La dépression psychotique est une dépression sévère avec des caractéristiques psychotiques (c'est-à-dire des délires et/ou des hallucinations). L'incertitude entoure le traitement médicamenteux le plus efficace pour la dépression psychotique : un antidépresseur seul, un antipsychotique seul ou l'association d'un antidépresseur et d'un antipsychotique.
L'objectif de cette revue est de comparer l'efficacité des différentes formes de traitement médicamenteux qui ont été utilisées pour traiter la dépression psychotique. Pour ce faire, nous avons analysé tous les essais contrôlés randomisés (ECR). Douze ECR ont répondu à nos critères d'inclusion. Ces essais portaient sur un total de 929 personnes.
À partir de ces essais, nous avons trouvé des données probantes suggérant que l'association d'un antidépresseur et d’un antipsychotique est plus efficace pour le traitement de la dépression psychotique que l'un ou l'autre traitement seul. Cependant, notre confiance dans cette conclusion est limitée car les informations provenaient seulement d'un petit nombre d'ECR, qui incluaient un petit nombre de personnes. En outre, les types de personnes impliquées varient d'un ECR à l'autre, et ces essais diffèrent dans leur conception, ce qui signifie que nous ne pouvons pas généraliser leurs résultats en toute confiance.
La dépression psychotique est largement sous-étudiée, ce qui limite la confiance dans les conclusions tirées. Certaines données probantes indiquent que la thérapie combinant un antidépresseur et un antipsychotique est plus efficace que l'un ou l'autre traitement seul ou qu’un placebo. Les données probantes sont limitées pour le traitement par un antidépresseur seul ou le traitement par un antipsychotique seul. Les données probantes de l'efficacité de la mifepristone font défaut.
Les données probantes sont limitées en ce qui concerne le traitement pharmacologique le plus efficace de la dépression psychotique : monothérapie avec un antidépresseur, monothérapie avec un antipsychotique, un autre traitement (par exemple la mifépristone), ou association d'un antidépresseur et d'un antipsychotique. Il s'agit d'une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2005 et mise à jour en 2015.
1. Comparer l'efficacité clinique des traitements pharmacologiques chez les patients souffrant d'une dépression psychotique aiguë : antidépresseur en monothérapie, antipsychotique en monothérapie, mifepristone en monothérapie, et l'association d'un antidépresseur et d'un antipsychotique comparés les uns aux autres et/ou à un placebo.
2. Évaluer si les différences de réponse au traitement dans l'épisode actuel sont liées à la non-réponse au traitement antérieur.
Une recherche dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), dans la bibliothèque de Cochrane ; le registre des essais du groupe Cochrane sur les troubles mentaux communs ; Ovid MEDLINE (1950-) ; Embase (1974-) ; et PsycINFO (1960-) a été menée le 21 février 2020. Les références bibliographiques de toutes les études incluses et des revues connexes ont été examinées et les principaux auteurs des études ont été contactés.
Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) qui incluaient des participants atteints de dépression majeure aiguë avec des caractéristiques psychotiques, ainsi que des ECR composés de participants atteints de dépression majeure aiguë avec ou sans caractéristiques psychotiques, qui rapportaient séparément sur le sous-groupe de participants présentant des caractéristiques psychotiques.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais dans les études incluses, selon les critères du Manuel Cochrane pour les revues systématiques des interventions en santé. Les données ont été saisies dans RevMan 5.1. Nous avons utilisé des données en intention de traiter. Les critères de jugement principaux étaient la réponse clinique pour l'efficacité et le taux d'abandon global pour le risque/tolérance. Les critères de jugement secondaires étaient la rémission de la dépression, la modification du score de sévérité par rapport à la ligne de base, la qualité de vie et le taux d'abandon pour cause d'effets indésirables.
Pour les critères de jugement d'efficacité dichotomiques (c'est-à-dire la réponse et l'abandon global), des risque relatif (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés.
Concernant le critère de jugement principal de risque, uniquement les taux d’abandon étaient disponibles pour toutes les études. Si l'étude ne rapporte aucun des critères de réponse tels que définis ci-dessus, la rémission telle que définie ici pourrait être utilisée comme alternative. Pour les critères de jugement continuellement distribués, des données d'ECR n’ont pu être extraites.
La recherche a permis d'identifier 3947 résumés, mais seuls 12 ECR avec un total de 929 participants ont pu être inclus dans la revue. En raison de l'hétérogénéité clinique, peu de méta-analyses étaient possibles. Le critère de jugement principal était la réduction de la sévérité (réponse) de la dépression, et non de la psychose.
En ce qui concerne la réponse à la dépression, nous n'avons pas trouvé de données probantes suggérant une différence entre l'antidépresseur et le placebo (RR 8,40, IC à 95 % 0,50 à 142,27 ; participants = 27, études = 1 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou entre l'antipsychotique et le placebo (RR 1,13, IC à 95 % 0,74 à 1,73 ; participants = 201, études = 2 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). De plus, nous n'avons pas trouvé de données probantes suggérant une différence dans les abandons globaux avec les antidépresseurs (RR 1,24, IC à 95 % 0,34 à 4,51 ; participants = 27, études = 1 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou la monothérapie antipsychotique (RR 0,79, IC à 95 % 0,57 à 1,08 ; participants = 201, études = 2 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).
Il n’y a pas eu de données probantes suggérant une différence dans la réponse à la dépression (RR 2,09, IC à 95 % 0,64 à 6,82 ; participants = 36, études = 1 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou dans les abandons globaux (RR 1,79, IC à 95 % 0,18 à 18,02 ; participants = 36, études = 1 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) entre les antidépresseurs et les antipsychotiques.
Pour la réponse à la dépression, des données probantes d’un niveau de confiance faible à très faible suggèrent que l'association d'un antidépresseur et d'un antipsychotique pourrait être plus efficace que la monothérapie antipsychotique (RR 1,83, IC à 95 % 1,40 à 2,38 ; participants = 447, études = 4), plus efficace que la monothérapie antidépressive (RR 1,42, IC à 95 % 1,11 à 1,80 ; participants = 245, études = 5) et plus efficace que le placebo (RR 1,86, IC à 95 % 1,23 à 2,82 ; participants = 148, études = 2). Des données probantes d’un niveau de confiance très faible ne suggèrent pas de différence dans les abandons globaux entre l'association d'un antidépresseur et d'un antipsychotique par rapport à une monothérapie antipsychotique (RR 0,79, IC à 95 % 0,63 à 1,01 ; participants = 447, études = 4), une monothérapie antidépressive (RR 0,91, IC à 95 % 0,55 à 1,50 ; participants = 245, études = 5) ou un placebo seul (RR 0,75, IC à 95 % 0,48 à 1,18 ; participants = 148, études = 2).
Les études n’ont pas mesuré le changement de sévérité de la dépression par rapport à l’inclusion, la qualité de vie ou les abandons pour cause d'effets indésirables. Nous n'avons trouvé aucun ECR avec la mifepristone qui répondait à nos critères d'inclusion.
Le risque de biais est considérable : nous avons noté des différences entre les études en ce qui concerne le diagnostic, les incertitudes relatives à la randomisation et à l’assignation secrète, les interventions thérapeutiques (différences pharmacologiques entre les divers antidépresseurs et antipsychotiques) et les critères de jugement.
Post-édition effectuée par David Robinson et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr