sont insuffisantes, étant donné les trop rares études menées chez des patients atteints de myélome au stade précoce, pour démontrer que le traitement précoce améliore la survie des personnes atteintes de MM.
Le traitement précoce du myélome multiple au stade précoce inhibe la progression de la maladie, et peut diminuer la compression vertébrale. Cependant, le traitement précoce peut augmenter le risque de leucémie aiguë. Toutefois, les données sur la compression vertébrale et la transformation leucémique peuvent s'avérer impossibles à interpréter en raison du très faible nombre. D'après les preuves actuelles, les taux de mortalité et de réponse ne sont pas significativement affectés par l'introduction du traitement précoce quant à la progression du myélome. Mais, il est très possible que l'absence d'effet bénéfique de l'intervention précoce dans le myélome soit un faux négatif compte tenu de la mauvaise qualité des preuves existantes. En outre, peu de données ont été rapportées sur la qualité de vie et la toxicité, ce qui rajoute des difficultés supplémentaires pour les prises de décisions au sujet du traitement du myélome au stade précoce.
Le myélome multiple au stade précoce (MM) représente environ 20 % des MM. La plupart des patients sont asymptomatiques. Ainsi, il est beaucoup moins grave que la maladie au stade avancé et peut exiger différentes stratégies de traitement. Pour ces patients, on ignore s'il est plus efficace de commencer la chimiothérapie juste après le diagnostic ou de retarder le traitement jusqu'à ce que les symptômes se manifestent suivant l'évolution de la maladie.
Identifier et synthétiser toutes les données des recherches disponibles pour déterminer si l'intervention par un traitement précoce entraîne une amélioration des résultats cliniques comparativement à l'observation seule. Les principaux critères de jugement intéressants ayant été examinés comprenaient la mortalité, la progression de la maladie, le taux de réponse et la toxicité du traitement précoce.
Les bases de données électroniques suivantes ont fait l'objet de recherches : MEDLINE, EMBASE, CANCERLIT, LILLIACS et la base des essais contrôlés randomisés (ECR) Cochrane. Nous avons récemment compilé une base complète d'ECR sur le myélome. Cette recherche a été mise à jour et complétée par une recherche manuelle des abstracts des conférences des principales sociétés notamment ASH (American Society of Hematology), ASCO (American Society of Clinical Oncology), et EHA (European Haematology Association). En outre, nous avons comparé notre liste à une liste d'ECR maintenue par l'unité Oxford Clinical Trial Service Unit.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) ayant une conception parallèle qui ont comparé le traitement précoce au traitement différé de patients atteints de myélome multiple au stade précoce d'après le système de stadification de Durie-Salmon (D-S). Nous avons aussi considérés les essais qui n'avaient pas défini le myélome au stade précoce conformément au système de stadification D-S, mais qui avaient recruté les patients selon l'incertitude clinique quant aux bénéfices d'une intervention immédiate.
La synthèse des données a été effectuée pour toutes les études et conformément aux critères de qualité prédéfinis. Le premier évaluateur et l'évaluateur de cette proposition à contacter ont extrait les données de manière indépendante. Les désaccords ont été résolus par consensus. Le logiciel Revman (4.1) a été utilisé pour combiner les résultats de toutes les études et les exprimer sous forme d'odds ratio global ou d'odds ratio (OR) de Peto, avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %.
Trois essais ont été inclus, totalisant 131 patients dans chacun des groupes de traitement précoce et de traitement différé. Le MM précoce est au stade I asymptomatique dans ces essais. Tous les essais ont utilisé un traitement standard par Melphalan mais pas de greffe de cellules souches. Aucune hétérogénéité statistiquement significative n'a été détectée entre les résultats des études. Les effets bénéfiques du traitement précoce se sont traduits par un retard de la progression du myélome (OR de Peto = 0,16, IC à 95 % : 0,09 à 0,29), et une diminution de la compression vertébrale (OR = 0,18, IC à 95 % : 0,02 à 1,59, NST = 23, IC à 95 % : un nombre de sujets nécessaires à traiter (NST) égal à 11, via l'infinité, par rapport à un nombre de patients à traiter pour observer un effet indésirable du traitement (NNH) égal à 50). Aucun effet significatif sur la mortalité et le taux de réponse n'a été observé (OR de Peto = 1,11, IC à 95 % : 0,67 à 1,84) et OR = 0,63, IC à 95 % : 0,33 à 1,23, respectivement). Le traitement précoce peut augmenter le risque de leucémie aiguë (OR de Peto = 3,20, IC à 95 % : 0,55 à 18,73, NNH = 44, IC à 95 % : un nombre de sujets nécessaires à traiter (NST) égal à 63, via l'infinité, par rapport à un nombre de patients à traiter pour observer un effet indésirable du traitement (NNH) égal à 15).