La fièvre est fréquente dans les zones d'endémie du paludisme, et il est important d'établir le bon diagnostic (paludisme ou autres causes) et d'administrer le traitement approprié car cela peut sauver des vies, en particulier chez les enfants. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande désormais que tous les patients présentant une fièvre pouvant être liée au paludisme soient correctement diagnostiqués avant d'initier tout traitement. Cela permet de garantir l'utilisation appropriée des antipaludiques hautement efficaces tels que les traitements combinés à base d'artémisinine (TCA) afin d'éviter l'administration de traitements superflus, les risques pour la santé et le développement d'une résistance.
Par le passé, le diagnostic standard du paludisme reposait sur l'examen du sang par microscopie, mais cette technique exige un technicien et un laboratoire qui ne sont pas toujours disponibles dans les services de santé de nombreuses régions du monde. Dans le cadre des études de recherche, on utilise parfois une autre technique connue sous le nom d'amplification en chaîne par polymérase (ACP), mais elle exige elle aussi des équipements et du personnel formé et ne peut pas toujours être mise en œuvre. Les progrès technologiques ont permis le développement de tests de diagnostic rapide (TDR) du paludisme. Ces tests permettent de détecter la présence d'antigènes spécifiques au parasite dans le sang, sont faciles à utiliser et peuvent rendre un résultat positif ou négatif en 15 minutes.
Cette revue évalue la précision des TDR par rapport à la microscopie et à l'ACP dans la détection des parasites Plasmodium falciparum dans le sang. Elle porte sur 74 études incluant un total de 111 évaluations de TDR (dont 104 comparaient des TDR à une microscopie) et rapportant un total de 60 396 résultats de TDR. Les résultats sont présentés par type de test, sur la base de l'antigène du paludisme qu'ils sont conçus pour détecter (la protéine-2 riche en histidine (HRP-2) ou la lacticodéshydrogénase du plasmodium (LDHp)).
Les résultats indiquent que les TDR peuvent être très précis par rapport à la microscopie et à l'ACP. Les performances variaient selon le type de TDR, mais les différences n'étaient pas importantes. Les tests basés sur la HRP-2 tendaient à être plus sensibles (ils identifiaient davantage de cas réels de paludisme) et moins spécifiques (ils rendaient davantage de résultats faussement positifs) que les tests basés sur la LDHp. Le choix continue de dépendre de la prévalence du paludisme. Les données incluses dans cette revue sont fournies comme support à la prise de décision, mais les décideurs politiques devront également prendre en compte d'autres facteurs liés aux coûts et à la stabilité du test.
La sensibilité et la spécificité de tous les TDR sont telles qu'ils peuvent remplacer les services de diagnostic ou élargir la couverture diagnostique dans le paludisme à P. falciparum non compliqué. Les tests utilisant l'anticorps anti-HRP-2 pourraient être plus sensibles mais sont moins spécifiques que les tests utilisant l'anticorps anti-LDHp, sachant toutefois que les différences sont mimines. L'antigène HRP-2 persiste même après un traitement efficace et ne peut donc pas être utilisé pour détecter les échecs du traitement.
Les tests de diagnostic rapide (TDR) du paludisme à Plasmodium falciparum utilisent des anticorps pour détecter la présence de l'antigène HRP-2 ou LDHp, et peuvent permettre d'améliorer la couverture diagnostique dans les pays en voie de développement.
Évaluer la précision diagnostique des TDR (par type et marque) dans la détection d'une parasitémie à P. falciparum chez des patients vivant dans des zones endémiques et se présentant dans des établissements de soins ambulatoires avec des symptômes pouvant être liés au paludisme.
Une recherche exhaustive a été effectuée dans les bases de données suivantes : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses ; MEDLINE ; EMBASE ; MEDION ; Science Citation Index ; Web of Knowledge ; African Index Medicus ; LILACS ; IndMed ; jusqu'au 14 janvier 2010.
Les études comparant des TDR à un test de référence (microscopie ou amplification en chaîne par polymérase) pour l'examen d'échantillons de sang de patients randomisés ou assignés à des séries consécutives et se présentant dans un établissement de soins ambulatoires avec des symptômes pouvant être liés au paludisme dans des zones d'endémie de P. falciparum.
Pour chaque étude, un ensemble de données standard a été extrait de manière indépendante par deux auteurs à l'aide d'un formulaire d'extraction de données spécialement adapté. Les comparaisons ont été regroupées de manière hiérarchique par antigène cible et type et marque de TDR, et ont été combinées en une méta-analyse lorsque cela était approprié.
Nous avons identifié 74 études individuelles éligibles dans la revue et les avons classées en fonction des antigènes détectés. Les études de types 1 à 3 détectaient la HRP-2 (de P. falciparum) uniquement ou avec d'autres antigènes. Les études de types 4 et 5 détectaient la LDHp (de P. falciparum) uniquement ou avec d'autres antigènes. Concernant la comparaison avec la microscopie, nous avons identifié 71 évaluations de tests de type 1, huit évaluations de tests de type 2 et cinq évaluations de tests de type 3. Dans les méta-analyses, les sensibilités et spécificités moyennes (IC à 95 %) étaient de 94,8 % (93,1 à 96,1 %) et 95,2 % (93,2 à 96,7 %) pour les tests de type 1, de 96,0 % (94,0 à 97,3 %) et 95,3 % (87,3 à 98,3 %) pour les tests de type 2, et de 99,5 % (71,0 à 100,0 %) et 90,6 % (80,5 à 95,7 %) pour les tests de type 3, respectivement.
Dans l'ensemble, la méta-analyse de la HRP-2 révélait une sensibilité et une spécificité moyennes (IC à 95 %) de 95,0 % (93,5 à 96,2 %) et 95,2 % (93,4 à 99,4 %), respectivement.
Pour les TDR basés sur l'anticorps anti-LDHp vérifiés par microscopie, nous avons identifié 17 évaluations de TDR de type 4 et trois évaluations de TDR de type 5. Dans les méta-analyses, la sensibilité moyenne des tests de type 4 était de 91,5 % (84,7 à 95,3 %) et la spécificité moyenne de 98,7 % (96,9 à 99,5 %).Pour les tests de type 5, la sensibilité moyenne était de 98,4 % (95,1 à 99,5 %) et la spécificité moyenne de 97,5 % (93,5 à 99,1 %).
Dans l'ensemble, la méta-analyse de la LDHp révélait une sensibilité et une spécificité moyennes (IC à 95 %) de 93,2 % (88,0 à 96,2 %) et 98,5 % (96,7 à 99,4 %), respectivement.
Pour les deux catégories de tests, les résultats des études présentaient une hétérogénéité substantielle. La qualité de la microscopie de référence ne pouvait pas être évaluée dans 40 % des études en raison d'une documentation inadéquate, mais les résultats ne semblaient pas affectés par la qualité de la documentation.
Dans l'ensemble, les tests basés sur l'anticorps anti-HRP-2 (tels que les tests de type 1) tendaient à être plus sensibles et étaient significativement moins spécifiques que les tests basés sur la LDHp (tels que les tests de type 4). Si les estimations ponctuelles pour les tests de type 1 et de type 4 étaient appliquées à une cohorte hypothétique de 1 000 patients, où 30 % des personnes présentant des symptômes sont infectées par P. falciparum, 16 cas ne seraient pas détectés par les tests de type 1, et 26 cas par les tests de type 4. Les tests de type 1 rendraient 34 diagnostics de P. falciparum faussement positifs, contre neuf avec les tests de type 4.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Pour la France : Minist�re de la Sant�. Pour le Canada : Instituts de recherche en sant� du Canada, minist�re de la Sant� du Qu�bec, Fonds de recherche de Qu�bec-Sant� et Institut national d'excellence en sant� et en services sociaux.