Des chercheurs de la Cochrane Collaboration ont procédé à une revue de l'effet des antibiotiques fluoroquinolones chez les personnes atteintes de fièvre entérique. Après avoir recherché des études pertinentes, ils ont identifié 26 études impliquant un total de 3 033 patients. Leurs résultats sont résumés ci-dessous.
Qu'est-ce que la fièvre entérique et comment les fluoroquinolones sont-ils censés agir ?
La fièvre entérique est un terme commun à deux maladies cliniques similaires connues individuellement sous les noms de fièvre typhoïde et fièvre paratyphoïde. Celles-ci sont très répandues dans les pays à faible et moyen revenu où l'eau et l'hygiène publique peuvent être défectueux.
La fièvre entérique provoque généralement de la fièvre et des maux de tête accompagnés de diarrhée, constipation, douleurs abdominales, nausées et vomissements, ou perte d'appétit. En l'absence de traitement, certaines personnes peuvent développer des complications graves pouvant être mortelles.
Les fluoroquinolones sont une grande famille d'antibiotiques couramment utilisés pour une variété de maladies infectieuses. Dans le passé, la fièvre entérique répondait extrêmement bien aux fluoroquinolones, mais la résistance aux médicaments est devenue un problème majeur de santé publique dans de nombreuses régions, en Asie en particulier.
Ce que disent les recherches
Effet de l'utilisation de fluoroquinolones :
En règle générale, les fluoroquinolones sont efficaces contre la fièvre typhoïde.
Les décideurs et les cliniciens doivent tenir compte de la résistance locale aux antibiotiques lorsqu'ils réfléchissent aux options de traitement pour la fièvre entérique.
Une fluoroquinolone relativement nouvelle, la gatifloxacine, semble rester efficace dans certaines régions où s'est développée une résistance aux anciens fluoroquinolones.
En règle générale, les fluoroquinolones donnent de bons résultats dans le traitement de la typhoïde et peuvent-être supérieurs aux autres alternatives dans certains contextes. Cependant, nous n'avons pas pu tirer de conclusions générales fermes concernant l'efficacité comparative contemporaine étant donné que la résistance change au fil du temps et que de nombreuses études étaient de petite taille. Les décideurs et les cliniciens doivent prendre en compte les caractéristiques locales de résistance au moment de choisir entre une fluoroquinolone et une alternative.
Il existe certaines preuves que la fluoroquinolone la plus récente, la gatifloxacine, reste efficace dans certaines régions où s'est développée une résistance aux anciennes fluoroquinolones. Toutefois, les différentes fluoroquinolones n'ont pas été comparées directement au moyen d'essais dans ces endroits.
La typhoïde et la paratyphoïde sont des maladies fébriles dues à une infection bactérienne, qui sont encore répandues dans de nombreux pays à faible et moyen revenu. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande actuellement les antibiotiques fluoroquinolones dans les zones de résistance connue aux anciens antibiotiques de première intention.
Évaluer les antibiotiques fluoroquinolones pour le traitement des enfants et les adultes atteints de fièvre entérique.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses (février 2011), dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), publié dans The Cochrane Library (2011, numéro 2), ainsi que dans MEDLINE (de 1966 à février 2011), EMBASE (de 1974 à février 2011) et LILACS (de 1982 à février 2011). Nous avons également cherché dans le metaRegister of Controlled Trials (mRCT) en février 2011.
Des essais contrôlés randomisés portant sur le traitement par antibiotiques fluoroquinolones de personnes atteintes de fièvre entérique confirmée par une culture de sang, de selles ou de moelle osseuse.
Deux auteurs ont évalué la qualité méthodologique des essais et extrait les données de manière indépendante. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) pour les variables dichotomiques et la différence moyenne (DM) pour les variables continues, avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.
L'efficacité comparée a été interprétée en prenant en compte : la durée du traitement, la dose, l'année de l'étude, les niveaux connus de résistance aux antibiotiques, ou les mesures indirectes de la résistance tels que le taux d'échec dans le groupe de comparaison.
Vingt-six études, impliquant un total de 3 033 patients, sont incluses dans cette revue.
Fluoroquinolones versus anciens antibiotiques (chloramphénicol, cotrimoxazole, amoxicilline et ampicilline)
Dans une étude effectuée au Pakistan en 2003-04 des taux élevés d'échecs cliniques ont été observés tant avec le chloramphénicol qu'avec la co-trimoxazole, bien que la résistance n'ait pas été confirmée microbiologiquement. Des traitements de sept jours de ciprofloxacine ou d'ofloxacine se sont avérés supérieurs. Les études plus anciennes de ces comparaisons n'avaient pas trouvé de différence (six essais, soit 361 participants).
Dans de petites études menées il y a près de vingt ans, il avait été montré que les fluoroquinolones rencontraient moins d'échecs cliniques que l'ampicilline et l'amoxicilline (deux essais, 90 participants ; RR 0,11 ; IC à 95 % 0,02 à 0,57).
Fluoroquinolones versus options actuelles de deuxième ligne (ceftriaxone, céfalexine et azithromycine)
Les deux études comparant un traitement de sept jours de fluoroquinolones orales avec trois jours de ceftriaxone par voie intraveineuse étaient trop petites pour détecter d'éventuelles différences importantes entre les antibiotiques (deux essais, 89 participants).
Au Pakistan en 2003-04, aucun échec clinique ou microbiologique n'avait été observé avec sept jours de ciprofloxacine, d'ofloxacine ou de céfixime (un essai, 139 participants). Au Népal en 2005, la gatifloxacine avait réduit les taux d'échec clinique et de rechute par rapport au céfixime, en dépit d'une forte prévalence de la résistance à l'acide nalidixique dans la population étudiée (un essai, 158 participants ; RR = 0,04 ; IC à 95 % 0,01 à 0,31).
Par rapport à un traitement de sept jours d'azithromycine, le traitement de sept jours d'ofloxacine avait rencontré au Vietnam en 1998-2002 un taux plus élevé d'échecs cliniques dans des populations souffrant de fièvre entérique tout à la fois multi-résistante aux médicaments et résistante à l'acide nalidixique (deux essais, 213 participants ; RR 2,20 ; IC à 95 % 1,23 à 3,94). Toutefois, une étude plus récente effectuée au Vietnam en 2004-05 n'avait détecté aucune différence entre la gatifloxacine et l'azithromycine, les deux médicaments fonctionnant bien (un essai, 287 participants).
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé Français