Les anthracyclines sont utilisées dans le traitement de différents types de cancer de l'enfant. Malheureusement, les lésions cardiaques sont l'un des principaux effets indésirables des anthracyclines. Elles surviennent non seulement pendant le traitement, mais aussi plusieurs années suivant la fin du traitement. Une décision éclairée relative à l'administration d'anthracyclines dans le traitement de différents types de cancers de l'enfant doit se baser sur les preuves disponibles concernant les effets antitumoraux des anthracyclines et les risques de lésions cardiaques.
La présente revue systématique a privilégié les études randomisées évaluant les effets antitumoraux d'un traitement par anthracyclines. Les auteurs ont trouvé qu'aucune preuve probante, montrant que l'administration d'anthracyclines a un effet antitumoral accru dans la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) par rapport à un traitement sans anthracyclines, n'est actuellement disponible. Mais, il existe des suggestions affirmant que cela pouvait être le cas. D'autres études de meilleure qualité seront nécessaires pour émettre une conclusion définitive. Pour la tumeur de Wilms, le rhabdomyosarcome/sarcome indifférencié, le sarcome d'Ewing, le lymphome non hodgkinien et l'hépatoblastome, les relecteurs n'ont trouvé que des données limitées et ne pouvaient émettre aucune conclusion. De même, il n'existe aucune donnée concernant les autres cancers de l'enfant. D'autres recherches de meilleure qualité devront être réalisées. À l'heure actuelle, il existe six études randomisées en cours et non publiées évaluant l'administration d'anthracyclines dans les types de cancers de l'enfant suivants : l'hépatoblastome, la leucémie aiguë myéloïde (LAM), la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), le rhabdomyosarcome et la tumeur de Wilms.
À l'heure actuelle, aucune preuve issue d'ECR ne supporte l'utilisation d'anthracyclines dans le cas d'une LAL. Toutefois, l'expression « aucune preuve d'effet », comme identifiée dans cette revue, est différente de l'expression « preuve d'une absence d'effet ». Pour la tumeur de Wilms, le rhabdomyosarcome/sarcome indifférencié, le sarcome d'Ewing, le lymphome non hodgkinien et l'hépatoblastome, un seul ECR était disponible et, par conséquent, aucune conclusion définitive ne pouvait être émise concernant l'efficacité antitumorale du traitement avec ou sans anthracyclines dans ces tumeurs. Pour les autres cancers de l'enfant, aucun ECR n'a été identifié et, par conséquent, aucune conclusion ne peut être émise concernant l'efficacité antitumorale du traitement avec ou sans anthracyclines dans ces tumeurs.
La cardiotoxicité est l'un des principaux effets indésirables des anthracyclines. Une décision éclairée relative à l'administration d'anthracyclines dans le traitement des cancers de l'enfant doit se baser sur des preuves concernant l'efficacité antitumorale et la cardiotoxicité.
Comparer l'efficacité antitumorale d'un traitement avec ou sans anthracyclines chez des enfants atteints d'un cancer.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (The Cochrane Library 2010, numéro 2), MEDLINE (de 1966 à mars 2010) et EMBASE (de 1980 à mars 2010). Nous avons également effectué des recherches dans les listes bibliographiques des articles pertinents, les actes de conférence et les bases de données d'essais en cours.
Des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant le traitement de n'importe quel type de cancer de l'enfant avec et sans anthracyclines et la notification des résultats concernant l'efficacité antitumorale.
Deux relecteurs ont indépendamment sélectionné des études, évalué les risques de biais et extrait des données.
Nous avons identifié des ECR pour six types de tumeurs : la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) (trois essais ; 912 enfants), la tumeur de Wilms (un essai ; 316 enfants), le rhabdomyosarcome/sarcome indifférencié (un essai ; 413 enfants), le sarcome d'Ewing (un essai ; 94 enfants), le lymphome non hodgkinien (un essai ; 284 enfants) et l'hépatoblastome (un essai ; 255 enfants). Toutes ces études présentaient des limitations méthodologiques. Pour la LAL, aucune preuve d'une différence significative dans l'efficacité antitumorale n'a été identifiée dans les méta-analyses. Mais dans la plupart des études individuelles, certaines suggestions montraient une meilleure efficacité antitumorale chez les patients traités par anthracyclines. Pour la tumeur de Wilms et le sarcome d'Ewing, une différence significative a été identifiée dans la survie sans événement et globale en faveur du traitement par anthracyclines, et ce, malgré une disparition de cette différence significative dans la survie globale avec un suivi à long terme pour la tumeur de Wilms. Pour le rhabdomyosarcome/sarcome indifférencié, le lymphome non hodgkinien et l'hépatoblastome, aucune différence dans l'efficacité antitumorale n'a été identifiée entre les groupes de traitement. Trois ECR ont évalué la cardiotoxicité clinique : aucune différence significative entre les groupes de traitement n'a été identifiée. Mais dans toutes les études individuelles, certains résultats suggéraient un taux inférieur de cardiotoxicité clinique chez les patients n'ayant pas suivi de traitement par anthracyclines. Aucune de ces études n'a évalué la dysfonction cardiaque asymptomatique. Pour les autres cancers de l'enfant, aucun ECR n'a été identifié.