L'infection de l'appareil génital supérieur, notamment de l'utérus et des trompes de Fallope, peut provoquer des complications après un avortement provoqué. Les antibiotiques administrés au moment de l'avortement (prophylaxie) pourraient prévenir cette complication. Nous avons trouvé 19 essais contrôlés randomisés qui examinaient l'effet de la prophylaxie antibiotique sur l'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum chez les femmes demandant un avortement provoqué au cours du premier trimestre de grossesse. Nous avons examiné l'effet d'un schéma prophylactique antibiotique sur le critère d'évaluation. Globalement, le risque d'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum chez les femmes recevant des antibiotiques représentait 59 % de celui des femmes qui recevaient un placebo. Cependant, nous avons constaté, entre les résultats des essais, des différences supérieures à ce qu'on pourrait attendre par le seul fruit du hasard. Il convient de remarquer que, si l'infection est provoquée par un organisme sexuellement transmissible, la prophylaxie antibiotique ne protègera pas la femme d'une réinfection si son partenaire sexuel n'a pas été traité. Aucun des essais n'a été réalisé dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où le risque de complications post-abortum est le plus élevé. Des essais supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si des combinaisons d'antibiotiques peuvent prévenir davantage d'infections que des antibiotiques seuls ou si la prophylaxie antibiotique devrait être limitée aux femmes présentant des résultats positifs aux tests de dépistage avant l'avortement.
La prophylaxie antibiotique au moment de l'avortement chirurgical au premier trimestre est efficace pour prévenir l'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum. Les preuves d'une hétérogénéité entre les essais suggèrent que l'effet pourrait ne pas s'appliquer à tous les contextes, à tous les groupes de population ou à toutes les interventions.
Cette revue n'a pas déterminé le schéma prophylactique antibiotique le plus efficace. Le choix de l'antibiotique doit prendre en compte l'épidémiologie locale des infections de l'appareil génital, notamment des infections sexuellement transmissibles.
Des ECR supplémentaires comparant différents antibiotiques ou différentes combinaisons d'antibiotiques entre eux seraient utiles. Ces essais pourraient être réalisés dans des pays à revenu faible et intermédiaire et où la prévalence des infections de l'appareil génital chez les femmes se présentant pour un avortement est élevée.
Il existe deux stratégies principales pour la prévention de l'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum : l'administration d'antibiotiques au moment de la chirurgie pour toutes les femmes et la stratégie de « dépistage et traitement », dans laquelle les infections génitales sont dépistées chez toutes les femmes se présentant pour un avortement et celles ayant des résultats positifs sont traitées.
Déterminer :
1. l'efficacité de la prophylaxie antibiotique pour prévenir l'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum ;
2. le schéma posologique des antibiotiques le plus efficace ;
3. la stratégie la plus efficace.
Nous avons effectué une recherche dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), PubMed, EMBASE, POPLINE et LILACS. La dernière mise à jour de la recherche date de mai 2011.
Les essais contrôlés randomisés (ECR), dans toutes les langues, portant sur des femmes subissant un avortement chirurgical ou médical provoqué au cours du premier trimestre et comparant : 1) un schéma posologique d'antibiotique à un placebo, l'absence d'intervention ou un autre antibiotique ; 2) une approche de dépistage et traitement versus antibiotiques. Le critère de jugement principal était la proportion de femmes auxquelles était diagnostiquée une infection de l'appareil génital supérieur post-abortum.
Deux relecteurs ont sélectionné des bibliographies et extrait des données de façon indépendante. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 %. Nous avons utilisé une méta-analyse lorsque cela était approprié et avons examiné l'hétérogénéité entre les essais au moyen de la statistique I2. Du fait d'une hétérogénéité entre les essais, nous avons également estimé l'intervalle de prévision (IP) à 95 %.
Un total de 703 éléments uniques ont été identifiés. Nous avons inclus 19 ECR. Des preuves d'un biais d'étude faible ont été observées (test de Egger, P = 0,002). Dans 15 ECR contrôlés par placebo on a constaté un effet de la prophylaxie antibiotique (RR global 0,59, IC à 95 % 0,46 à 0,75, IP à 95 % 0,30 à 1,14, I2 = 39 %). Les données ont été insuffisantes (trois essais) pour déterminer si un schéma posologique était supérieur à un autre. Dans un essai, l'incidence de l'infection de l'appareil génital supérieur post-abortum était supérieure chez les femmes assignées à la stratégie de dépistage et de traitement (RR 1,53, IC à 95 % 0,99 à 2,36).