Contexte
Le propofol est un médicament fréquemment utilisé comme anesthésique général pour sédater (calmer) les personnes devant subir une intervention chirurgicale en salle d'opération. Il est administré dans une veine. Il y a de plus en plus de données probantes montrant que le propofol peut être utilisé en dehors de la salle d'opération pour endormir les personnes qui subissent des interventions douloureuses (par exemple, lors de la remise en place d'une articulation qui n'est pas dans sa position normale en raison d'une blessure) dans le cadre des services d'urgence.
Problématique de la revue
Nous avons examiné les preuves concernant l'utilisation du propofol pour endormir les personnes en services d’urgence subissant des procédures médicales douloureuses. Nous voulions découvrir l'efficacité et la sécurité du propofol par rapport aux autres médicaments utilisés pour sédater les personnes en services d’urgences.
Caractéristiques des études
Les données probantes obtenues sont à jour jusqu'en septembre 2013. Nous avons relancé la recherche en février 2015 et nous traiterons l'étude en attente de classification lors de la mise à jour de la revue. Nous avons inclus 10 études impliquant 813 participants. Les études incluses comparaient le propofol à cinq autres médicaments alternatifs utilisés pour sédater les personnes au sein du service d’urgences. Nous n'avons pas pu mettre en commun les résultats des 10 études car aucune n'a comparé les mêmes options de médicaments.
Principaux résultats
Nous avons trouvé des données probantes de très faible qualité concernant les complications liées au propofol et aux autres médicaments utilisés pour sédater les personnes en urgence (effets secondaires, y compris la douleur au site d'injection) et la satisfaction des participants. Dans une étude comparant une combinaison de propofol et de fentanyl (un analgésique) avec du midazolam et de la kétamine (un médicament qui agit à la fois comme analgésique et sédatif), des effets indésirables retardés (cauchemars et changement de comportement) ont été observés chez 10% du groupe kétamine/midazolam et aucun chez le groupe propofol/fentanyl.
Valeur probante des données
La qualité des données probantes était globalement très faible.
Aucune conclusion ferme ne peut être tirée concernant les effets comparatifs de l'administration de propofol par voie intraveineuse, avec ou sans agent analgésique d'appoint, par rapport à d'autres interventions chez les participants subissant une sédation procédurale dans le cadre d'un service d’urgence en termes d’effets indésirables (y compris la douleur au point d'injection) et de la satisfaction des participants. La revue a été limitée parce que, parmi les études incluses, il n’y en avait pas deux qui aient utilisé les mêmes interventions de comparaison et parce que le nombre de participants dans huit des études incluses était faible (moins de 100 participants).
Il y a de plus en plus de données probantes montrant que le propofol est efficace et sans danger pour la sédation procédurale (SP) dans le cadre des services d'urgence. Cependant, le propofol a une fenêtre thérapeutique étroite et on ne dispose pas d'un agent d'inversion. L'objectif de cette étude était de consolider le corpus de données probantes concernant l'efficacité et le profil de sécurité du propofol lorsqu'il est utilisé dans le cadre des services d’urgence pour la SP.
Identifier et évaluer tous les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant le propofol à des médicaments alternatifs (benzodiazépines, barbituriques, étomidate et kétamine) utilisés dans le cadre des services d’urgence pour la SP.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library 2013, numéro 9), MEDLINE (1950 à la semaine 2 de septembre 2013) et EMBASE (1980 à la semaine 2 de 2013). Nous avons effectué une recherche dans le méta-registre des essais cliniques Current Controlled Trials (compilé par Current Science) (septembre 2013). Nous avons consulté les listes bibliographiques des essais et contacté leurs auteurs. Nous n'avons imposé aucune restriction linguistique. Nous avons relancé la recherche en février 2015. Nous traiterons l'unique étude en attente de classification lorsque nous mettrons à jour la revue.
ECR comparant le propofol à des médicaments alternatifs (benzodiazépines, barbituriques, étomidate et kétamine) utilisés dans le cadre des services d’urgence pour la sédation procédurale chez des participants de tous âges.
Deux auteurs ont indépendamment extrait des données. Deux auteurs ont évalué la qualité méthodologique des essais. Nous avons utilisé la différence moyenne (DM), le rapport des cotes (RC) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % pour mesurer l'ampleur des effets. Deux auteurs ont évalué et noté indépendamment la qualité méthodologique de chaque essai en utilisant l'outil d’évaluation du risque de biais de la Collaboration Cochrane.
Dix études (813 participants) ont répondu aux critères d'inclusion. Deux études n'ont inclus que des participants de 18 ans et moins ; six études n'ont inclus que des participants de 18 ans et plus ; une étude a inclus des participants entre 16 et 65 ans et une étude n'a inclus que des adultes mais n'a pas précisé la tranche d'âge. Huit des études incluses présentaient un risque élevé de biais. Les études incluses étaient cliniquement hétérogènes. Nous n'avons pas fait de méta-analyse.
Les principales mesures des critères de jugement de cette revue étaient : les effets indésirables (tels que définis par les auteurs de l'étude) et la satisfaction des participants (telle que définie par les auteurs de l'étude). Dans une étude comparant le propofol/fentanyl à la kétamine/midazolam, des effets indésirables retardés (cauchemars et changement de comportement) ont été observés chez 10 % du groupe kétamine/midazolam et aucun chez le groupe propofol/fentanyl. Sept études individuelles n'ont pas rapporté de différence dans les effets indésirables entre le propofol intraveineux, avec ou sans agents analgésiques d'appoint, et les interventions alternatives. Trois études individuelles n'ont pas rapporté de différence en termes de douleur au point d'injection entre le propofol intraveineux et les interventions alternatives. Quatre études individuelles n'ont pas rapporté de différence dans la satisfaction des participants entre le propofol intraveineux, avec ou sans agents analgésiques d'appoint, et les interventions alternatives (kétamine, étomidate, midazolam). Toutes les études ont utilisé le propofol sans utiliser d'analgésique d'appoint et toutes, sauf une, étaient des études de petite taille (moins de 100 participants). La qualité des données probantes à l’appui des critères portant sur les effets indésirables et la satisfaction des participants était très faible.
Neuf études incluses (huit comparaisons) rapportaient des résultats sur toutes les mesures de critères de jugement secondaires de la revue, à l'exception de la mortalité. Il n'a pas été possible de regrouper les résultats des études incluses pour aucune des mesures de critères de jugement secondaires parce que les interventions de comparaison étaient différentes et que les mesures étaient rapportées de différentes manières. Sept études individuelles n'ont pas rapporté de différence dans l'incidence de l'hypoxie entre le propofol intraveineux, avec ou sans agents analgésiques d'appoint, et les interventions alternatives.
Post-édition : Francisco de la Torre - Révision : Bénédicte Eustache (M2 ILTS, Université de Paris)