Les taux de césarienne ont considérablement augmenté depuis le début des années 1970 ; de nombreuses femmes ont leur premier enfant à un âge plus avancé, ce qui pourrait contribuer à rendre le travail moins efficace ou plus difficile, le plus souvent en raison d'une action utérine insuffisante (dystocie). La prise en charge active du travail est un protocole clinique qui inclut l'intervention précoce par amniotomie et ocytocine pour accroitre la fréquence et l'intensité des contractions utérines (accélération) lorsque le travail ne progresse pas suffisamment. La poursuite du travail inefficace peut conduire à la décision de procéder à une césarienne. L'intervention précoce comporte aussi des risques, notamment l'hyperstimulation utérine et les anomalies du rythme cardiaque fœtal.
Cette revue qui inclut 14 essais ayant randomisé un total de 8 033 femmes, a montré qu'une politique routinière d'accélération précoce en cas de léger allongement du travail avait pour résultat une modeste réduction du taux de césariennes par rapport à l'attitude d'expectative (c.-à-d. non-interventionniste). La réduction des césariennes était plus évidente dans les 11 essais portant sur la prévention de la progression anormale que dans les trois essais de traitement. Chez ces femmes, le temps entre l'admission et l'accouchement avait également été réduit (différence moyenne de 1,3 heure).
Les essais n'avaient pas fourni de données suffisantes sur les indicateurs de santé maternelle et néonatale, notamment la satisfaction et le vécu des femmes. La documentation des autres aspects des soins, tels que le soutien professionnel constant, la mobilité et les positions pendant le travail, était limitée, comme l'était le degré de contraste entre les groupes. Les femmes du groupe de contrôle avaient également reçu de l'ocytocine, mais souvent plus tard que dans le groupe d'intervention. L'ampleur du retard qui était jugé suffisant pour justifier des interventions reste à définir.
Dans les essais sur la prévention, l'intervention précoce par amniotomie et ocytocine semble être associée à une réduction modeste du taux de césarienne par rapport aux soins habituels.
Dans de nombreux pays développés le taux de césariennes dépasse les 20 %. Chez les femmes nullipares, ce taux élevé s'explique en partie par la survenue d'une dystocie ou d'un travail prolongé. La présente revue évalue les effets d'une politique d'amniotomie précoce associée à l'administration précoce d'ocytocine en prévention ou dans le traitement de l'allongement du travail.
Évaluer les effets de l'accélération précoce par amniotomie et ocytocine pratiquée en prévention ou pour le traitement de l'allongement du travail, sur le taux de césariennes et les indicateurs de morbidité maternelle et néonatale.
Notre recherche a porté sur le registre d'essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (31 mai 2013), MEDLINE (de 1966 au 4 juillet 2013), EMBASE (de 1980 au 4 juillet 2013), CINAHL (de 1982 au 4 juillet 2013) et MIDIRS (de 1985 au 4 juillet 2013). Nous avons également contacté des auteurs pour obtenir les données d'essais non publiés.
Des essais contrôlés randomisés et quasi-randomisés comparant l'ocytocine et l'amniotomie à l'attitude d'expectative.
Trois auteurs de la revue ont extrait des données de façon indépendante. Nous avons stratifié les analyses en « essais sur la prévention » et « essais sur le traitement », en fonction de l'état de la femme au moment de la randomisation. Les participantes aux « essais de prévention » étaient des femmes non sélectionnées, dont la progression du travail n'était pas lente, qui avaient été randomisées dans le groupe d'accélération précoce ou dans le groupe des soins de routine. Dans les « essais sur le traitement », les femmes étaient éligibles dès lors qu'elles présentaient une progression lente avérée du travail.
Pour cette mise à jour de 2013, nous avons identifié et exclu un nouvel essai. Cette revue actualisée inclut 14 essais portant sur un total de 8 033 femmes. L'analyse non stratifiée a montré que l'intervention précoce par amniotomie et ocytocine était associée à une modeste réduction du risque de césarienne, l'intervalle de confiance (IC) incluant toutefois l'effet nul (risque relatif (RR) 0,89 ; IC à 95 % 0,79 à 1,01 ; 14 essais ; 8 033 femmes). Dans les essais sur la prévention, l'accélération précoce était associée à une modeste réduction du nombre de césariennes (RR 0,87 ; IC à 95 % 0,77 à 0,99 ; 11 essais ; 7 753). La politique d'amniotomie précoce et d'administration précoce d'ocytocine était associée à une réduction de la durée de travail (différence moyenne (DM) - 1,28 heures ; IC à 95 % -1,97 à -0,59 ; huit essais ; 4 816 femmes). Les analyses de sensibilité, qui excluaient les quatre essais sur le programme complet de prise en charge active, n'ont pas affecté sensiblement l'estimation ponctuelle du risque de césarienne (RR 0,87 ; IC à 95 % 0,73 à 1,05 ; 10 essais; 5 165 femmes). Nous n'avons relevé aucun autre effet significatif pour les autres indicateurs de morbidité maternelle et néonatale.