Les benzodiazépines pour le traitement de la schizophrénie

Les médicaments antipsychotiques sont la principale méthode de traitement pour les personnes souffrant de maladie mentale. Toutefois, de nombreuses personnes ayant des problèmes de santé mentale ne répondent pas bien aux antipsychotiques qui sont souvent très efficaces pour le traitement des symptômes positifs (par ex. le fait d'entendre des voix ou de voir des choses) mais pas pour les symptômes négatifs (par ex. la perte des émotions et l'inactivité). En outre, les antipsychotiques peuvent parfois provoquer des effets secondaires invalidants tels que les troubles du mouvement, la prise de poids, la somnolence et les vertiges. Si quelqu'un ne répond pas bien aux médicaments antipsychotiques traditionnels, les psychiatres doivent choisir entre passer à un autre type de médicament susceptible de mieux marcher, ou ajouter un ou plusieurs autres médicaments pour compléter le traitement antipsychotique original.

Les benzodiazépines peuvent être pris seuls ou en combinaison avec des médicaments antipsychotiques plus traditionnels. Ils entrainent la sédation et le calme et détendent les muscles ; ils donc sont utiles pour calmer les gens agités souffrant d'anxiété, de troubles du sommeil, de convulsions, de sevrage alcoolique ou de problèmes aigus de santé mentale.

Cette revue a trouvé 34 études totalisant 2657 personnes. Elle a comparé les benzodiazépines utilisées comme médicament unique ou combinés à un autre médicament pour les personnes atteintes de schizophrénie. Les informations fournies par les 34 études étaient généralement médiocres, incomplètes et mal rapportées. Les 34 études étaient de courte durée et de petite taille. La revue suggère que les données étayant l'utilisation des benzodiazépines, seuls ou en combinaison, sont peu nombreuses. Les benzodiazépines ont cependant des propriétés sédatives qui peuvent calmer les gens pendant une courte durée. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, impliquant en particulier les benzodiazépines comme traitement d'appoint utilisé en association avec des médicaments antipsychotiques traditionnels.

Ce résumé en langage simplifié a été rédigé par Benjamin Gray, Bénéficiaire du service et Expert auprès des bénéficiaires du service, Rethink Mental Illness, E-mail : ben.gray@rethink.org.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe actuellement aucune preuve convaincante permettant d'étayer ou de récuser la pratique consistant à administrer des benzodiazépines en monothérapie ou en association avec des antipsychotiques pour le traitement pharmacologique de la schizophrénie et de la psychose de type schizophrénique. Des données de faible qualité laissent penser que les benzodiazépines sont efficaces pour la sédation à très court terme et leur utilisation pourrait être envisagée pour calmer les personnes extrêmement agitées souffrant de schizophrénie. L'acceptabilité du traitement par benzodiazépines, mesurée par le taux d'attrition global, semble correcte. Le compte-rendu des effets indésirables était généralement médiocre. Des projets de recherche de bonne qualité et avec de grands effectifs seront nécessaires pour clarifier le rôle du traitement aux benzodiazépines dans la schizophrénie, en particulier en ce qui concerne les stratégies d'administration en appoint à long terme.

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Contexte: 

Étant donné le nombre élevé de personnes atteintes de schizophrénie ne répondant pas suffisamment à la monothérapie par agents antipsychotiques, un certain nombre d'essais cliniques ont examiné l'efficacité et l'innocuité de médicaments complémentaires. Une approche de ce sujet de recherche a été l'utilisation de benzodiazépines, en monothérapie ou en association avec des antipsychotiques.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité, l'acceptabilité et la tolérabilité des benzodiazépines chez les personnes atteintes de schizophrénie et de psychoses de type schizophrénique.

Stratégie de recherche documentaire: 

En février 2011, nous avons mis à jour la revue de littérature de la version précédente de cette revue systématique (dernière recherche effectuée en mars 2005). Nous avons cherché dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (contenant les recherches méthodiques de BIOSIS, CINAHL, Dissertation Abstracts, EMBASE, LILACS, MEDLINE, PsycINFO, PSYNDEX, RUSSMED, Sociofile, complétées par la recherche manuelle de revues pertinentes et d'un certain nombre d'actes de conférences). Nous avons, en outre, passé au crible les références bibliographiques de toutes les études identifiées afin de trouver d'autres études pertinentes et avons contacté les auteurs de certaines publications pour obtenir des données manquantes. Aucune restriction de langue n'a été appliquée.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais cliniques randomisés comparant des benzodiazépines (en monothérapie ou comme agent d'appoint) à des médicaments antipsychotiques ou à un placebo pour le traitement pharmacologique de la schizophrénie et/ou des psychoses de type schizophrénique.

Recueil et analyse des données: 

Les auteurs de la revue (MD et CL) ont analysé indépendamment les références issues de la recherche de mise à jour en se référant aux critères d'inclusion. MD et CL ont extrait toutes les données des essais inclus.

Pour les critères de résultat dichotomiques, nous avons calculé le risque relatif (RR) et son intervalle de confiance (IC) à 95 %. Nous avons analysé les données continues au moyen de la différence moyenne (DM) et de son IC à 95 %. Nous avons évalué à l'aide de l'outil de risque de biais chaque critère de résultat pré-sélectionné pour chacun des essais inclus.

Résultats principaux: 

La recherche de mise à jour a mené à trois nouveaux essais contrôlés randomisés. La revue inclut présentement 34 essais totalisant 2657 participants. La plupart des études étaient caractérisées par de petits effectifs, une courte durée et un compte-rendu incomplet des résultats.

La monothérapie par benzodiazépines était comparée à un placebo dans huit essais. La proportion de participants sans réponse clinique importante ne différait pas significativement entre les récipiendaires de benzodiazépines et de placebo (N = 382, 6 ECR ; RR 0,67 ; IC 0,44 à 1,02). Les résultats des différentes échelles de notation utilisées pour évaluer l'état global et mental n'étaient pas cohérents.

Quatorze études avaient comparé la monothérapie par benzodiazépines à la monothérapie antipsychotique. L'évaluation de la réponse cliniquement importante au traitement n'a révélé aucune différence statistiquement significative entre les groupes d'étude (30 minutes : N = 44, 1 ECR, RR 0,91 IC 0,58 à 1,43 ; 60 minutes : N = 44, 1 ECR, RR 0,61 IC 0,20 à 1,86 ; 12 minutes : N = 66, 1 ECR, RR 0,75 IC 0,44 à 1,30 ; études à court terme regroupées : N = 112, 2 ECR, RR 1,48 IC 0,64 à 3,46). À 20 et 40 minutes, la sédation désirée était significativement plus fréquente chez les participants du groupe à benzodiazépines que chez ceux du groupe à antipsychotiques. Aucune différence importante entre les groupes n'a pu être identifiée pour l'état global et mental ou pour la survenue d'effets indésirables.

Vingt essais avaient comparé l'adjonction de benzodiazépines aux antipsychotiques avec la monothérapie antipsychotique. Si l'on se réfère aux réponses cliniquement importantes, on n'a pu démontrer d'amélioration statistiquement significative que pour les 30 premières minutes du traitement d'appoint (30 minutes : 1 ECR, N = 45, RR 0,38 IC 0,18 à 0,80 ; 60 minutes : N = 45, 1 ECR, RR 0,07 IC 0,00 à 1,13 ; 12 heures : N = 67, 1 ECR, RR 0,85 IC 0,51 à 1,41 ; études à court terme regroupées : N = 511, 6 ECR, RR 0,87 IC 0,49 à 1,54). Les analyses de l'état global et mental n'ont pas mis en évidence de différences entre les groupes, sauf pour la sédation désirée à 30 ainsi qu'à 60 minutes (30 minutes : N = 45, 1 ECR, RR 2,25 IC 1,18 à 4,30 ; 60 minutes : N = 45, 1 ECR, RR 1,39 IC 1,06 à 1,83).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.