Problématique de la revue
Les antagonistes des récepteurs de l'endothéline augmentent-ils la capacité d'exercice d'une personne, améliorent-ils les symptômes ou réduisent-ils le nombre de décès chez les personnes souffrant d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ?
Contexte
L'hypertension artérielle pulmonaire est une maladie dévastatrice caractérisée par une augmentation de la résistance vasculaire pulmonaire qui entraîne une insuffisance cardiaque droite et finalement la mort.
Les antagonistes des récepteurs de l'endothéline constituent une classe de puissants vasodilatateurs (médicaments qui ouvrent (dilatent) les vaisseaux sanguins) capables d'arrêter le processus de division cellulaire au niveau du vaisseau, qui pourrait se dilater et entraîner une modification structurelle favorable de l'artère pulmonaire.
Caractéristiques des études
Nous avons examiné les données probantes provenant d'études randomisées (études dans lesquelles les personnes sont affectées à l'un des deux groupes de traitement ou plus par une méthode aléatoire). Après une recherche et une évaluation approfondies de la littérature médicale, nous avons identifié 17 études avec un total de 3322 participants à inclure dans la revue. La grande majorité des participants présentaient une HTAP sans cause connue (idiopathique). Les données probantes sont actuelles jusqu'en novembre 2020.
Principaux résultats
Les antagonistes des récepteurs de l'endothéline augmentent probablement la capacité d'exercice, améliorent la classe fonctionnelle de l’HTAP selon l'Organisation mondiale de la santé (une mesure de la gravité des symptômes de l'hypertension pulmonaire d'une personne) et pourraient améliorer le taux de mortalité et les symptômes chez les personnes atteintes d'HTAP ; cependant, ils pourraient également augmenter le risque de lésions hépatiques, bien que cela soit rare. La question des effets des antagonistes des récepteurs de l'endothéline sur l'HTAP a maintenant probablement trouvé une réponse.
Niveau de confiance des données probantes
Dans l'ensemble, les données probantes présentées sont d'un niveau de confiance modéré en raison du nombre élevé de données manquantes.
Chez les personnes souffrant d'hypertension artérielle pulmonaire et appartenant à la classe fonctionnelle II et III de l'OMS, les antagonistes des récepteurs de l'endothéline augmentent probablement la capacité d'exercice, améliorent la classe fonctionnelle de l'OMS, préviennent la détérioration de la classe fonctionnelle de l'OMS, entraînent des changements favorables des variables hémodynamiques cardiopulmonaires par rapport au placebo. Cependant, ils sont moins efficaces pour réduire la dyspnée et la mortalité. Les meilleures données d'efficacité étaient associées aux patients atteints d'hypertension artérielle pulmonaire idiopathique. L'insuffisance hépatique irréversible provoquée par le sitaxentan et son retrait des marchés mondiaux soulignent l'importance de la surveillance hépatique chez les personnes traitées par des antagonistes des récepteurs de l'endothéline. La question des effets des antagonistes des récepteurs de l'endothéline sur l'hypertension artérielle pulmonaire a maintenant probablement trouvé une réponse. L'utilisation combinée d'antagonistes des récepteurs de l'endothéline et d'inhibiteurs de la phosphodiestérase pourrait apporter plus de bénéfices dans l'hypertension artérielle pulmonaire ; cependant, ceci doit être confirmé par de futures études.
L'hypertension artérielle pulmonaire est une maladie dévastatrice qui entraîne une insuffisance cardiaque droite et un décès prématuré. Les antagonistes des récepteurs de l'endothéline ont montré leur efficacité dans le traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire.
Évaluer l'efficacité des antagonistes des récepteurs de l'endothéline (ARE) dans l'hypertension artérielle pulmonaire.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), Medline, Embase, ainsi que dans les références bibliographiques des articles récupérés. Les recherches sont à jour au 4 novembre 2020.
Nous avons inclus des essais randomisés et des essais quasi randomisés impliquant des participants souffrant d'hypertension artérielle pulmonaire.
Deux des cinq auteurs de la revue ont sélectionné les études, extrait les données et évalué la qualité des études selon les critères établis. Nous avons utilisé les méthodes standard attendues par Cochrane. Les principaux critères de jugement étaient la capacité d'exercice (test de marche de 6 minutes, TM6), la classe fonctionnelle de l’HTAP selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou la New York Heart Association (NYHA), les scores de dyspnée de Borg et les évaluations de dyspnée-fatigue, et la mortalité.
Nous avons inclus 17 essais contrôlés randomisés impliquant un total de 3322 participants. La plupart des essais étaient d'une durée relativement courte (12 semaines à six mois). Seize essais étaient contrôlés par placebo, et parmi ceux-ci, neuf portaient sur un ARE non sélectif et sept sur un ARE sélectif.
Nous avons évalué deux comparaisons dans la revue : ARE par rapport au placebo et ARE par rapport à l’inhibiteur de la phosphodiestérase-5 (PDE5). Le résumé se concentre uniquement sur les essais contrôlés par placebo et présente les résultats groupés des ARE sélectives et non sélectives.
Après le traitement, les participants recevant des ARE pouvaient probablement marcher en moyenne 25,06 m (intervalle de confiance (IC) à 95 % 17,13 à 32,99 m ; 2739 participants ; 14 études ; I2 = 34 %, données probantes d’un niveau de confiance modéré) de plus que ceux recevant un placebo lors d'une marche de six minutes. Les antagonistes des récepteurs de l'endothéline ont probablement amélioré la classe fonctionnelle OMS d'un plus grand nombre de participants (rapport des cotes (RC) 1,41, IC à 95 % 1,16 à 1,70 ; participants = 3060 ; études = 15 ; I2 = 5 %, données probantes d’un niveau de confiance modéré) et ont probablement diminué les chances de détérioration de la classe fonctionnelle (RC 0,43, IC à 95 % 0,26 à 0,72 ; participants = 2347 ; études = 13 ; I2 = 40 %, données probantes d’un niveau de confiance modéré) par rapport au placebo. Il pourrait y avoir une réduction de la mortalité avec les ARE (RC 0,78, IC à 95 % 0,58, 1,07 ; 2889 participants ; 12 études ; I2 = 0 %, données probantes d’un niveau de confiance faible), et les données regroupées suggèrent que les ARE améliorent probablement l'hémodynamique cardiopulmonaire et pourraient réduire le score de dyspnée de Borg chez les patients symptomatiques. La toxicité hépatique n'était pas fréquente, mais elle pourrait être augmentée par le traitement par ARE de 37 à 67 (IC à 95 % 34 à 130) pour 1000 sur 25 semaines de traitement (RC 1,88, IC à 95 % 0,91 à 3,90 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Bien que les ARE aient été bien tolérés dans cette population, plusieurs cas d'insuffisance hépatique irréversible provoquée par le sitaxentan ont été signalés, ce qui a conduit le titulaire de la licence du sitaxentan à retirer le produit de tous les marchés dans le monde.
Comme prévu, nous avons effectué des analyses de sous-groupes comparant les ARE sélectifs et non sélectifs et, à l'exception de la pression artérielle pulmonaire moyenne, nous n'avons pas détecté de différence claire entre les sous-groupes pour aucun critère de jugement.
Post-édition effectuée par Mamadou Lamarana Diallo et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr