Problématique de la revue
L'objectif de cette revue Cochrane était de déterminer quel traitement pour la prise en charge des dents permanentes antérieures expulsées suite à un choc et réimplantées était le plus efficace.
Contexte
Les traumatismes aux dents antérieures sont fréquents. L'un des plus graves se produit lorsque la dent est entièrement expulsée hors de la bouche (avulsée). En général, la meilleure option consiste à réimplanter la dent le plus vite possible. Seules les dents permanentes sont concernées par cette intervention. Une fois réimplantée, la dent peut guérir de deux manières différentes à condition d'être correctement soignée. Théoriquement, le ligament entourant la racine se régénère et, alors, la dent est censée avoir une durée de vie semblable à celle de n'importe quelle autre dent, on parle alors de « cicatrisation parodontale ». Lorsqu'il y a trop de dommages aux ligaments, la cicatrisation se fait par remplacement osseux. Au fil des ans, l'alvéole osseuse adjacente remodèlera la dent (en remplaçant la racine par de l'os), laissant la dent sans racine. Une fois la racine remplacée, la partie visible de la dent, la couronne, finira par céder et tombera. On parle alors de « cicatrisation osseuse ». La cicatrisation osseuse cause des problèmes importants à moyen terme chez l’enfant et les traitements associés font l'objet d'une autre revue Cochrane. L'absence d'une ou de plusieurs dents antérieures, en raison de la non-réimplantation d’une dent avulsée ou d’une cicatrisation osseuse à moyen ou à long terme, peut avoir des effets notables sur l’esthétisme des dents et du visage. Ceci peut avoir un effet sur l'estime et l'interaction sociale générale de la personne, ainsi que l'opinion et la manière dont les autres la voient.
Caractéristiques des études
Les auteurs du groupe de travail Cochrane sur la santé bucco-dentaire ont effectué cette revue et les preuves sont à jour jusqu'au 8 mars 2018. La présente revue a étudié les traitements qui encouragent la réparation dentaire par cicatrisation parodontale. Quatre études ont été incluses pour un total de 183 participants et 257 dents. Une étude portait sur des enfants et des jeunes adultes, et les trois autres, sur des enfants seulement. Chaque étude a évalué un traitement différent : oxygène hyperbare, pâtes pour canal radiculaire (Ledermix versus Ultracal), ablation du nerf de la dent (extirpation de la pulpe) et immersion de la dent avulsée dans de la thymosine alpha 1. Chacune des interventions visait à réduire l'infection ou à modifier la réponse inflammatoire, ou les deux, au moment de la réimplantation de la dent ou des dents, ou peu après.
Résultats principaux
Les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour tirer des conclusions fiables quant à la supériorité de différentes interventions pour les dents permanentes antérieures expulsées suite à un choc et réimplantées. Il est urgent de procéder à des essais contrôlés randomisés bien conçus.
Valeur probante des données
Nous avons jugé la qualité des données probantes comme étant très faible en raison de problèmes liés à la conception des études.
D'après les résultats des études incluses, il n'y a pas suffisamment de preuves pour appuyer ou réfuter l'efficacité de différentes interventions pour les dents permanentes antérieures avulsées et réimplantées. La valeur probante des données existantes étant globalement très faible, il convient de faire preuve d'une grande prudence lors de la généralisation des résultats des études incluses dans cette revue. Il est urgent de procéder à des essais contrôlés randomisés bien conçus.
Les traumatismes dentaires sont fréquents. L'un des traumatismes les plus graves se produit lorsqu'une dent permanente est complètement éjectée de la bouche (avulsée). Dans la plupart des cas, la dent doit être réimplantée le plus vite possible. On ne sait pas avec certitude quelles interventions maximiseront la survie et la réparation de la dent réimplantée. Ceci est une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois en 2010.
Comparer les effets d’un éventail d’interventions pour la prise en charge de l’avulsion de dents permanentes antérieures.
Le spécialiste de l'information du groupe de travail Cochrane sur la santé bucco-dentaire a fait des recherches dans les bases de données suivantes : le registre des essais du groupe de travail Cochrane sur la santé bucco-dentaire (jusqu'au 8 mars 2018), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; 2018, numéro 2), la Bibliothèque Cochrane (recherche effectuée le 8 mars 2018), MEDLINE Ovid (1946 au 8 mars 2018) et Embase Ovid (1980 au 8 mars 2018). Le registre des essais en cours des National Institutes of Health des États-Unis (ClinicalTrials.gov) et le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé ont été consultés pour trouver des essais en cours. Aucune restriction concernant la langue ou la date de publication n'a été imposée lors des recherches dans les bases de données électroniques.
Nous avons pris en compte les essais contrôlés randomisés et quasi randomisés qui incluaient une période de suivi minimale de 12 mois, concernant des interventions sur des dents permanentes antérieures avulsées et réimplantées.
Deux auteurs de la présente revue ont, de manière indépendante, sélectionné les études, extrait les données et évalué le risque de biais. Les auteurs des différentes études ont été contactés, lorsque cela était nécessaire, pour obtenir de plus amples renseignements sur leurs études.
Quatre études, portant sur un total de 183 participants et 257 dents, ont été identifiées. Chacune des interventions visait à réduire l'infection ou à modifier la réponse inflammatoire, ou les deux, au moment de la réimplantation de la dent ou des dents, ou peu après. Chaque étude a évalué une intervention différente, de sorte que les données n'étaient pas appropriées pour une synthèse numérique des données ou ne la permettaient pas. Nous avons estimé que les données avaient une valeur probante très faible en raison de problèmes liés au risque de biais et de l'imprécision des résultats. Cela signifie que nous nous fions très peu aux résultats présentés dans cette revue.
Une étude, dont les risques de biais étaient élevés, portant sur 69 participants (138 dents), comparait une immersion de 20 minutes dans du sulfate de gentamicine avant réimplantation de la dent avulsée pour les deux groupes, à l'utilisation quotidienne d'oxygène hyperbare pendant 80 minutes les 10 premiers jours dans le groupe expérimental. Nous avons trouvé des données indiquant un avantage pour le groupe ayant reçu l'oxygène hyperbare en ce qui concerne la cicatrisation parodontale, la survie des dents et la cicatrisation pulpaire.
Une étude, dont le risque de biais était peu clair, menée auprès de 22 participants (27 dents), a comparé l'utilisation de deux médicaments à appliquer dans les canaux radiculaires, le Ledermix et l’Ultracal. Il n'y avait pas suffisamment de données probantes indiquant une différence entre ces deux médicaments à propos de la cicatrisation parodontale ou la survie des dents. Il s'agit de la seule étude à avoir officiellement signalé des évènements indésirables, mais dont aucun n'a été identifié. Les auteurs de l'étude ont rapporté que le Ledermix causait une plus grande insatisfaction des patients quant à la couleur des dents avulsées et réimplantées.
Une troisième étude, dont le risque de biais était élevé, portant sur 19 participants, a comparé l'endodontie extra- ou intra-buccale pour les dents avulsées ayant été au sec pendant plus de 60 minutes avant la réimplantation. Il n'y avait pas suffisamment de données probantes indiquant une différence entre ces deux techniques à propos de la guérison parodontale.
La quatrième étude, dont le risque de biais était élevé, portant sur 73 participants, a comparé une immersion de 10 minutes dans de la thymosine alpha 1 ou une solution saline avant la réimplantation de la dent avulsée suivie d'injections gingivales quotidiennes avec ces mêmes médicaments pendant les 7 premiers jours. Nous avons trouvé des données probantes indiquant un bénéfice avec la thymosine alpha 1 en ce qui concerne la cicatrisation parodontale et la survie des dents.
Post-édition effectuée par Sophie ARPIN et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr