Il existe de nombreuses méthodes médicamenteuses pour les interruptions planifiées de grossesse au cours du deuxième trimestre (avortement après trois mois). Nous avons effectué une recherche dans la littérature scientifique afin de déterminer quelle était la meilleure méthode. Nous avons identifié 38 études et sommes parvenus à la conclusion que le misoprostol était le médicament de choix pour l'interruption médicamenteuse de la grossesse, de préférence en combinaison avec la mifépristone qui potentialise son effet. Le misoprostol est encore plus efficace lorsqu'il est administré par voie vaginale. Les femmes ayant déjà vécu un accouchement auparavant peuvent prendre le misoprostol par voie orale (sublinguale). Quel que soit le médicament utilisé pour l’interruption de la grossesse au cours du deuxième trimestre, il existe un risque considérable d'intervention chirurgicale en raison d'hémorragies vaginales ou d'un avortement incomplet.
L’interruption médicamenteuse de grossesse au cours du deuxième trimestre avec une combinaison de mifépristone et de misoprostol semblait être la méthode la plus efficace, avec un délai d'avortement plus court. Lorsque la mifépristone n'est pas disponible, le misoprostol seul représente une alternative raisonnable. La voie optimale d'administration du misoprostol est la voie vaginale, de préférence en utilisant des comprimés toutes les trois heures. Les effets secondaires de l'administration vaginale de misoprostol sont généralement légers et limités, sauf en ce qui concerne la douleur. Les conclusions de cette revue sont limitées par les tranches d'âge gestationnel et la variabilité des approches médicales, notamment le dosage, les voies d'administration et les intervalles d’administration des essais inclus.
Grâce à l'amélioration des appareils d’échographie, les probabilités de déceler des anomalies structurelles importantes du fœtus au cours du deuxième trimestre ont considérablement augmenté. En cas de détection d'anomalies graves, les femmes se voient habituellement offrir la possibilité d'interrompre leur grossesse. Il existe, par ailleurs, de nombreuses raisons autres que les anomalies fœtales pour lesquelles les femmes peuvent vouloir avorter au cours du deuxième trimestre.
Comparer les différentes méthodes d'interruption médicamenteuse de grossesse au cours du deuxième trimestre en termes d’efficacité et d’effets secondaires.
Nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (Bibliothèque Cochrane), MEDLINE, Popline et les références bibliographiques des articles extraits, ainsi que d'autres sources.
Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) examinant l’approche médicale de l'interruption de la gestation d'un fœtus vivant unique entre la 12ème et la 28ème semaine ont été analysés. Les mesures des résultats étaient le délai entre déclenchement et avortement, le taux d'avortement au cours des 24 heures suivantes, la nécessité d'une évacuation chirurgicale, les hémorragies, les ruptures utérines, la douleur et les effets secondaires. Les essais incluant plus de 20 % de morts fœtale, des grossesses multiples ou des cicatrices utérines anciennes ainsi que les approches incluant une préparation du col de l'utérus ont été exclus.
Deux auteurs ont sélectionné les essais et trois auteurs ont extrait les données.
Quarante ECR, portant sur plusieurs agents pour l'interruption de grossesse et sur les méthodes d'administration, ont été inclus. Employé seul, le misoprostol s’avère un agent de déclenchement efficace, bien qu'il semble plus efficace en combinaison avec la mifépristone. Les preuves apportées par les ECR sont cependant limitées.
Le misoprostol était administré de préférence par voie vaginale, même si l'administration sublinguale chez les multipares semblait aussi efficace. Différentes doses de misoprostol ont été employées pour l’administration par voie vaginale. Aucun essai randomisé comparant les doses de misoprostol n'a été identifié. Cependant, de faibles doses de misoprostol semblent être associées à des effets secondaires moindres, tandis que des doses modérées semblent être plus efficaces pour obtenir un avortement complet. Quatre ECR ont montré que le délai entre déclenchement et avortement avec une administration vaginale toutes les trois heures de prostaglandines était plus court qu’avec une administration toutes les six heures, sans augmentation des effets secondaires.
De nombreuses études ont fait état de la nécessité d’une évacuation chirurgicale. Les indications de l'évacuation chirurgicale incluent la rétention de résidus placentaires et les fortes hémorragies vaginales. Les femmes ayant eu besoin d'une évacuation chirurgicale lorsque le misoprostol était administré par voie vaginale étaient moins nombreuses que celles ayant reçu du PGF2a par voie intra-amniotique. De légères diarrhées, cessant spontanément, étaient plus fréquentes avec le misoprostol qu’avec d'autres agents.