Il existe des données limitées comparant des anticonvulsifs à un placebo en cas de syndrome de sevrage alcoolique, alors que les comparaisons réalisées avec d'autres médicaments ne montrent aucune différence claire.
La présente revue Cochrane récapitule les preuves issues de quarante-huit essais contrôlés randomisés évaluant l'efficacité et la tolérance des anticonvulsifs pour le traitement des symptômes du sevrage alcoolique. Il existe des données limitées comparant les anticonvulsifs à un placebo et aucune différence claire entre les anticonvulsifs et d'autres médicaments n'a été observée au niveau des taux de réussite thérapeutique. Les données concernant les critères de tolérance sont rares et fragmentées. D'autres études de taille plus grande et bien conçues devront être réalisées à ce sujet.
Les résultats de la présente revue fournissent des preuves insuffisantes en faveur des anticonvulsifs pour le traitement du syndrome de sevrage alcoolique. Il existe des suggestions selon lesquelles la carbamazépine peut être plus efficace pour le traitement de certains aspects du sevrage alcoolique par rapport aux benzodiazépines, le schéma posologique de première ligne actuellement préconisé pour le traitement du syndrome de sevrage alcoolique. Les anticonvulsifs semblent avoir des effets secondaires limités, bien que les effets indésirables ne soient pas rigoureusement signalés dans les essais analysés.
La consommation abusive et la dépendance à l'alcool sont des problèmes sanitaires graves à l'échelle mondiale avec des interpolations sociales, interpersonnelles et juridiques. Outre les benzodiazépines, les anticonvulsifs sont fréquemment utilisés pour le traitement des symptômes du sevrage alcoolique. Les anticonvulsifs sont préconisés pour le traitement du syndrome de sevrage alcoolique, seuls ou combinés à des traitements par benzodiazépines. Malgré une utilisation courante, le rôle exact des anticonvulsifs pour le traitement du sevrage alcoolique n'a pas encore été correctement évalué.
Évaluer l'efficacité et la tolérance des anticonvulsifs pour le traitement du sevrage alcoolique.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur les drogues et l'alcool (décembre 2009), PubMed, EMBASE, CINAHL (de 1966 à décembre 2009), EconLIT (de 1969 à décembre 2009). Des recherches parallèles ont été effectuées dans les sites Web d'agences d'évaluation des technologies de la santé et d'agences associées, ainsi que dans leurs bases de données.
Essais contrôlés randomisés (ECR) examinant l'efficacité, la tolérance et le rapport risques-effets bénéfiques global des anticonvulsifs par rapport à un placebo ou à un autre traitement pharmacologique. Tous les patients étaient inclus, sans tenir compte de l'âge, du sexe, de la nationalité et de l'administration du traitement en hôpital ou ambulatoire.
Deux auteurs ont indépendamment analysé et extrait des données provenant des études.
Cinquante-six études, totalisant 4 076 participants, répondaient aux critères d'inclusion. En comparant les anticonvulsifs à un placebo, aucun différence statistiquement significative n'a été observée pour les six critères de jugement pris en compte.
En comparant les anticonvulsifs à un autre médicament, 19 critères de jugement ont été pris en compte, les résultats favorisent les anticonvulsifs uniquement dans la comparaison de la carbamazépine aux benzodiazépines (oxazépam et lorazépam) pour le traitement des symptômes de sevrage alcoolique (score CIWA-Ar) : 3 études, 262 participants, DM - 1,04 (- 1,89 à - 0,20), aucune des autres comparaisons n'a atteint une signification statistique.
En comparant différents anticonvulsifs, aucune différence statistiquement significative n'a été observée pour les deux critères de jugement pris en compte.
En comparant les anticonvulsifs administrés en complément d'autres médicaments à d'autres médicaments (3 critères de jugement pris en compte), les résultats issus d'une seule étude de 72 participants favorisaient le paraldéhyde administré en complément de l'hydrate de chlorate par rapport à la chlordiazépoxide, en termes d'effets secondaires graves et mortels, RR 0,12 (0,03 à 0,44).