L'ajout de la radiothérapie à la chimiothérapie améliore-t-il la survie ou augmente-t-il les effets secondaires chez les adultes atteints de lymphome de Hodgkin à un stade précoce, comparé à la chimiothérapie seule ?

Principaux messages

- Un bénéfice potentiel a été observé en termes de survie sans progression de la maladie (aggravation du cancer) ou de décès chez les personnes atteintes de lymphome de Hodgkin (un cancer du système lymphatique, qui fait partie du système immunitaire protégeant contre les germes et les substances nocives) avec l'ajout de la radiothérapie dans certaines comparaisons. Les données sur les effets secondaires étaient limitées.

- Les données provenaient de périodes d'observation courtes, en particulier pour les décès et les effets secondaires, qui pourraient survenir longtemps après la fin du traitement.

Qu'est-ce que le lymphome de Hodgkin ?

Le lymphome de Hodgkin est un cancer du système lymphatique (qui fait partie du système immunitaire qui vous protège des germes et des substances nocives). En fonction des stades distincts de la maladie, il est classé comme stade précoce ou stade avancé. Des facteurs de risque tels que la taille du cancer et les symptômes B (sueurs nocturnes, perte de poids et fièvre) sont utilisés pour classer davantage les cancers à un stade précoce en maladies précoces favorables et précoces défavorables.

Comment le lymphome de Hodgkin est-il traité ?

Le lymphome de Hodgkin est l'un des cancers les plus curables. Les options de traitement standard comprennent la chimiothérapie (médicaments pour tuer les cellules cancéreuses) ou la chimiothérapie associée à la radiothérapie (radiations dirigées vers le cancer). Les techniques de radiothérapie modernes utilisent des doses réduites et des radiations plus ciblées, limitant ainsi les effets secondaires associés à la radiothérapie. Cependant, ces effets secondaires pourraient encore réduire les bénéfices du traitement.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous voulions déterminer si l'ajout de la radiothérapie à la chimiothérapie entraîne une meilleure réponse que la chimiothérapie seule chez les adultes atteints de lymphome de Hodgkin à un stade précoce. Nous avons examiné la survie globale (nombre de personnes qui sont restées en vie), la survie sans progression de la maladie (le cancer ne s'aggrave pas) ou le décès, ainsi que les effets secondaires (comme les décès liés aux infections, aux maladies cardiaques et vasculaires (système cardiovasculaire), ou aux cancers secondaires ; la capacité à devenir enceinte).

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études comparant la radiothérapie associée à la chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie seule chez les adultes atteints de lymphome de Hodgkin à un stade précoce. Nous avons identifié huit études portant sur 3840 personnes. Nous avons séparé les études sélectionnant les personnes en fonction de leurs facteurs de risque (favorables, défavorables ou un mélange de favorables et de défavorables). Nous avons également examiné les comparaisons donnant un nombre de cycles identique ou différent à chaque groupe de personnes. Un cycle est une période de traitement par chimiothérapie donnée pendant une durée déterminée, suivie d'une période de repos pour permettre au corps de récupérer.

Qu’avons-nous trouvé ?

Chimiothérapie par rapport à chimiothérapie associée à la radiothérapie avec un nombre de cycles de chimiothérapie identique.

Chez les personnes atteintes de lymphome de Hodgkin à un stade précoce et favorable, il est incertain si l'ajout de radiothérapie a un effet sur la survie globale, mais il est probable qu'elle améliore la survie sans progression de la maladie ou de décès (2 études, 1245 personnes). Nous ne savons pas si cela a un effet sur les décès liés à des cancers secondaires (2 études, 1245 personnes). L'ajout de radiothérapie pourrait avoir peu ou pas d'effet sur la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (1 étude, 667 personnes). Il n'y avait pas de données sur les décès liés aux infections.

Dans une population mixte de personnes, nous ne savons pas si l'ajout de radiothérapie a un effet sur la survie globale, mais il pourrait améliorer la survie sans progression de la maladie ou de décès (2 études, 572 personnes). Il est incertain si cela a un effet sur les décès liés aux infections ou aux cancers secondaires (2 études, 572 participants), mais cela pourrait augmenter la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (1 étude, 420 participants).

Chez les personnes atteintes de maladie précocement défavorable, il est incertain si l'ajout de radiothérapie a un effet sur la survie globale (2 études, 688 participants), mais il est probable qu'elle améliore légèrement la survie sans progression de la maladie ou de décès (1 étude, 651 participants). Il est incertain si cela a un effet sur la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (1 étude, 37 personnes). Il n'y avait pas de données sur les décès liés aux infections ou aux cancers secondaires.

Chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie associée à la radiothérapie avec différents nombres de cycles de chimiothérapie

Chez les personnes atteintes de lymphome de Hodgkin à un stade précoce et favorable, nous ne savons pas si l'ajout de radiothérapie a un effet sur la survie globale, mais il est probable qu'elle améliore la survie sans progression de la maladie ou de décès (1 étude, 357 personnes). Il est incertain si cela a un effet sur les décès liés à des cancers secondaires (1 étude, 465 personnes). Il n'y avait pas de données sur les décès liés aux infections ou au système cardiovasculaire.

Chez les personnes atteintes de lymphome de Hodgkin à un stade précoce et défavorable, l'ajout de radiothérapie pourrait légèrement diminuer la survie globale, mais pourrait également améliorer légèrement la survie sans progression de la maladie ou de décès (2 études, 698 personnes). Il est incertain si cela a un effet sur les décès liés aux infections (1 étude, 276 personnes), aux cancers secondaires, et au système cardiovasculaire (2 études, 870 personnes).

Aucune des études n'a rapporté de données sur la capacité à tomber enceinte.

Quelles sont les limitations des données probantes ?

Nous avons peu confiance dans les données probantes pour la plupart des critères de jugement évalués, en particulier la survie globale et les effets secondaires. Cela est dû à des méthodes peu rigoureuses, ainsi qu'à un nombre limité d'études, de participants ou d'événements dans les études. Les schémas de chimiothérapie des essais différaient. Nous n'avons identifié aucune étude en cours à ajouter à ces données probantes.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

La revue est à jour jusqu'en novembre 2023.

Conclusions des auteurs: 

Les schémas de chimiothérapie dans les essais différaient et les données concernant les schémas couramment utilisés aujourd'hui étaient limitées. Une radiothérapie supplémentaire pourrait légèrement améliorer la survie sans progression. Les données disponibles sur la survie globale et les événements indésirables étaient de faible et très faible niveaux de confiance, ce qui ne nous a pas permis de tirer des conclusions sur les effets de l'ajout de radiothérapie sur ces critères de jugement. Aucune étude n’évaluait l'infertilité. Des données de suivi de qualité élevée et à long terme sont nécessaires, ainsi que des données sur la fertilité.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Le lymphome de Hodgkin à un stade précoce chez l'adulte est généralement traité par une thérapie combinée associant chimiothérapie et radiothérapie. Le rôle de la radiothérapie a été remis en question en raison des effets indésirables potentiels à long terme.

Objectifs: 

Évaluer les effets de la chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie associée à la radiothérapie chez les adultes atteints d'un lymphome de Hodgkin au stade précoce.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons mis à jour toutes les recherches précédentes d'essais contrôlés randomisés (ECR) dans les bases de données Cochrane Central Register of Controlled Trials, MEDLINE et Embase, ainsi que dans les registres d'essais cliniques et les comptes rendus de conférences pertinentes jusqu'en novembre 2023.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les ECR comparant la chimiothérapie seule à la chimiothérapie associée à la radiothérapie chez les adultes atteints d'un lymphome de Hodgkin au stade précoce, et exclu les essais avec plus de 20% des participants atteints d'un lymphome de Hodgkin avancé. Nous avons considéré que l'immunothérapie en plus de la chimiothérapie était éligible si les deux étaient appliquées de manière similaire dans les groupes comparateurs, mais nous n'avons pas identifié de tels essais. Pour nos comparaisons, nous avons séparé les ECR comportant le même nombre de cycles de chimiothérapie dans les deux groupes d'intervention et ceux avec un nombre différent de cycles, lorsque les schémas de chimiothérapie étaient identiques. Nous avons séparé les ECR comparant des participants ayant un profil de risque favorable, mixte ou défavorable.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont examiné indépendamment les résultats de recherche, extrait les données et évalué la qualité des essais inclus. Un troisième auteur de la revue a résolu les divergences. Nous avons analysé les critères de jugement relatifs au temps jusqu'à l'événement (survie globale, survie sans progression) sous forme de rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) et les résultats binaires (événements indésirables) sous forme de risques relatifs (RR). Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes à l'aide de la méthode GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus neuf comparaisons issues de huit ECR impliquant 3840 participants dans cette mise à jour de revue.

Même nombre de cycles de chimiothérapie dans les deux groupes de l'essai.

Maladie favorable

Pour la survie globale chez les individus atteints d'un lymphome de Hodgkin favorable, les données probantes sont incertaines et non concluantes (HR 0,92, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,11 à 7,92 ; 2 ECR, 1245 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études, de l’incohérence et l’imprécision). L'ajout de radiothérapie à la chimiothérapie améliore probablement la survie sans progression (HR 0,36, IC à 95 % de 0,20 à 0,68 ; 2 ECR, 1245 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré en raison des limitations des études). Les données probantes étaient incertaines et non concluantes pour la mortalité liée au second cancer (RR 0,93, IC à 95 % 0,01 à 74,24 ; 2 ECR, 1245 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études, de l'incohérence et de l'imprécision substantielle) et suggèrent peu ou pas de différence dans la mortalité liée aux maladies cardiaques (RR 0,89, IC à 95 % 0,06 à 14,16 ; 1 ECR, 667 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison de l'imprécision substantielle). Il n'y avait pas de données sur la mortalité liée aux infections ou sur l'infertilité.

Population mixte

Pour une population présentant un profil de risque mixte, les données probantes sur la survie globale sont incertaines et non concluantes (HR 0,79, IC à 95 % 0,13 à 4,80 ; 2 ECR, 572 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites de l'étude, de l'incohérence et de l'imprécision). Cela indique que l'ajout de radiothérapie pourrait améliorer la survie sans progression (HR 0,71, IC à 95 % de 0,43 à 1,17 ; 2 ECR, 572 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison des limites des études et de l'imprécision). Les données probantes sont incertaines et non concluantes pour la mortalité liée aux infections (RR 1,35, IC à 95 % de 0,17 à 10,87 ; 2 ECR, 572 participants) et la mortalité liée au second cancer (RR 0,52, IC à 95 % de 0,09 à 2,98 ; 2 ECR, 572 participants) (données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études et d'une imprécision substantielle). Cependant, elles suggèrent que l'ajout de radiothérapie pourrait augmenter la mortalité liée aux maladies cardiaques (RR 3,03, IC à 95 % de 0,12 à 73,92 ; 1 ECR, 420 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison d'une imprécision substantielle). Il n'y avait pas de données sur l'infertilité.

Maladie défavorable

Pour les personnes atteintes d'une maladie défavorable, les données probantes concernant la survie globale sont incertaines et non concluantes (HR 0,69, IC à 95 % de 0,20 à 2,44 ; 2 ECR, 688 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études et d'une imprécision substantielle). Cependant, l'ajout de radiothérapie améliore probablement la survie sans progression (HR 0,55, IC à 95 % de 0,19 à 1,60 ; 1 ECR, 651 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré en raison de l'imprécision). Les données probantes étaient incertaines et non concluantes pour la mortalité liée aux maladies cardiaques (RR 2,85, IC à 95 % de 0,12 à 65,74 ; 1 ECR, 37 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études et d'une imprécision substantielle). Il n'y avait pas de données sur la mortalité liée aux infections, la mortalité liée au second cancer ou l'infertilité.

Nombre différent de cycles de chimiothérapie dans les deux groupes d'intervention de l'essai.

Maladie favorable

Les données probantes, concernant la survie globale chez les personnes ayant une maladie favorable traitées avec un nombre différent de cycles de chimiothérapie dans les deux groupes d'intervention de l'essai, sont incertaines et non concluantes (HR 0,36, IC à 95 % de 0,04 à 3,38 ; 1 ECR, 357 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études et de l'imprécision substantielle). Cependant, il est probable qu'un ajout de radiothérapie améliore la survie sans progression (HR 0,08, IC à 95 % de 0,02 à 0,32 ; 1 ECR, 357 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré en raison des limites des études). Pour la mortalité liée au second cancer, les données probantes sont incertaines et non concluantes (RR 0,21, IC à 95 % de 0,01 à 4,34 ; 1 ECR, 465 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limites des études et d'une imprécision substantielle). Il n'y avait pas de données sur la mortalité liée aux infections et à l'infertilité, et les données pour la mortalité liée aux maladies cardiaques n'étaient pas estimables (aucun événement dans aucun des groupes).

Maladie défavorable

Pour les personnes ayant un profil de risque défavorable, la radiothérapie supplémentaire pourrait diminuer légèrement la survie globale (HR 1,66, IC à 95 % 0,95 à 2,90 ; 2 ECR, 698 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison des limites des études et de l'imprécision), mais pourrait améliorer légèrement la survie sans progression (HR 0,84, IC à 95 % 0,53 à 1,33 ; 2 ECR, 698 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible en raison des limitations des études et de l'imprécision). Les données probantes sont incertaines et non concluantes pour la mortalité liée aux infections (RR 6,90, IC à 95 % de 0,36 à 132,34 ; 1 ECR, 276 participants), la mortalité liée au second cancer (RR 2,19, IC à 95 % de 0,77 à 6,19 ; 2 ECR, 870 participants) et la mortalité liée aux maladies cardiaques (RR 1,60, IC à 95 % de 0,31 à 8,22 ; 2 ECR, 870 participants) (toutes avec des données probantes d’un niveau de confiance très faible en raison des limitations des études et d'une imprécision substantielle). Il n'y avait pas de données sur l'infertilité.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Audrey Giraud et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.