L'examen urodynamique est une procédure invasive consistant à insérer un cathéter dans la vessie afin d'aider au diagnostic des symptômes de la vessie. Il comporte le risque de provoquer une infection des voies urinaires. Il convient de mettre en balance le risque d'infection des voies urinaires et les symptômes associés à une telle infection (tels que la fièvre et la douleur au moment d'uriner), avec le risque et le coût de l'administration d'antibiotiques à titre prophylactique. Certaines personnes aussi se retrouvent avec un nombre accru de bactéries dans l'urine mais ne développent pas de signes d'infection (bactériurie asymptomatique). Nous avons examiné l'utilisation des antibiotiques prophylactiques pour la prévention des infections urinaires et de la bactériurie. Nous avons identifié neuf essais totalisant 973 personnes. Nous avons constaté que les personnes étaient moins susceptibles d'avoir des bactéries dans l'urine après des études urodynamiques s'ils avaient reçu des antibiotiques (4 % versus 12 %). Bien que le nombre d'infections urinaires ait été réduit (20 % contre 28 % sans antibiotiques), cela n'avait pas atteint un niveau de signification statistique. Il y avait eu trop peu d'effets indésirables, tels que fièvre, douleur au moment d'uriner ou réaction aux antibiotiques, pour que les résultats soient considérés comme fiables. Avec des antibiotiques, les personnes étaient cependant moins susceptibles d'avoir du sang dans les urines. Il n'y avait pas d'information sur d'autres traitements susceptibles d'aider à réduire les infections, ni sur différentes doses ou différents types d'antibiotiques.
Les antibiotiques prophylactiques avaient réduit le risque de bactériurie après des études urodynamiques mais il n'y avait pas assez de données pour mettre en évidence que cet effet ait réduit les infections symptomatiques des voies urinaires. Il n'y avait pas de différence statistiquement significative pour le risque de fièvre, la dysurie ou les réactions indésirables. Les bénéfices potentiels doivent être mis en balance avec les implications cliniques et financières et le risque d'effets indésirables.
Il y a un risque que les personnes ayant subi des études urodynamiques invasives (cystomanométrie) développent des infections urinaires ou des bactéries dans l'urine ou le sang. Cependant, l'utilisation d'antibiotiques prophylactiques avant ou immédiatement après la cystomanométrie invasive ou les études urodynamiques n'est pas dépourvue du risque d'effets indésirables et d'émergence de microbes résistants.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de l'administration d'antibiotiques à titre prophylactique pour la réduction du risque d'infections des voies urinaires après des études urodynamiques. L'hypothèse était que l'administration d'antibiotiques prophylactiques réduit les infections des voies urinaires après des études urodynamiques.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé des essais du groupe Cochrane sur l'incontinence, ainsi que dans MEDLINE (de janvier 1966 à janvier 2009), CINAHL (de janvier 1982 à janvier 2009), EMBASE (de janvier 1966 à janvier 2009), PubMed (du 1er janvier 1980 à janvier 2009), LILACS (jusqu'à janvier 2009), la base de données TRIP (jusqu'à janvier 2009), et le UK NHS Evidence Health Information Resources (recherche effectuée le 10 décembre 2009). Nous avons cherché dans les références bibliographiques d'articles pertinents, les essais primaires et les actes de l'Association Urogynécologique Internationale, de la Société Internationale de Continence et de l'American Urological Association pour les années 1999 à 2009, afin d'identifier des articles non repérés au moyen des recherches électroniques. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue.
Nous avons sélectionné tous les essais contrôlés randomisés et les essais quasi-randomisés comparant l'utilisation d'antibiotiques prophylactiques à un placebo ou à l'absence de traitement chez des patients subissant des études urodynamiques. Deux auteurs (PL et RF) ont effectué indépendamment la sélection des essais à inclure et les désaccords ont été résolus par la discussion.
Toutes les évaluations de qualité des essais et les extractions de données ont été réalisées indépendamment par deux auteurs de la revue (PL et RF) à l'aide de formulaires conçus conformément aux directives Cochrane. Nous avons tenté de contacter les auteurs d'essais inclus à propos de données manquantes. Nous avons extrait des données sur les caractéristiques des participants à l'étude, notamment des détails sur les traitements administrés antérieurement, les interventions utilisées, les méthodes utilisées pour mesurer l'infection et les effets indésirables.
Les analyses statistiques ont été réalisées conformément aux directives de la Cochrane Collaboration. Les données provenant d'analyses en intention de traiter ont été utilisées lorsqu'elles étaient disponibles. Pour les données dichotomiques, les résultats de chaque étude ont été exprimés sous forme de risque relatif (RR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 %, puis combinés en une méta-analyse à l'aide de la méthode de Mantel-Haenszel.
Le principal critère de jugement était l'infection des voies urinaires. L'hétérogénéité a été évaluée au moyen de la valeur P et de la statistique I2.
Neuf essais contrôlés randomisés portant sur l'utilisation prophylactique d'antibiotiques chez des patients subissant des études urodynamiques ont été identifiés, qui incluaient au total 973 patients ; une étude était un résumé. Deux autres essais ont été exclus de la revue. Les méthodes des essais inclus étaient mal décrites.
Le principal critère de jugement dans tous les essais était le taux de développement d'une bactériurie significative, définie comme la présence de plus de 100 000 bactéries par millilitre d'un échantillon d'urine à mi-jet sur un test de culture et de sensibilité. Les autres critères de jugement étaient notamment la pyrexie, l'hématurie, la dysurie et les réactions indésirables aux antibiotiques.
En comparaison avec le placebo, l'administration d'antibiotiques prophylactiques avait réduit le risque de bactériurie importante (4 % avec des antibiotiques contre 12 % sans, risque relatif (RR) 0,35 ; IC à 95% 0,22 à 0,56) chez les hommes comme chez les femmes. L'administration d'antibiotiques prophylactiques avait également réduit le risque d'hématurie (RR 0,46 ; IC à 95% 0,23 à 0,91). Toutefois, il n'y avait pas de différence statistiquement significative pour le principal critère de jugement, le risque d'infection symptomatique des voies urinaires (40 /201, 20 % versus 59/214, 28 % ; RR 0,73 ; IC à 95% 0,52 à 1,03), ou le risque de fièvre (RR 5,16 ; IC à 95% 0,94 à 28,16) ou de dysurie (RR 0,83 ; IC à 95% 0,5 à 1,36). Seules deux personnes sur 135 avaient eu une réaction indésirable aux antibiotiques. Le nombre de patients à traiter avec des antibiotiques pour prévenir une bactériurie était de 12,3. Chez les femmes, le nombre de personnes traiter pour prévenir une bactériurie était de 13,4 , tandis que chez les hommes il était de 9,1 (nombre de sujets à traiter = 1 / réduction absolue du risque).