Problématique de la revue
Nous avons examiné les données probantes sur l'effet des traitements médicaux sur le botulisme humain.
Contexte
Le botulisme est une maladie grave qui débute brusquement et provoque une paralysie (incapacité à utiliser ses muscles). La cause du botulisme est un germe appelé Clostridium botulinum. Si la maladie n'est pas traitée, de nombreuses personnes atteintes de botulisme mourront. Il existe quatre principaux types de botulisme : le botulisme chez les adultes et les nourrissons où l'intestin est infecté ; le botulisme provenant d'aliments contaminés ; et le botulisme des plaies.
Nous avons cherché des essais cliniques de traitements médicaux pour l'un des quatre principaux types de botulisme. Nous avons évalué les effets du traitement sur le taux de décès à l'hôpital, quelle qu'en soit la cause, dans les quatre semaines suivant l'infection. Nous nous sommes également intéressés aux décès dans les 12 semaines, à la durée du séjour à l'hôpital, à la nécessité d'un appareil de ventilation artificiel (respirateur) pour aider à la respiration (ventilation mécanique), à l'alimentation par sonde et aux événements néfastes du traitement.
Caractéristiques des études
Nos recherches dans la littérature médicale nous ont permis de trouver une étude pertinente, qui portait sur le botulisme infantile. Le traitement consistait en une dose unique d'un médicament fabriqué à partir de protéines immunitaires humaines (immunoglobuline botulinique d'origine humaine par voie intraveineuse, ou BIG-IV). Cinquante-neuf nourrissons ont reçu le BIG-IV et 63 nourrissons ont reçu un placebo (traitement inactif). Chaque participant à l'étude a fait l'objet d'un suivi pendant toute la durée de son hospitalisation. Cette étude a été parrainée par le California Department of Health Services.
Principaux résultats et valeur probante des données
Aucun décès n’est survenu dans l’un ou l’autre groupe au cours de l'essai. Les nourrissons traités par BIG-IV ont passé, en moyenne, environ trois semaines de moins à l'hôpital (c.-à-d. 3,1 semaines contre 5,7 semaines) que les nourrissons qui ont reçu le traitement inactif, et ont passé environ trois semaines de moins sous respirateur (1,8 semaine contre 4,4 semaines). La durée moyenne de l'alimentation par sonde dans le groupe BIG-IV était inférieure de plus de six semaines à celle du groupe placebo (c.-à-d. 3,6 semaines contre 10 semaines). Le risque d'effets néfastes du traitement n'était probablement pas plus grand avec le BIG-IV qu'avec le traitement inactif. Les données avaient pour la plupart une valeur probante moyenne (faible valeur probante pour le temps passé sous respirateur).
La revue montre que le BIG-IV raccourcit probablement l'hospitalisation, pourrait raccourcir le temps passé sous respirateur et réduit probablement la durée de l'alimentation par sonde par rapport au placebo. Par contre, nous n'avons trouvé aucune donnée probante pour ou contre l'antitoxine botulique ou d'autres traitements contre le botulisme.
Les données probantes sont à jour jusqu'en janvier 2018, date à laquelle nous avons mis à jour les recherches et n'avons trouvé aucun nouvel essai.
Nous avons trouvé des données de valeur probante faible et moyenne à l'appui de l'utilisation du BIG-IV dans le botulisme intestinal infantile. Un seul ECR a démontré que le BIG-IV diminue probablement la durée de l'hospitalisation, pourrait diminuer la durée de la ventilation mécanique et diminue probablement la durée de l'alimentation par sonde ou parentérale. Les évènements indésirables n'étaient probablement pas plus fréquents avec les immunoglobulines qu'avec le placebo. Nos recherches n'ont pas permis d’identifier des données probantes concernant l'utilisation d'autres traitements médicaux, notamment l'antitoxine botulique trivalente sérique.
Le botulisme est une maladie paralysante aiguë causée par une neurotoxine produite par Clostridium botulinum. Les soins de soutien, y compris les soins intensifs, sont essentiels, mais le rôle des autres traitements médicaux n'est pas clair. Ceci est la mise à jour d'une revue initialement publiée en 2011.
Évaluer les effets des traitements médicaux sur la mortalité, la durée de l'hospitalisation, la ventilation mécanique, l'alimentation par sonde ou parentérale et le risque d'effets indésirables du botulisme.
Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe de travail Cochrane sur les maladies neuromusculaires, CENTRAL, MEDLINE et Embase le 23 janvier 2018. Nous avons examiné des bibliographies et contacté des auteurs et des experts. Nous avons consulté deux registres d'essais cliniques, le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’OMS et clinicaltrials.gov, le 21 février 2019.
Essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi randomisés examinant le traitement médical de l'un des quatre principaux types de botulisme (botulisme intestinal infantile, botulisme d'origine alimentaire, botulisme des plaies et toxémie intestinale adulte). Les traitements médicaux potentiels incluent l'antitoxine botulique trivalente pour le botulisme sérique équin, l'immunoglobuline botulinique humaine par voie intraveineuse (BIG-IV), l'échange plasmatique, la 3,4-diaminopyridine et la guanidine.
Nous avons suivi la méthodologie standard de Cochrane.
Notre critère de jugement principal a été le décès à l'hôpital, quelle qu'en soit la cause, survenu dans les quatre semaines suivant la randomisation ou le début du traitement. Les critères de jugement secondaires étaient les suivants : décès, quelle qu'en soit la cause, survenu dans les 12 semaines, durée de l'hospitalisation, durée de la ventilation mécanique, durée de l'alimentation par sonde ou parentérale, et proportion de participants ayant développé des évènements indésirables ou des complications du traitement.
Un seul ECR répondait aux critères d'inclusion. Notre actualisation des recherches en 2018 n'a identifié aucun autre essai. L'essai inclus a évalué le BIG-IV pour le traitement du botulisme infantile et comprenait 59 participants au traitement et 63 participants témoins. Le groupe témoin a reçu une immunoglobuline témoin qui n'a pas eu d'effet sur la toxine botulinique. Les participants ont été suivis pendant toute la durée de leur hospitalisation afin de mesurer les critères de jugement intéressants. Il y a eu une certaine violation des principes de l'intention de traiter et peut-être des déséquilibres entre les groupes de traitement parmi les participants admis en unité de soins intensifs et ventilés mécaniquement, mais sinon le risque de biais était faible. Il n'y a eu aucun décès dans l'un ou l'autre groupe, ce qui rend inestimable tout effet du traitement sur la mortalité. Un bénéfice a été observé dans le groupe de traitement en ce qui concerne la durée moyenne de l'hospitalisation (BIG-IV : 2,60 semaines, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 1,95 à 3,25 ; témoin : 5,70 semaines, IC 95 % 4,40 à 7,00 ; différence moyenne (DM) -3,10 semaines, IC 95 % -4,52 à -1,68 ; données de valeur probante moyenne) ; ventilation mécanique (BIG-IV : 1,80 semaines, IC à 95 %, 1,20 à 2,40 ; témoin : 4,40 semaines, IC à 95 % : 3,00 à 5,80 ; DM : -2,60 semaines, IC à 95 % : -4,06 à -1,14 ; données de faible valeur probante) ; et alimentation par sonde ou parentérale (BIG-IV : 3,60 semaines, IC à 95 % 1,70 à 5,50 ; témoin : 10,00 semaines, IC 95 % 6,85 à 13,15 ; DM -6,40 semaines, IC 95 % -10,00 à -2,80 ; données de valeur probante moyenne), mais pas concernant la proportion de participants présentant des événements indésirables ou des complications (BIG-IV : 63,08 % ; témoin : 68,75 % ; risque relatif 0,92 ; IC à 95 % : 0,72 à 1,18 ; réduction du risque absolu 0,06 ; IC à 95 % : 0,22 à -0,11 ; données de valeur probante moyenne).
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