La toux associée à un reflux gastro-œsophagien pathologique (GERD) est courante chez les adultes atteints de toux chronique. L'objectif de cette revue était d'évaluer l'efficacité du traitement du GERD chez les enfants et les adultes atteints de GERD et de toux prolongée non liée à une maladie respiratoire sous-jacente, c'est-à-dire une toux chronique non spécifique.
Dix-neuf études remplissaient nos critères prédéfinis mais six seulement ont pu être combinées (en une méta-analyse). Des données supplémentaires ont été obtenues auprès des investigateurs. Nous n'avons pas pu combiner les résultats chez les enfants en raison de données limitées. Les aliments épaissis produisaient des effets inégaux. Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ne réduisaient pas la toux et ne devraient pas être utilisés contre la toux chez les jeunes enfants.
Chez les adultes atteints de toux et de GERD, aucune différence significative n'était observée en termes de guérison clinique avec les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Pour les autres critères de jugement, aucune différence significative n'était observée entre les IPP et le placebo. Cette revue a également identifié un important effet placebo et de période (guérison naturelle avec le temps) dans le traitement de la toux chronique. Chez les adultes, le traitement aux IPP pour la toux associée au GERD est inégal et présente des bénéfices variables. Les données étaient insuffisantes pour tirer des conclusions concernant d'autres traitements de la toux associée au GERD.
Les IPP ne sont pas efficaces pour la toux associée à des symptômes de GERD chez les très jeunes enfants (y compris les nourrissons) et ne devraient pas être utilisés. Les données sont insuffisantes pour tirer des conclusions définitives concernant les enfants plus âgés. Chez les adultes, les preuves sont insuffisantes pour conclure à l'efficacité universelle des IPP dans le traitement de la toux associée au GERD. Les cliniciens doivent être conscients de l'effet de période (guérison naturelle avec le temps) et de l'effet placebo identifiés dans les études utilisant la toux comme critère de jugement. Les futures études chez les enfants et les adultes devront être contrôlées, randomisées, en double aveugle et en parallèle, utiliser des traitements pendant au moins deux mois, présenter des résultats subjectifs et objectifs validés de la toux, et inclure une évaluation du délai de réponse ainsi que des reflux acides et/ou non acides.
On considère que le reflux gastro-œsophagien pathologique (GERD) est l'agent causal de jusqu'à 41 % des cas de toux chronique chez l'adulte. Le traitement du GERD inclut des mesures conservatrices (changement de régime alimentaire), une pharmacothérapie (agents de motilité ou prokinétiques, antagonistes H2 et inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)) et une fundoplication.
Évaluer l'efficacité du traitement du GERD pour la toux chronique chez les enfants et les adultes atteints de GERD et de toux prolongée non attribuable à une maladie respiratoire sous-jacente, c'est-à-dire une toux chronique non spécifique.
Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et EMBASE, ainsi que des articles de revue et leurs références bibliographiques. La dernière recherche a été effectuée le 8 avril 2010.
Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur le traitement du GERD pour la toux chez les enfants et les adultes ne souffrant pas de maladie pulmonaire primaire.
Deux auteurs de revue ont évalué la qualité des essais et extrait les données de manière indépendante. Nous avons contacté les auteurs des études afin d'obtenir des informations supplémentaires.
Nous avons inclus 19 études (six pédiatriques, 13 sur des adultes). Les études pédiatriques n'ont pas pu être combinées en une méta-analyse. Un seul ECR portant sur des nourrissons indiquait que les IPP (par rapport au placebo) n'étaient pas efficaces pour améliorer les résultats de la toux (rapport des cotes favorable au placebo de 1,61 ; IC à 95 %, entre 0,57 et 4,55) et qu'une augmentation significative des événements indésirables était observée chez les patients sous IPP (rapport des cotes de 5,56 ; IC à 95 %, entre 1,18 et 26,25) (le nombre de sujets à traiter pour observer un effet nuisible du traitement en quatre semaines était de 11 (IC à 95 %, entre 3 et 232)). Chez les adultes, nous n'avons pas pu analyser les antagonistes H2, les agents de motilité et le traitement conservateur du GERD (par manque de données) et aucune étude contrôlée de la fundoplication n'a été identifiée. Nous avons analysé neuf études portant sur des adultes et comparant des IPP (deux à trois mois) à un placebo pour différents critères de jugement au moyen d'une méta-analyse. Sur la base de l'intention de traiter, les données combinées des études produisaient une différence non significative entre le traitement et le placebo en matière de guérison totale de la toux (rapport des cotes de 0,46 ; IC à 95 %, entre 0,19 et 1,15). Les données combinées ne révélaient aucune amélioration significative globale des résultats de la toux (résultats de fin d'essai ou modification des scores de la toux). Seules les analyses de sensibilité révélaient des différences significatives. Une amélioration significative de la modification des scores de la toux à la fin de l'intervention (deux à trois mois) était observée chez les patients sous IPP (différence moyenne standardisée de -0,41 ; IC à 95 %, entre -0,75 et -0,07) en utilisant une analyse générale de la variance inverse pour les essais croisés. Deux études rapportaient une amélioration de la toux entre cinq jours et deux semaines après la fin du traitement.