La dysménorrhée est une gêne très courante qui se manifeste par des crampes menstruelles douloureuses au niveau de l'abdomen. La dysménorrhée primaire correspond à des douleurs dont la cause est inconnue (c'est-à-dire qu'aucune affection médicale n'est identifiée). Des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens ou une pilule contraceptive ont été utilisés avec succès comme traitement mais de plus en plus de femmes recherchent des traitements non médicamenteux. Les plantes médicinales chinoises sont utilisées depuis des siècles en Chine et sont actuellement utilisées dans les hôpitaux publics en Chine pour le traitement de la dysménorrhée primaire. La présente revue a trouvé des preuves prometteuses en faveur de l'utilisation des plantes médicinales chinoises, afin de réduire les douleurs menstruelles dans le traitement de la dysménorrhée primaire, comparées à la médecine conventionnelle, comme les AINS et la pilule contraceptive orale, à l'acupuncture et à l'application de compresses chaudes. Aucun effet indésirable significatif n'a été identifié dans cette revue. Toutefois, ces résultats doivent être interprétés avec prudence en raison de la qualité méthodologique généralement faible des études incluses.
La présente revue a trouvé des preuves prometteuses en faveur de l'utilisation de plantes médicinales chinoises contre la dysménorrhée primaire. Toutefois, les résultats sont limités par la qualité méthodologique médiocre des essais inclus.
Le traitement standard de la dysménorrhée primaire affiche un taux d'échec de 20 à 25 % et peut être contre-indiqué ou non toléré par certaines femmes. Les plantes médicinales chinoises peuvent se révéler être une alternative appropriée.
Afin de déterminer l'efficacité et l'innocuité des plantes médicinales chinoises dans le cas d'une dysménorrhée primaire par rapport à un placebo, à l'absence de traitement et à d'autres traitements,
nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur les troubles menstruels et de la fertilité (jusqu'en 2006), MEDLINE (de 1950 à janvier 2007), EMBASE (de 1980 à janvier 2007), CINAHL (de 1982 à janvier 2007), AMED (de 1985 à janvier 2007), CENTRAL (The Cochrane Library, numéro 4, 2006), China National Knowledge Infrastructure (CNKI, de 1990 à janvier 2007), Traditional Chinese Medicine Database System (TCMDS, de 1990 à décembre 2006) et la Chinese BioMedicine Database (CBM, de 1990 à décembre 2006). Les bibliographies des essais inclus ont également été consultées.
Des essais contrôlés randomisés comparant les plantes médicinales chinoises à un placebo, à l'absence de traitement, à un traitement standard, à l'application de compresses chaudes, à un autre type de plante médicinale chinoise, à l'acupuncture ou à des massages. Les critères d'exclusion étaient une pathologie pelvienne identifiable et une dysménorrhée dues à l'utilisation d'un dispositif contraceptif intra-utérin.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué la qualité méthodologique des essais, extrait et traduit les données. Nous avons essayé de contacter les auteurs des études afin d'obtenir des informations et des données supplémentaires. Les données ont été combinées pour réaliser une méta-analyse à l'aide des odds ratio de Peto ou des risques relatifs (RR) pour les données dichotomiques et de la différence moyenne pondérée pour les données continues. Un modèle statistique à effets fixes a été utilisé, le cas échéant. En cas de données inadaptées à la méta-analyse, toute donnée disponible dans les essais était extraite et présentée comme donnée descriptive.
Trente-neuf essais contrôlés randomisés, impliquant un total de 3 475 femmes, étaient inclus dans la revue. La taille d'échantillon de plusieurs essais était petite avec une qualité méthodologique médiocre. Les résultats obtenus suite à la comparaison des plantes médicinales chinoises à un placebo n'étaient pas clairs car les données ne pouvaient pas être combinées (3 ECR). Les plantes médicinales chinoises soulageaient davantage la douleur (14 ECR ; RR 1,99, IC à 95 % 1,52 à 2,60), les symptômes globaux (6 ECR ; RR 2,17, IC à 95 % 1,73 à 2,73) et réduisaient l'administration de médicaments supplémentaires (2 ECR ; RR 1,58, IC à 95 % 1,30 à 1,93) par rapport à l'administration de médicaments pharmaceutiques. Des formules auto-élaborées à base de plantes médicinales chinoises soulageaient davantage la douleur (18 ECR ; RR 2,06, IC à 95 % 1,80 à 2,36), les symptômes globaux (14 ECR ; RR 1,99, IC à 95 % 1,65 à 2,40) et réduisaient l'administration de médicaments supplémentaires (5 ECR ; RR 1,58, IC à 95 % 1,34 à 1,87) après trois mois de suivi par rapport à des produits de santé à base de plantes médicinales chinoises couramment administrés. De même, les plantes médicinales chinoises soulageaient davantage la douleur par rapport à l'acupuncture (2 ECR ; RR 1,75, IC à 95 % 1,09 à 2,82) et à l'application de compresses chaudes (1 ECR ; RR 2,08, IC à 95 % 2,06 à 499,18).