Contexte
La plupart des femmes parviennent à accoucher sans que leur périnée ne subisse de lésions importantes. Toutefois, un traumatisme périnéal grave, affectant le muscle ou le tissu anal, se produit chez 1 à 8 % des parturientes et est courant en cas d'utilisation de forceps. Il augmente alors le risque d'infection. Les douleurs du périnée peuvent avoir un impact non seulement sur les activités quotidiennes de la femme, mais aussi sur ses relations avec son bébé et son partenaire.
On pense que les déchirures périnéales sévères pendant l'accouchement par voie basse augmentent le risque d'infection. Des antibiotiques sont souvent prescrits pour prévenir l'infection.
Objectif de la revue
Évaluer l'efficacité de l'antibioprophylaxie dans la prévention de l'infection des plaies périnéales en comparaison avec un placebo ou l'absence de traitement et comparer différents schémas d'antibiothérapie.
Principaux résultats
Cette revue a identifié un essai portant sur 147 femmes. L'essai avait été mené pour évaluer le bénéfice des antibiotiques prophylactiques de routine (groupe d'intervention) versus placebo (groupe témoin) chez les femmes souffrant de déchirures périnéales sévères. Les résultats mettent en évidence moins de complications des plaies périnéales dans le groupe d'intervention à deux semaines post-partum. Aucune différence statistiquement significative n'a été observée dans les complications des plaies périnéales avant la sortie d'hôpital et à six semaines post-partum.
La seule étude incluse s'est terminée avant d'avoir atteint la taille d'échantillon prévu et les pertes au niveau du suivi y étaient importantes.
Qualité des preuves
L'étude incluse était de qualité méthodologique élevée, sauf pour ce qui est du suivi incomplet. Pour la réduction de l'infection des plaies périnéales par l'antibioprophylaxie en cas de déchirures de troisième ou de quatrième degré, nous avons évalué le niveau de preuve comme étant faible à modéré. Cependant, les résultats sont basés sur un seul petit essai avec d'importantes pertes au niveau du suivi. Davantage de recherches sont nécessaires.
Même si les données suggèrent que l'antibioprophylaxie aide à éviter les complications des plaies périnéales après une déchirure périnéale du troisième ou du quatrième degré, les pertes ont été très importantes au niveau du suivi. Les résultats doivent être interprétés avec prudence car ils sont basés sur un seul essai à petite échelle.
Entre 1 et 8 % des femmes sont victimes de déchirure périnéale du troisième degré (plaie du sphincter anal) et de quatrième degré (plaie de la muqueuse rectale) lors d'un accouchement par voie basse, ces déchirures étant plus fréquentes en cas d'accouchement aux forceps (28 %) et d'épisiotomie médiane. Les déchirures du troisième et quatrième degré peuvent être contaminées par des bactéries venant du rectum, ce qui augmente considérablement le risque d'infection de la plaie périnéale. Une antibioprophylaxie pourrait permettre d'éviter cette infection.
Évaluer l'efficacité de l'antibioprophylaxie pour réduire la morbidité maternelle et les effets secondaires en cas de déchirure périnéale du troisième et quatrième degré au cours de l'accouchement par voie basse.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d’essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et l'accouchement (31 août 2014) et les bibliographies des articles identifiés.
Essais contrôlés randomisés comparant les résultats de l'antibioprophylaxie au placebo ou à l'absence d'antibiotiques en cas de déchirure périnéale du troisième et quatrième degré au cours de l'accouchement par voie basse.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les rapports d'essais pour l'inclusion ainsi que leurs risques de biais, ont extrait les données et en ont vérifié l'exactitude.
Nous avons identifié et inclus un essai (147 femmes sur un échantillon prévu de 310 femmes) comparant les effets de l'antibioprophylaxie (une seule dose de céphalosporine de deuxième génération, le céfotétan ou la céfoxitine, 1 g en intraveineuse) par rapport au placebo sur les complications des plaies périnéales post-partum en cas de déchirure périnéale du troisième ou du quatrième degré. Lors de l'examen post-partum à deux semaines, les complications des plaies périnéales (rupture de la plaie et écoulement purulent) concernaient respectivement 8,20 % des femmes du groupe de traitement et 24,10 % des femmes du groupe témoin (risque relatif (RR) 0,34 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,12 à 0,96). Cependant, le taux élevé de rendez-vous manqués peut limiter la généralisation des résultats. Le risque de biais global était faible, sauf en ce qui concerne les données de résultats incomplètes. La qualité des preuves évaluée par GRADE était modérée pour le taux d'infection à deux semaines post-partum, et faible pour le taux d'infection à six semaines post-partum.
Traduction réalisée par Cochrane France