L'infection par le virus respiratoire syncytial (VRS) est une cause majeure d'infections respiratoires aiguës chez l'enfant. L'infection VRS peut provoquer une morbidité et une mortalité chez l'enfant, entraînant l'hospitalisation, l'admission en unité de soins intensifs, la nécessité de traitements médicaux intensifs et le décès.
La plupart des enfants infectés ont très peu de conséquences. Toutefois, on sait que les enfants souffrant d'autres problèmes de santé graves présentent un risque plus élevé de complications dues à une infection VRS. Cette revue a examiné l'utilisation d'une immunisation passive - le palivizumab - pour prévenir et modifier la gravité de l'infection VRS chez ces enfants et pour déterminer si elle est rentable.
Les résultats de cette revue sont basés sur des données issues de sept études (toutes commanditées par le laboratoire pharmaceutique produisant le médicament) totalisant 11 096 participants, rendant compte de l'efficacité et de l'innocuité du palivizumab, et de 34 études rendant compte de sa rentabilité.
Nos résultats suggèrent un effet favorable de l'utilisation préventive du palivizumab chez les enfants qui présentent un risque plus élevé de contracter une infection VRS grave, comparé à un placebo. Les enfants traités par palivizumab ont été hospitalisés moins souvent, ont passé moins de jours à l'hôpital, ont été admis en unité de soins intensifs moins souvent, et ont pris une oxygénothérapie pendant moins de jours que les enfants ayant reçu un placebo.
Compte tenu des problèmes de santé sous-jacents dans cette population de nourrissons et d'enfants, les taux élevés d'événements indésirables sont tout à fait attendus. Nos résultats ont montré que les enfants traités par palivizumab ont subi des événements indésirables tout aussi souvent que les enfants traités par placebo.
Le palivizumab s'avère être efficace pour réduire le nombre des hospitalisations, mais il n'est pas facile de déterminer s'il est également rentable. Cette revue a mis en évidence d'importantes différences dans les résultats de rentabilité entre les études. En raison des coûts élevés du médicament, il est possible que la prophylaxie par palivizumab ne soit pas disponible en tant que traitement standard dans de nombreux pays.
Il existe des preuves indiquant que la prophylaxie par palivizumab est efficace pour réduire la fréquence des hospitalisations dues à une infection VRS, c'est-à-dire pour réduire l'incidence des maladies des voies respiratoires inférieures graves causées par le VRS chez des enfants atteints de maladies pulmonaires chroniques, de cardiopathies congénitales ou chez des nouveau-nés prématurés.
Les résultats des évaluations économiques de la prophylaxie par palivizumab sont contradictoires entre les études, allant de coût, ce qui implique que les résultats économiques doivent être interprétés avec prudence. Les valeurs RCEI variaient considérablement selon les études, allant de très rentables à pas rentables. La disponibilité du palivizumab à faible coût devrait diminuer sa répartition géographique inéquitable, pour que la prophylaxie VRS soit disponible dans les pays les plus pauvres où les enfants sont les plus exposés à ce risque.
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est l'un des pathogènes viraux les plus importants responsables des infections respiratoires aiguës chez l'enfant. Il entraîne environ 3,4 millions d'hospitalisations par an des enfants de moins de cinq ans. Le palivizumab est un anticorps monoclonal anti-VRS, administré par voie intramusculaire à une dose de 15 mg/kg une fois tous les 30 jours. L'efficacité et l'innocuité du palivizumab ont été évaluées dans des essais contrôlés randomisés (ECR) multicentriques, et un grand nombre d'évaluations économiques (EE) ont testé sa rentabilité.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de la prophylaxie par palivizumab pour réduire le risque de complications (hospitalisation due à une infection VRS) chez les nourrissons et les enfants à haut risque. Évaluer la rentabilité (ou le rapport coût/utilité) de la prophylaxie par palivizumab chez les nourrissons et les enfants dans les différents groupes à risque.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL 2012, numéro 7, MEDLINE (de 1996 à la 4ème semaine de juillet 2012), EMBASE (de 1996 à août 2012), CINAHL (de 1996 à août 2012) et LILACS (de 1996 à août 2012) pour trouver des essais randomisés. Nous avons effectué des recherches dans la base d'évaluation économique du NHS (NHS EED 2012, numéro 4), la base d'évaluation de l'économie de la santé (HEED, 9 août 2012) et la base d'évaluation économique en pédiatrie (PEDE, de 1980 à 2009), MEDLINE (de 1996 à la 4ème semaine de juillet 2012) et EMBASE (de 1996 à août 2012) pour les évaluations économiques.
Nous avons inclus les ECR ayant comparé la prophylaxie par palivizumab à un placebo ou à un autre type de prophylaxie dans la prévention des maladies des voies respiratoires inférieures graves causées par le VRS chez des patients pédiatriques à haut risque. Nous avons inclus les analyses de rentabilité et les analyses de coût/utilité ayant comparé la prophylaxie par palivizumab à l'absence de prophylaxie.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué le risque de biais des études incluses et extrait des données à la fois pour les ECR et les EE. Nous avons calculé les rapports de risque (RR) et leurs intervalles de confiance à 95 % associés pour les critères dichotomiques et pour les événements indésirables (EI). Nous avons rédigé un résumé narratif des résultats pour les critères continus, en raison de données manquantes sur les écarts-types. Nous avons effectué les méta-analyses au moyen d'un modèle à effets fixes pour l'estimation des effets regroupés chaque fois qu'il n'y avait pas d'indication d'hétérogénéité entre les ECR inclus. Nous avons résumé les résultats rapportés dans les EE incluses, tels que le coût incrémental, l'efficacité incrémentale, et le rapport coût-efficacité incrémental et/ou le rapport coût/utilité incrémental (ratio coût-efficacité incrémental (RCEI)), puis nous avons calculé les valeurs RCEI actuelles en Euros pour l'année 2011 pour toutes les études.
Parmi les sept ECR disponibles, trois ont comparé le palivizumab à un placebo chez un total de 2 831 patients, et quatre ont comparé le palivizumab au motavizumab chez un total de 8 265 patients. Tous les ECR ont été commandités par le laboratoire pharmaceutique produisant le médicament. La qualité méthodologique des ECR était globalement bonne, mais pour la plupart des résultats évalués les données issues de deux études seulement ont contribué à l'analyse. La prophylaxie par palivizumab a été associée à une réduction statistiquement significative des hospitalisations VRS (RR 0,49, IC à 95 % 0,37 à 0,64) et à une baisse statistiquement non significative de la mortalité toutes causes confondues (RR 0,69; IC à 95% 0,42 à 1,15 ) comparée à un placebo. Par rapport au motavizumab, les patients traités par palivizumab ont présenté une augmentation non significative du risque d'hospitalisations VRS (RR 1,36, IC à 95 % 0,97 à 1,90) et une baisse statistiquement non significative de la mortalité toutes causes confondues (RR 0,74; IC à 95% 0,38 à 1,43 ). Dans les deux cas, la proportion des enfants présentant un EI quelconque ou un EI lié au médicament de l'étude était similaire entre les deux groupes.
Nous avons inclus 34 études ayant rapporté des données sur le rapport coût-efficacité et/ou le rapport coût/utilité pour la prophylaxie par palivizumab chez des enfants à haut risque atteints de différentes affections médicales sous-jacentes. La qualité globale des EE était bonne, mais les variations dans les approches de modélisation étaient considérables entre les études, entraînant d'importantes différences dans les résultat. Le rapport coût-efficacité de la prophylaxie par palivizumab dépend de la consommation des ressources prise en compte par les auteurs de l'étude ; et du seuil du rapport coût-efficacité défini par le secteur de la santé dans chaque pays.