Tout comme les AA, il existe également des interventions alternatives basées sur des programmes composés de 12 étapes, certains sont des programmes d'entraide et d'autres sont supervisés par des professionnels. Les AA et d'autres approches en 12 étapes se basent généralement sur l'hypothèse selon laquelle la dépendance à une substance est une maladie mentale et médicale. Les études expérimentales disponibles n'ont pas montré l'efficacité des AA ou des autres approches en 12 étapes à réduire la consommation d'alcool et à obtenir une abstinence par rapport aux autres traitements, mais ces études présentaient des limitations. De plus, plusieurs interventions différentes étaient souvent comparées dans la même étude et trop d'hypothèses étaient testées simultanément pour identifier les facteurs qui déterminent la réussite d'un traitement.
Aucune étude expérimentale n'a formellement montré l'efficacité des approches AA ou TSF à réduire la dépendance à l'alcool ou les problèmes liés à l'alcool. Une étude de grande taille examinait les facteurs de pronostics associés aux interventions qui étaient sensées réussir au lieu d'évaluer l'efficacité des interventions même, d'autres études d'efficacité sont donc nécessaires.
Les Alcooliques Anonymes (AA) sont une organisation internationale d'alcooliques en rétablissement qui propose un soutien émotionnel par le biais de groupes d'entraide et un modèle d'abstinence aux personnes souhaitant ne plus être dépendantes de l'alcool à l'aide d'une approche composée de 12 étapes. Bien que les AA soient l'organisation la plus connue, il existe d'autres approches en 12 étapes (intitulées « Twelve Step Facilitation » (TSF)).
Évaluer l'efficacité des AA ou des programmes TSF par rapport à d'autres interventions psychosociales à réduire la consommation d'alcool, obtenir et maintenir l'abstinence, améliorer la qualité de vie des alcooliques et de leur famille, mais aussi à réduire la consommation d'alcool associée à des accidents et à des problèmes de santé.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais spécialisés du groupe Cochrane sur les drogues et l'alcool, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE à partir de 1966, EMBASE à partir de 1980, CINAHL à partir de 1982, PsychINFO à partir de 1967. Les recherches ont été mises à jour en février 2005. Nous avons également consulté les listes bibliographiques des études pertinentes.
Études impliquant des adultes (> 18), hommes et femmes, alcoolo-dépendants et se rendant volontairement ou contraints de se rendre aux AA ou à suivre des programmes TSF par rapport à l'absence de traitement, d'autres interventions psychologiques ou des variantes composées de 12 étapes.
Un relecteur (MF) a évalué les études à inclure et extrait des données à l'aide d'un formulaire d'extraction de données prédéfini. La qualité méthodologique des études a été évaluée et a fait l'objet de discussions chez l'ensemble des relecteurs.
Huit essais impliquant 3 417 participants ont été inclus. Les AA peuvent aider les patients à accepter un traitement et à le poursuivre au lieu de suivre des traitements alternatifs, bien que les preuves soient issues d'une étude de petite taille qui combinait les AA à d'autres interventions et qu'elles ne doivent pas être considérées comme étant conclusives. D'autres études signalaient des taux de rétention similaires quel que soit le groupe de traitement. Trois études comparaient la combinaison des AA à d'autres interventions par rapport à d'autres traitements et ont trouvé quelques différences au niveau du nombre de verres consommés et du pourcentage de jours d'alcoolisation. La gravité de la dépendance et les conséquences de l'alcoolisme ne semblaient pas être différentiellement influencées par une intervention TSF par rapport à des interventions de traitement de comparaison et aucune différence conclusive dans les taux de sortie de traitement n'a été signalée. Les études incluses ne permettaient pas d'évaluer de façon conclusive les effets des interventions TSF pour la promotion d'une abstinence totale.