Les antagonistes des récepteurs des leucotriènes dans le traitement de fond et le traitement intermittent de la respiration sifflante épisodique d'origine virale chez l'enfant

Conclusions des auteurs: 

Chez les enfants d'âge préscolaire avec une RSEV, il n'existe aucune preuve de bénéfice d'un traitement de fond ou intermittent par un ARLT par rapport à un placebo, en terme de réduction du nombre d'enfants présentant au moins un épisode d'origine virale nécessitant un traitement de secours avec des corticoïdes par voie orale. Il n'existe par ailleurs que peu de preuves d'un bénéfice clinique significatif pour les critères de jugement secondaires. Par conséquent, dans l'attente de nouvelles données, les ARLT devraient être utilisés avec prudence chez l'enfant. Lorsqu'ils sont utilisés, nous suggérons qu'un essai thérapeutique soit entrepris, au cours duquel l'efficacité du traitement soit étroitement surveillée. Il est probable que les enfants avec un phénotype de RSEV ne représentent pas un groupe homogène et que certains, en fonction du mécanisme physio-pathologique impliqué, puissent néanmoins répondre à un traitement aux ARLT.

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Contexte: 

La respiration sifflante épisodique associée à des infections virales des voies respiratoires (RSEV) est, chez l'enfant d'âge préscolaire, un motif fréquent d'utilisation du système de soins santé et de perte en terme de temps de travail pour leurs parents. Environ un tiers des enfants présentera un épisode de respiration sifflante avant l'âge de cinq ans. Par conséquent, la RSEV représente un important problème de santé publique. De nombreux enfants d'âge préscolaire ne présentent une respiration sifflante qu'en association avec des infections virales et, dans de tels cas, la RSEV semble être une entité séparée de l'asthme dans un contexte atopique. Dans ce cadre, certaines études ont évalué l'efficacité des antagonistes des récepteurs des leucotriènes (ARLT) comme traitement de fond ou comme traitement intermittent.

Objectifs: 

Évaluer les preuves de l'efficacité et de l'innocuité du traitement de fond et intermittent avec un ARLT dans la prise en charge de la RSEV chez les enfants âgés de un à six ans.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons examiné le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur les maladies respiratoires (Cochrane Airways Group) en utilisant des termes prédéfinis. Nous avons effectué des recherches supplémentaires en consultation avec les auteurs des études identifiées, dans les registres d'essais en ligne sur les sites Web des fabricants et dans les références bibliographiques des articles et revues primaires identifiés. Les résultats de la recherche sont à jour jusqu'à juin 2015.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés en groupes parallèles ou croisés (ce dernier type seulement pour l'utilisation intermittente des ARLT). Le traitement de fond était défini comme une utilisation du médicament pendant plus de deux mois, et de moins de 14 jours dans le cas du traitement intermittent. La RSEV était définie par l'antécédent d'au moins un épisode de respiration sifflante dans le cadre d'une infection respiratoire virale et de l'absence de symptômes entre les épisodes. Dans la mesure du possible, les données spécifiques appropriées ont été obtenues auprès des auteurs des études incluant des enfants d'autres groupes d'âge ou d'un phénotype différent. 

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont chacun indépendamment évalué les études à inclure dans la revue et évalué le risque de biais. Le critère d'évaluation principal était le nombre d'enfants présentant au moins un épisode de maladie respiratoire d'origine virale nécessitant au moins un traitement de secours avec des corticoïdes par voie orale. Nous avons analysé les données combinées de type continu en calculant la différence moyenne et les données de type binaire avec un rapport des cotes (RC) (odds ratio).

Résultats principaux: 

Nous avons identifié cinq études éligibles pour inclusion dans la revue totalisant 3741 participants (une d'entre elles évaluait le traitement de fond ; trois d'entre elles le traitement intermittent ; une dernière étude comportait un groupe pour le traitement de fond et un groupe pour le traitement intermittent). Chaque étude comprenait du montélukast par voie orale et était d'une bonne qualité du point de vue méthodologique. Cependant, le choix de différents critères d'évaluation cliniques dans ces études a limité notre capacité à intégrer l'ensemble des données disponibles. Seuls les critères cliniques principaux et les données sur les événements indésirables sont rapportés dans ce résumé.

Pour le traitement de fond, les données spécifiques provenaient d'une seule étude s'appliquant à des enfants présentant seulement un phénotype de RSEV et n'ont pas montré de différence statistiquement significative entre les groupes (montélukast quotidien ou placebo) pour le nombre d'épisodes nécessitant des corticostéroïdes oraux de secours (RC 1,20, IC à 95 % 0,70 à 2,06, preuves de qualité modérée).

Pour l'utilisation intermittente des ARLT, les données combinées ne montraient pas de réduction statistiquement significative du nombre d'épisodes nécessitant un traitement de secours avec des corticostéroïdes par voie orale entre les enfants traités avec un ARLT et ceux recevant un placebo (RC 0,77, IC à 95 % 0,48 à 1,25, preuves de qualité modérée). Les données spécifiques d'une étude de traitement intermittent avec du montélukast chez des enfants présentant un phénotype de RSEV montraient une petite réduction, statistiquement significative, du nombre de consultations non planifiées chez un médecin dans le cadre d'une respiration sifflante (RR 0,83, IC à 95 % 0,71 à 0,98).

Concernant la comparaison entre un traitement de fond et un traitement intermittent par un ARLT, nous n'avons pas pu identifier de données en rapport avec le critère d'évaluation clinique principal de cette revue.

Nous n'avons pas retrouvé d'autres différences significatives entre les groupes pour les critères d'efficacité secondaires, que ce soit pour la comparaison entre un traitement de fond ou intermittent aux ARLT avec un placebo, ou celle d'un traitement de fond avec un traitement intermittent aux ARLT. Nous avons recueilli les données décrivant les événements indésirables rapportés par quatre des cinq études incluses et les taux entre les groupes de traitement et les groupes recevant un placebo étaient similaires.

L'interprétation des preuves est limitée par l'hétérogénéité possible du phénotype des participants au sein d'une même étude et entre les études.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Dr Nathanael Goldman et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.