Cette revue systématique utilise les données individuelles des patients de huit essais contrôlés randomisés, ainsi que les données publiées de six autres tels essais. Nous avons constaté que la chimiothérapie pré-chirurgicale conduit à une plus longue survie chez les patients atteints d'un adénocarcinome de l'œsophage, de la jonction entre l'œsophage et l'estomac, ou de l'estomac. Les résultats suggèrent que les patients dont la tumeur est située à la jonction entre l'œsophage et de l'estomac et les patients plus jeunes tirent un plus grand bénéfice de la chimiothérapie. En outre, l'ajout de rayonnement à la chimiothérapie semble donner un avantage supplémentaire aux patients, à tout le moins dans le cas de tumeurs de l'œsophage et de la jonction entre l'œsophage et l'estomac. La chimiothérapie préalable n'augmente pas le risque de complication pendant ou après l'opération.
La chimiothérapie péri-opératoire pour adénocarcinome gastro-œsophagien résécable augmente la survie par rapport à la seule chirurgie. Elle devrait donc être proposée à tous les patients éligibles. Il y avait une tendance à un plus grand avantage de survie pour les tumeurs de la jonction œso-gastrique par rapport aux autres sites, ainsi que pour la radiochimiothérapie par rapport à la chimiothérapie dans les tumeurs de l'œsophage et de la jonction œso-gastrique. De même, il existe une interaction entre l'âge et l'effet du traitement, les patients plus jeunes ayant un plus grand avantage de survie et les patients âgés n'en ayant aucun.
Le pronostic des patients atteints d'un adénocarcinome gastro-œsophagien localement avancé (adénocarcinome de l'œsophage, de la jonction œso-gastrique ou de l'estomac) est mauvais. Les données sont contradictoires quant aux effets de la chimiothérapie péri-opératoire sur la survie et sur d'autres critères de résultat.
Évaluer l'effet de la chimiothérapie péri-opératoire pour adénocarcinome gastro-œsophagien sur la survie et sur d'autres critères de résultat cliniquement pertinents dans l'ensemble de la population des participants à des essais contrôlés randomisés (ECR) ainsi que dans des sous-groupes pré-spécifiés.
Nous avons effectué des recherches informatisées dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), la base de données DARE, la base de données des revues systématiques Cochrane (CDSR) de The Cochrane Library, MEDLINE (de 1966 à mai 2011), EMBASE (de 1980 à mai 2011) et LILACS (Literatura Latinoamericana y del Caribe en Ciencias de la Salud), en appliquant la stratégie de recherche Cochrane très sensible à l'aide de termes de recherche spécifiques. Par ailleurs, nous avons recherché manuellement dans plusieurs bases de données en ligne, dans des actes de conférences et dans les références bibliographiques des articles identifiés.
Nous avons inclus des ECR où des patients présentant un adénocarcinome gastro-œsophagien sans métastases à distance avaient été randomisés entre, d'une part, la chimiothérapie, avec ou sans radiothérapie, suivie de chirurgie et, d'autre part, la seule chirurgie.
Deux auteurs indépendants de la revue ont identifié les essais éligibles. Nous avons sollicité les données individuelles des patients (DIP) de tous les essais sélectionnés. Nous avons effectué des méta-analyses sur la base de populations en intention de traiter, en utilisant la méthode à deux étapes pour combiner les DIP avec les données agrégées provenant d'ECR pour lesquels les DIP n'étaient pas disponibles. Nous avons combiné les données de tous les essais fournissant les DIP dans un modèle de risques proportionnels de Cox afin d'évaluer l'effet de plusieurs covariables sur la survie globale.
Nous avons identifié 14 ECR totalisant 2422 patients éligibles. Pour huit ECR comprenant 1049 patients (soit 43,3 %), nous avons pu obtenir les DIP. La chimiothérapie péri-opératoire était associée à une survie globale significativement plus longue (hazard ratio (HR) 0,81 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,73 à 0,89). Cela correspond à une augmentation relative de la survie de 19 % ou à une augmentation absolue de la survie de 9 % à cinq ans. Cet avantage de survie était présent dans la plupart des sous-groupes. Il y avait une tendance à un effet plus prononcé du traitement pour les tumeurs de la jonction œso-gastrique par rapport aux autres sites, ainsi que pour la radiochimiothérapie combinée par rapport à la chimiothérapie dans les tumeurs de l'œsophage et de la jonction œso-gastrique. Les marges négatives de résection étaient un bon facteur prédictif de la survie. L'analyse multivariée a montré que le site de la tumeur, le statut de performance et l'âge ont des effets significatifs indépendants sur la survie. En outre, il y avait une interaction significative de l'effet de la chimiothérapie péri-opératoire avec l'âge (plus grand effet du traitement chez les patients plus jeunes). La chimiothérapie péri-opératoire s'est également avérée avoir un effet significatif sur plusieurs critères d'évaluation secondaires. Elle était associé à une plus longue survie sans maladie, à des taux plus élevés de résection R0, et à un stade de tumeur plus favorable lors de la résection, mais il n'y avait pas d'association avec la morbidité et la mortalité péri-opératoires.