La leucémie myéloïde aiguë (LMA ) est un type rare et agressif de cancer du sang qui se manifeste par des infections, des saignements et un taux élevé de mortalité. Elle nécessite un traitement immédiat par chimiothérapie intensive et parfois aussi au moyen d'une transplantation de moelle osseuse. Les infections sont une cause majeure de mortalité chez les patients atteints de LMA étant donné que la chimiothérapie intensive réduit le nombre de globules blancs (WBC) et perturbe le système immunitaire. Les facteurs de stimulation de colonies (CSF) sont des agents administrés afin d'accroître le nombre de leucocytes, dans l'espoir de diminuer le taux d'infections. Il n'a toutefois pas été établi si leur administration risquait d'affecter négativement d'autres critères de résultat en rapport avec la maladie, tels que l'obtention d'une rémission ou le taux de rechute. Plus important encore, on ne sait pas si leur administration influence la survie des patients atteints de LMA. C'est pourquoi, nous avons effectué une revue systématique évaluant l'impact des CSF sur la maladie et au niveau des infections. Notre revue a montré que l'ajout de CSF à la chimiothérapie chez les patients atteints de LMA n'affectait ni la survie globale, ni l'obtention d'une rémission ou le taux de rechute. Et surtout, ils n'ont pas d'incidence sur le taux d'infections dans cette population. Nous avons conclu qu'il ne faut pas donner systématiquement des CSF post-chimiothérapie aux patients atteints de LMA. Leur administration pourrait toutefois être envisagée sur une base individuelle.
En résumé, les facteurs de stimulation de colonies ne doivent pas être systématiquement donnés post-chimiothérapie aux patients atteints de leucémie myéloïde aiguë car ils n'affectent ni la survie globale ni les paramètres d'infection, notamment les taux de bactériémies et d'infections fongiques invasives.
La leucémie myéloïde aiguë (LMA) est un cancer mortel de la moelle osseuse. Des facteurs de stimulation de colonies (CSF) sont fréquemment administrés pendant et après la chimiothérapie afin de réduire les complications. Cependant, en cas de LMA, leur sécurité au niveau des critères de résultat en rapport avec la maladie et de la survie n'est pas claire. C'est pourquoi nous avons effectué une revue systématique et une méta-analyse pour évaluer l'impact des CSF sur les résultats pour les patients, notamment la survie.
Évaluer l'innocuité et l'efficacité des CSF au niveau des critères de résultat en rapport avec la maladie et de la survie chez les patients atteints de LMA.
Nous avons mis en œuvre une stratégie de recherche documentaire exhaustive. Nous avons identifié des essais cliniques randomisés appropriés en cherchant dans le registre central Cochrane des essais contrôlés (The Cochrane Library 2010, numéro 7), MEDLINE (de janvier 1966 à juillet 2010), LILACS (jusqu'à décembre 2009), des bases de données d'essais en cours et des actes de conférences pertinentes.
Des essais contrôlés randomisés ayant comparé l'ajout de CSF pendant et après la chimiothérapie à la chimiothérapie seule chez des patients atteints de LMA. Nous avons exclu les essais évaluant le rôle des CSF administrés dans un but de collecte de cellules souches et/ou d'amorçage (par ex. avant et/ou seulement pour la durée de la chimiothérapie).
Deux auteurs ont, de manière indépendante, évalué la qualité des essais et extrait les données. Pour chaque essai, nous avons exprimé les résultats de type dichotomique sous la forme du risque relatif (RR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 %. Nous avons analysé les résultats de type « délai avant événement » au moyen du hazard ratio (HR).
La recherche documentaire a abouti à 19 essais totalisant 5 256 patients. L'ajout de CSF à la chimiothérapie n'entrainait aucune différence pour la mortalité toutes causes à 30 jours et en fin de suivi (RR = 0,97 ; IC à 95 % 0,80 à 1,18 et RR 1,01 ; IC à 95 % 0,98 à 1,05 respectivement) ou pour la survie globale (HR 1,00 ; IC à 95 % 0,93 à 1,08). Il n'y avait pas de différence pour les taux de rémission complète (RR 1,03 ; IC à 95 % 0,99 à 1,07), les taux de rechute (RR 0,97 ; IC à 95 % 0,89 à 1,05) et la survie sans maladie (HR 1,00 ; IC à 95 % 0,90 à 1,13). Les CSF n'avaient pas diminué la fréquence des bactériémies (RR 0,96 ; IC à 95 % 0,82 à 1,12) ni le nombre des infections fongiques invasives (RR 1,40 ; IC à 95 % 0,90 à 2,19). En comparaison avec le groupe de contrôle, les CSF avaient légèrement accru les événements indésirables imposant d'arrêter les CSF (RR 1,33 ; IC à 95 % 1,00 à 1,56).