Ce résumé d’une revue Cochrane présente les connaissances actuelles issues de nos recherches concernant l’effet de la déhydroépiandrostérone (DHEA) sur le lupus. Cette revue indique que :
La DHEA entraîne probablement une différence minime ou inexistante en termes d'activité de la maladie chez les personnes souffrant d'une maladie légère à modérée mais peut probablement améliorer légèrement le bien-être général. Ces résultats reposent sur une preuve de qualité moyenne.
La DHEA améliorerait l'activité de la maladie chez les personnes atteintes d'un lupus grave ou actif, mais ce résultat repose sur une preuve de faible qualité, insuffisante pour établir cet effet avec certitude.
On ignore si la DHEA réduit les lésions organiques associées au lupus car ces lésions n'étaient pas mesurées dans ces études.
Les effets secondaires potentiels peuvent inclure de l'acné, une croissance pileuse excessive et des changements menstruels. Dans de nombreux cas, nous ne disposons pas d’informations précises concernant les effets secondaires et les complications.
On ignore si la DHEA entraîne des effets secondaires à long terme, tels que des problèmes cardiaques ou un cancer. En effet, ces études portaient sur un nombre réduit de participants et l'étude la plus longue ne durait qu'un an.
Que sont le lupus érythémateux disséminé (LED) et la DHEA (déhydroépiandrostérone) ?
Le lupus érythémateux disséminé (LED), ou simplement « lupus », est un ensemble de maladies dans lesquelles le système immunitaire attaque l'organisme. Il peut affecter n'importe quel organe contenant des tissus conjonctifs, tels que la peau, les reins, les yeux, les poumons, le cœur, les muscles, les os, le système nerveux et le système gastro-intestinal. Le lupus peut présenter des symptômes légers à potentiellement mortels. Il touche principalement les femmes jeunes mais peut également affecter les hommes et les enfants.
La DHEA (déhydroépiandrostérone) est une hormone présente dans l'organisme. Les personnes atteintes de lupus tendent à présenter une baisse des niveaux de DHEA. La prise de suppléments de DHEA sous forme de pilule peut donc permettre de contrôler le système immunitaire. La DHEA peut également remplacer les traitements à base de corticostéroïdes, ce qui permet d'éviter leurs effets secondaires.
Quels sont les effets de la DHEA (déhydroépiandrostérone) ?
Activité de la maladie (érythèmes ou variation des symptômes) : L'effet de la DHEA sur l'activité de la maladie ne peut pas être établi avec certitude. Il est possible que ces résultats soient dus au hasard.
Bien-être général : Amélioration de 12 points supplémentaires sur une échelle de 0 à 100
Moins de lésions organiques : La capacité de la DHEA à réduire les lésions organiques ne peut pas être établie avec certitude car ce résultat n'a été mesuré dans aucune des études.
Effets secondaires et complications : 20 personnes supplémentaires sur 100 atteintes d'un lupus léger à modéré souffrent d'acné avec la DHEA par rapport à l'absence de traitement.
Le LED étant une maladie très complexe, il s'avère très difficile d'étudier l'efficacité des différents traitements, y compris de la DHEA. Les sept ECR disponibles à ce jour indiquent que la DHEA a un impact modeste mais cliniquement significatif sur la qualité de vie liée à la santé à court terme. L'impact sur l'activité de la maladie était inégal et la DHEA ne présentait aucun bénéfice par rapport au placebo en termes d'évolution du score SLEDAI dans l'une des six études rapportant cette mesure de résultat. Les résultats à long terme et la sécurité n'ont pas été étudiés.
Le lupus érythémateux disséminé (LED) est une affection auto-immune multisystémique chronique inflammatoire. La déhydroépiandrostérone (DHEA) est un stéroïde inactif naturellement présent dans l'organisme qui possèderait des propriétés modificatrices de l'activité de la maladie ainsi qu'une capacité à réduire les érythèmes et la prise de stéroïdes.
Évaluer l'efficacité et la sécurité de la déhydroépiandrostérone par rapport à un placebo pour le traitement des personnes atteintes de lupus érythémateux disséminé.
Nous avons consulté la Bibliothèque Cochrane (Numéro 2, 2006), MEDLINE, Pub Med, EMBASE, Science Citation Index et ISI Proceedings, ainsi que les sites Web de Genelabs, FDA et EMEA. (Recherches effectuées en juin 2006 sauf mention du contraire).
Les essais contrôlés randomisés d'une durée d'au moins trois mois comparant la DHEA à un placebo chez les personnes atteintes de LED ont été inclus.
Deux auteurs de revue ont évalué la qualité et extrait les données.
Les sept ECR identifiés à ce jour (842 participants) fournissent une preuve de niveau « or » (www.cochranemsk.org) que la DHEA :
a peu d'effet clinique sur l'activité de la maladie des personnes présentant des symptômes légers/modérés (mesurés par les scores SLEDAI ou SLAM). Une étude fournissait cependant des preuves de stabilisation ou d'amélioration chez 8,3 % de patients supplémentaires par rapport au groupe du placebo ;
permet une amélioration modeste mais cliniquement significative de la qualité de vie liée à la santé, mesurée par l'évaluation globale du patient, et estimée à 11,5 % (11,5 mm sur une échelle de 100 mm) par méta-analyse ;
entraîne des événements indésirables chez un plus grand nombre de patients, en particulier des effets androgéniques tels que de l'acné, avec un risque deux fois supérieur au placebo (RR 2,2 ; IC à 95 %, entre 1,65 et 2,83).