Quel est l’objectif de cette revue ?
Le but de cette revue Cochrane était de déterminer si les substances appelées agents de tamponnement utilisées pour traiter le décollement de la rétine (DR) associé à la vitréorétinopathie proliférante (VRP) sont sûres et efficaces. La VRP fait référence à la croissance et à la cicatrisation de la rétine.
Principaux messages
Le choix d'un agent de tamponnement doit être propre à chaque patient. L'utilisation de C3F8 (un type de gaz) ou d'huile de silicone standard semble raisonnable. L'huile de silicone lourde, qui n'est pas disponible pour un usage clinique de routine aux États-Unis, ne présente aucun avantage ou bénéfice par rapport à l'huile de silicone standard.
Qu'étudie cette revue ?
La rétine est le tissu de détection de la lumière le plus profond de l'œil (semblable à la pellicule d'un appareil photo), et son fonctionnement normal dépend de sa fixation à la couche sous-jacente. Le DR est un trouble de l'œil dans lequel la rétine se sépare physiquement de la couche de tissu sous-jacente. La macula est la partie la plus centrale de la rétine et est responsable de la vision centrale des couleurs à haute résolution. Les patients présentant un DR impliquant la macula ont généralement une perte visuelle plus sévère que les patients sans décollement maculaire associé. Le DR est généralement traité par la chirurgie, mais celui-ci n'est pas toujours fructueux. Chez certains patients, l'opération est initialement une réussite, mais le DR pourrait réapparaître des mois ou des années plus tard. Les DR les plus courants, et certains DR primaires, sont associées à une croissance et à une cicatrisation de la rétine appelée vitréorétinopathie proliférative (VRP). La seule thérapie éprouvée pour le DR associé à la VRP est une autre chirurgie qui consiste à retirer les membranes de la surface de la rétine et à injecter des agents de tamponnement dans l'œil pour maintenir en place la rétine nouvellement attachée. Les principaux agents de tamponnement disponibles aujourd'hui sont des gaz divers et des huiles de silicone. On ignore si ces agents de tamponnement sont efficaces et sûrs.
Quels sont les principaux résultats de la revue ?
Nous avons trouvé quatre essais contrôlés randomisés avec un total de 601 participants qui comparaient divers agents de tamponnement. Tous les participants ont subi une intervention chirurgicale pour traiter le DR associée à la VRP.
Il ne semble pas y avoir de différences majeures entre le C3F8 (un type de gaz) et l'huile de silicone en termes de netteté de la vision (acuité visuelle) ou de fixation de la rétine à la macula, la zone de forme ovale située près du centre de la rétine. L'huile de silicone pourrait être meilleur que le SF6 (un autre type de gaz) pour la fixation de la rétine à la macula et d'autres critères de jugement à court terme.
Cette revue est-elle à jour ?
Les chercheurs de Cochrane ont recherché des études qui avaient été publiées jusqu'au 2 janvier 2019.
Il ne semble pas y avoir de différences majeures dans les critères de jugement entre le C3F8 et l'huile de silicone. L'huile de silicone pourrait être meilleur que le SF6 pour l'attachement maculaire et d'autres critères de jugement à court terme. Le choix d'un agent de tamponnement doit être propre à chaque patient. Tant l'utilisation du C3F8 que celle de l'huile de silicone standard semble raisonnable pour la plupart des patients atteints de décollement de la rétine associée à la vitréorétinopathie proliférante. L'huile de silicone lourde, qui n'est pas disponible pour un usage clinique de routine aux États-Unis, pourrait ne pas démontrer de données probantes indiquant une supériorité par rapport à l'huile de silicone standard.
Le décollement de la rétine (DR) avec vitréorétinopathie proliférative (VRP) nécessite souvent une intervention chirurgicale pour rétablir une anatomie normale et stabiliser ou améliorer la vision. La VRP se produit généralement en association avec un DR récurrent (c'est-à-dire après une première chirurgie de rattachement de la rétine), mais elle pourrait parfois être associée à un DR primaire. Dans les deux cas, un agent de tamponnement (gaz ou huile de silicone) est nécessaire pendant l'opération pour réduire le taux de récidive postopératoire.
L'objectif de cet revue était d'évaluer la sécurité et l'efficacité relatives de divers agents de tamponnement utilisés lors de la chirurgie pour le DR compliqué par la VRP.
Nous avons effectué une recherche dans CENTRAL (qui contient le registre des essais du groupe Cochrane sur l'ophtalmologie) (The Cochrane Library 2019, numéro 1), Ovid MEDLINE, Ovid MEDLINE In-Process and Other Non-Indexed Citations, Ovid MEDLINE Daily, Ovid OLDMEDLINE (de janvier 1946 à novembre 2019), EMBASE (de janvier 1980 à novembre 2019), Latin American and Caribbean Literature on Health Sciences (LILACS) (de janvier 1982 à novembre 2019), le métaRegistre des essais contrôlés (mRCT) (www.controlled-trials.com), ClinicalTrials.gov (www.clinicaltrials.gov) et le système d'enregistrement international des essais cliniques de l'OMS (ICTRP) (www.who.int/ictrp/search/fr). Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue ou la date lors des recherches électroniques d'essais. Nous avons consulté les bases de données électroniques pour la dernière fois le 2 janvier 2019.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) sur des participants subissant une intervention chirurgicale pour un DR associée à une VRP, qui comparaient divers agents de tamponnement.
Deux auteurs de la revue ont examiné les résultats des recherches de façon indépendante. Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane.
Nous avons identifié quatre ECR (601 participants) qui ont fourni des données pour les critères de jugement primaires et secondaires. Trois ECR ont fourni des données sur l'acuité visuelle, deux sur l'attachement maculaire, un sur le rattachement rétinien et deux sur des événements indésirables tels que le DR, l'aggravation de l'acuité visuelle et la pression intraoculaire.
Caractéristiques des études
Les caractéristiques des participants variaient selon les études et les groupes d'intervention, avec une fourchette d'âge comprise entre 21 et 89 ans, et une majorité d’hommes. L'étude sur les silicones a été menée aux États-Unis et a consisté à la réalisation de deux ECR : (l’huile de silicone par rapport à l'hexafluorure de soufre (SF6) ; 151 participants) et (l’huile de silicone par rapport au perfluropropane (C3F8) ; 271 participants). Le troisième ECR a comparé l'huile de silicone lourde (un mélange de perfluorohexyloctane (F6H8) et d'huile de silicone) à l'huile de silicone standard (soit 1000 centistokes ou 5000 centistokes ; 94 participants). Le quatrième ECR a comparé 1000 centistokes d’huile de silicone à 5000 centistokes d'huile de silicone chez 85 participants. Nous avons évalué la plupart des ECR avec un risque de biais faible ou incertain pour la plupart des domaines de « risque de biais ».
Résultats
Bien que le gaz SF6 ait été associé à des critères de jugement anatomiques et visuels plus mauvais que l'huile de silicone à un an (données quantitatives non communiquées), à deux ans, l'huile de silicone n'a pas montré de données probantes indiquant une différence d'acuité visuelle comparée au gaz SF6 (33 % contre 51 % ; risque relatif (RR) 1,57 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,93 à 2,66 ; 1 ECR, 87 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). À un an, un autre ECR comparant l'huile de silicone et le gaz C3F8 n'a pas trouvé des données probantes indiquant une différence d'acuité visuelle entre les deux groupes (41 % contre 39 % ; RR 0,97 ; IC à 95 % 0,73 à 1,31 ; 1 ECR, 264 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Dans un troisième ECR, les participants traités avec de l'huile de silicone standard n'ont pas non plus montré de données probantes indiquant une différence dans le changement de l'acuité visuelle à un an, mesuré sur l'échelle logMAR, comparés à ceux recevant de l'huile de silicone lourde (différence moyenne -0,03 logMAR ; IC à 95% -0,35 à 0,29 ; 1 ECR ; 93 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Le quatrième ECR qui comparait l’huile de silicone à 5000 centistokes et celle à 1000 centistokes n'a pas rapporté de données sur l'acuité visuelle.
Pour l'attachement maculaire, les participants traités à l'huile de silicone pourraient probablement connaître des résultats plus favorables que les participants qui ont reçu du SF6 à la fois à un an (données quantitatives non communiquées) et à deux ans (58 % contre 79 % ; RR 1,37 ; IC à 95 % 1,01 à 1,86 ; 1 ECR ; 87 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Un autre ECR comparant l'huile de silicone au C3F8 à un an, n’a pas trouvé de données probantes indiquant une différence concernant l'attachement maculaire (RR 1,00 ; IC à 95% 0,86 à 1,15 ; 1 ECR, 264 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Un ECR qui a comparé 5000 centistokes à 1000 centistokes a rapporté que le rattachement de la rétine a été un succès chez 67 participants (78,8%) avec la première chirurgie et 79 participants (92,9%) avec la deuxième chirurgie, et n’a pas rapporté de données probantes indiquant une différence entre les groupes (1 ECR ; 85 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Le quatrième ECR qui a comparé l'huile de silicone standard à l'huile de silicone lourde n'a rien rapporté concernant l'attachement maculaire.
Événements indésirables
Dans un ECR (86 participants), comparant ceux qui ont reçu de l'huile de silicone standard à 1000 centistokes à ceux qui ont reçu de l'huile de silicone à 5000 centistokes, n’a pas montré de données probantes indiquant un différence concernant l'élévation de la pression intraoculaire à 18 mois (24% contre 22% ; RR 0,90 ; IC à 95% 0.41 à 1,94 ; données probantes d’un niveau de confiance faible), dans une cataracte visuellement significative (49 % contre 64 % ; RR 1,30 ; IC à 95% 0,89 à 1,89 ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et dans une incidence de décollement de la rétine après l'élimination de l'huile de silicone (RR 0,36 IC à 95% 0,08 à 1,67 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Un autre ECR comparant l'huile de silicone standard à l'huile de silicone lourde suggère qu’il n’y a pas de différence dans le décollement de la rétine à un an (25% contre 22% ; RR 0,89 ; IC à 95% 0,54 à 1,48 ; 1 ECR ; 186 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Le décollement de la rétine n'a pas été signalé dans les ECR qui ont comparé l'huile de silicone au SF6 et l'huile de silicone au C3F8.
Post-édition effectuée par Valentin Arrous et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr