Le pronostic des patients présentant un infarctus aigu du myocarde compliqué par un choc cardiogénique reste insatisfaisant après des procédures de revascularisation primaire telles que le pontage aortocoronarien ou l'intervention coronarienne percutanée primaire. D'un point de vue physiopathologique, un cœur défaillant pour cause de fonction ventriculaire gauche déficiente suite à un infarctus aigu du myocarde constitue la première cause de développement d'un choc cardiogénique caractérisé par une hémodynamique instable avec réduction de la tension systolique et de la pression artérielle moyenne. La réduction de la pression artérielle entraîne une hypoperfusion avec réduction de l'apport d'oxygène dans les organes vitaux. Sur la base de ces considérations physiopathologiques, il semblait logique, d'un point de vue thérapeutique, de soutenir l'hémodynamique de ces patients instables à l'aide d'un dispositif d'assistance mécanique connu sous le nom de ballon de contrepulsion intra-aortique (BCIA). En se gonflant et se dégonflant au rythme des battements du cœur, le ballon augmente le débit sanguin vers le cœur afin de lui faciliter le travail. Cette assistance peut être mise en place au cours d'une période allant de quelques heures à quelques jours. Des preuves récentes suggèrent que certains patients victimes d'un infarctus aigu du myocarde compliqué par un choc cardiogénique et traités par thrombolyse pourraient bénéficier d'une période d'assistance sous BCIA suite à la revascularisation par thrombolyse. De nos jours, l'intervention coronarienne percutanée primaire constitue la procédure de revascularisation de premier choix. Chez ces patients, le petit nombre d'essais randomisés existants, qui étaient hétérogènes et portaient sur des effectifs limités, n'apportaient pas de preuves convaincantes d'effets bénéfiques ou délétères de la contrepulsion intra-aortique au-delà des améliorations hémodynamiques initiales. Ce manque de preuves, dû à un nombre limité d'essais contrôlés randomisés et à des effectifs réduits, n'exclut cependant pas la possibilité d'effets cliniquement significatifs, qui ne peuvent être démontrés que dans le cadre d'essais contrôlés randomisés à plus grande échelle. C'est la raison pour laquelle un essai multicentrique de grande échelle (IABP-SHOCK II) a commencé en 2009 afin de clarifier l'utilisation du BCIA dans le choc cardiogénique lié à l'infarctus. Ses résultats devraient apporter des preuves plus solides en début d'année 2013.
Les preuves disponibles suggèrent que le BCIA pourrait avoir un effet bénéfique sur l'hémodynamique, mais aucune donnée randomisée convaincante ne permet de recommander l'utilisation du BCIA dans le choc cardiogénique lié à un infarctus.
Le ballon de contrepulsion intra-aortique (BCIA) est actuellement le dispositif d'assistance mécanique le plus utilisé chez les patients en choc cardiogénique suite à un infarctus aigu du myocarde.
Malgré les preuves limitées provenant d'essais contrôlés randomisés, les protocoles actuels de l'American Heart Association/American College of Cardiology et l'European Society of Cardiology recommandent vivement l'utilisation d'un ballon de contrepulsion intra-aortique chez les patients en choc cardiogénique lié à un infarctus sur la base de considérations physiopathologiques, de même que les essais non randomisés et les données des registres.
Déterminer les effets du BCIA par rapport à l'absence de BCIA ou à d'autres traitements standard conformes aux protocoles applicables aux dispositifs d'assistance, en termes d'efficacité et d'innocuité, sur la mortalité et la morbidité des patients victimes d'infarctus aigu du myocarde compliqué par un choc cardiogénique.
Nous avons consulté CENTRAL, MEDLINE, EMBASE, LILACS, IndMed et KoreaMed ainsi que les registres des essais en cours et les actes de conférence en janvier 2010, sans restriction de date. Les références bibliographiques ont été examinées et des experts en la matière ont été contactés afin d'obtenir des informations supplémentaires. Aucune restriction de langue n'a été appliquée.
Les essais contrôlés randomisés portant sur des patients victimes d'un infarctus du myocarde compliqué par un choc cardiogénique.
Le recueil et l'analyse des données ont été effectués conformément à un protocole publié. Des données individuelles de patients étaient présentées dans cinq essais et ont été ajoutées aux données agrégées. Les statistiques sommaires des critères de jugement principaux étaient les hazard ratios (HR) et les rapports des cotes, avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.
Six études éligibles et deux études en cours ont été identifiées sur un total de 1 410 références. Trois comparaient le BCIA à un traitement standard, et trois à des dispositifs d'assistance gauche percutanés (DAGP). Au total, les données de 190 patients victimes d'infarctus aigu du myocarde et de choc cardiogénique ont été incluses dans la méta-analyse : 105 patients étaient traités par BCIA et 85 patients formaient le groupe témoin. 40 patients étaient traités sans dispositif d'assistance et 45 patients avec un DAGP. Le HR de 1,04 pour la mortalité toutes causes confondues à 30 jours (IC à 95 %, entre 0,62 et 1,73) n'apporte aucune preuve d'effet bénéfique sur la survie. Tandis que les différences en termes de survie étaient comparables chez les patients traités par BCIA avec et sans DAGP, les résultats étaient hétérogènes pour l'hémodynamique et l'incidence des complications attribuables au dispositif.