Quelle est l'efficacité de l'adalimumab pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et quel est son niveau de sécurité ?
Pour répondre à cette question, des scientifiques ont analysé six études de haute qualité. Ces études portaient sur plus de 2 300 personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde depuis plus de 10 ans. Les patients recevaient des injections d'adalimumab ou des injections de placebo. Certaines études évaluaient également des patients prenant du méthotrexate associé à de l'adalimumab ou à des injections de placebo. Cette revue Cochrane fournit les meilleures preuves actuellement disponibles.
Qu'est-ce que la polyarthrite rhumatoïde et en quoi l'adalimumab peut-il être utile ?
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie dans laquelle le système immunitaire attaque ses propres tissus sains. Cette attaque se produit principalement au niveau des articulations des pieds et des mains et entraîne des rougeurs, des douleurs, un gonflement et une sensation de chaleur autour des articulations affectées. L'adalimumab est un « agent biologique » injecté dans le corps pour réduire la douleur et le gonflement et ralentir la progression de la polyarthrite rhumatoïde. L'adalimumab est un nouveau médicament autorisé en injection à une dose de 40 mg toutes les deux semaines. Il est généralement prescrit lorsque les autres traitements de fond de la maladie ne sont pas efficaces.
Quelle est l'efficacité de l'adalimumab ?
Davantage de personnes présentaient une amélioration avec toutes les doses d'adalimumab avec méthotrexate qu'avec les injections de placebo avec méthotrexate. Au bout de 24 semaines :
- 43 personnes sur 100 montraient une amélioration de 50 % avec 40 mg d'adalimumab toutes les deux semaines associé à du méthotrexate.
- 9 personnes sur 100 montraient une amélioration de 50 % avec des injections de placebo et du méthotrexate.
Cela signifie que 34 personnes supplémentaires sur 100 ont bénéficié de la prise d'adalimumab avec méthotrexate par rapport aux injections de placebo avec méthotrexate.
Davantage de personnes présentaient une amélioration des symptômes avec l'adalimumab seul qu'avec les injections de placebo, mais cette amélioration était inférieure par rapport à l'adalimumab associé au méthotrexate.
Au bout de 52 semaines, les radiographies montraient que l'adalimumab à 20 mg par semaine ou 40 mg toutes les deux semaines ralentissait davantage les dommages articulaires que les injections de placebo.
Des effets secondaires ont-ils été observés ?
Des effets secondaires légers tels que des réactions au niveau du point d'injection, des céphalées, des symptômes de type allergique et des rhumes ont été observés. Certaines personnes se sont rendues à l'hôpital en raison d'effets secondaires graves. La plupart des effets secondaires se sont produits aussi bien chez les personnes traitées à l'adalimumab que chez les personnes recevant des injections de placebo.
5 personnes sur 100 ont présenté des effets indésirables graves avec 40 mg d'adalimumab toutes les deux semaines associé à du méthotrexate.
- 7 personnes sur 100 ont présenté des effets indésirables graves avec des injections de placebo associées à du méthotrexate.
Cela signifie que 2 personnes supplémentaires sur 100 ont présenté des effets indésirables graves avec des injections de placebo associées à du méthotrexate par rapport à l'adalimumab associé à du méthotrexate.
Une étude montrait que les personnes ayant reçu de l'adalimumab présentaient davantage d'infections graves telles qu'une tuberculose et un cancer que les personnes ayant reçu des injections de placebo. Les effets secondaires à long terme doivent encore être étudiés.
Quelles conclusions peut-on en tirer ?
Des preuves de niveau « or » (www.cochranemsk.org) indiquent que, chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde de longue date qui ne répondent pas aux traitements de fond de la maladie, l'adalimumab à 40 mg toutes les deux semaines associé à du méthotrexate réduit la douleur et le gonflement.
Sur la base des études examinées par la présente revue, l'adalimumab combiné au méthotrexate est efficace et sûr pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. L'adalimumab à 40 mg SC toutes les deux semaines et à 20 mg par semaine ralentit la progression radiographique à 52 semaines. L'adalimumab combiné à des traitements de fond de la maladie autres que le méthotrexate est également efficace et sûr, bien que ces données proviennent d'une seule étude portant sur un nombre de patients réduit dans chaque groupe. L'adalimumab en monothérapie est efficace et sûr pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde mais la quantité d’effet est inférieure à celle du traitement combiné.
L'adalimumab est un anticorps monoclonal anti-TNF alpha entièrement humain. Des études publiées indiquent que son usage peut être efficace et sûr chez les patients atteints de PR.
L'objectif de cette revue était d'évaluer l'efficacité et la sécurité de l'adalimumab pour le traitement de la PR.
Les bases de données électroniques suivantes ont été consultées jusqu'en août 2004 : MEDLINE, CINAHL, EBM Reviews (CDSR, ACP Journal Club, DARE et CENTRAL) et Health STAR. Les actes de conférence ont fait l'objet d'une recherche manuelle et les sociétés pharmaceutiques ont été contactées pour obtenir des données non publiées supplémentaires issues d'essais publiés. Le mot adalimumab a été recherché sous forme de texte car il n'est pas actuellement indexé. La recherche n'a fait l'objet d'aucune limite par langue, année de publication ou type de publication.
Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) ou essais cliniques comparatifs (ECC) comparant l'adalimumab seul ou combiné à des traitements de fond à un placebo ou d'autres traitements de fond de la maladie.
Deux évaluateurs ont collecté les données de manière indépendante dans un formulaire standardisé et ont évalué la qualité méthodologique des essais au moyen de critères homologués. Les mesures de résultats incluaient les réponses ACR et EULAR, le DAS 28 et des composants de la réponse ACR et des données radiographiques. Les données relatives à la sécurité ont également été incluses. Les données continues ont été rapportées sous forme de différence moyenne pondérée (DMP) avec un intervalle de confiance de 95 % (IC à 95 %), de bénéfice absolu (BA) et de différence relative (DR). Les résultats dichotomiques ont été rapportés sous forme de risque relatif (RR) avec un IC à 95 %, de différence absolue de risque (DAR) ou de différence de risques (DiffR) avec un IC à 95 %, et de nombre de sujets à traiter (NST) ou de nombre nécessaire pour nuire (NNN). Lorsque l'hétérogénéité n'était pas significative, les données ont été combinées.
Six études portant sur 2 381 patients ont été incluses dans cette revue. Deux comparaisons ont été effectuées : A. adalimumab sous-cutané (SC) + méthotrexate (ou traitement de fond) par rapport à un placebo SC + méthotrexate (ou traitement de fond de la maladie). B. adalimumab SC en monothérapie par rapport à un placebo SC. Dans la comparaison A, avec de l'adalimumab à 40 mg toutes les deux semaines, le RR pour atteindre une réponse ACR 20 à 24 semaines était compris entre 1,52 et 4,63 dans les études incluses, et le NST était compris entre 1,9 et 5,4. Le RR (IC à 95 %) pour atteindre une réponse ACR 50 était de 4,63 (3,04-7,05), et le NST était de 3,0 (IC à 95 %, 2,0-6,0). Le RR (IC à 95 %) pour atteindre une réponse ACR 70 était de 5,14 (3,14-8,41), et le nombre de sujets à traiter était de 7,0 (IC à 95 %, 5,0-13,0). À 52 semaines, les RR (IC à 95 %) pour atteindre une réponse ACR 20, 50 et 70 étaient de 2,46 (1,87-3,22), 4,37 (2,77-6,91) et 5,15 (2,60-10,22), avec des NST de 2,9, 3,1 et 5,3, respectivement. À 52 semaines, l'adalimumab à 40 mg toutes les deux semaines et à 20 mg par semaine ralentissait significativement la progression radiologique, y compris l'indice de Sharp modifié, le score d'érosion et la mesure de l'interligne articulaire (avec 40 mg toutes les deux semaines uniquement). Dans la comparaison B, avec de l'adalimumab à 40 mg toutes les deux semaines, les RR pour atteindre une réponse ACR 20, 50 et 70 à 24/26 semaines étaient de 1,91 (1,17-3,10), 2,84 (1,58-5,12) et 7,33 (2,25-33,90) avec des NST de 5,0 (IC à 95 %, 3,0-9,0), 7,0 (4,0-20,0) et 9,0 (3,0-38,0), respectivement. Dans la plupart des études et comparaisons analysées, aucune différence significative n'a été observée entre l'adalimumab et les groupes témoins concernant les résultats de sécurité. Le développement d'anticorps antinucléaires positifs était considérablement plus fréquent chez les patients traités à l'adalimumab que chez les patients traités au placebo. Les infections graves étaient considérablement plus fréquentes chez les patients traités à l'adalimumab dans une seule étude (Keystone 2004), avec un RR (IC à 95 %) de 7,64 (1,02-57,18) et un NNN de 30,2.