Le PRO 140 (une forme humanisée de l'anticorps PA14, un anticorps monoclonal CCR5) est un anticorps de laboratoire qui bloque le récepteur CCR5 présent sur les cellules CD4. En bloquant le CCR5, le PRO 140 prévient l'infection des cellules saines par le VIH. Le PRO 140 pourrait constituer un nouveau traitement efficace en comblant potentiellement les lacunes des traitements actuellement disponibles pour les patients infectés par le VIH. Le PRO 140 est un nouveau traitement important qui est entré en phase de test.
Nous avons examiné l'efficacité et l'innocuité du PRO 140 ainsi que ses effets sur la progression clinique de la maladie et sur les marqueurs immunologique (numération/pourcentage des CD4) et virologique (charge virale plasmatique d'ARN du VIH) chez les patients infectés par le VIH. Nous avons inclus trois essais contrôlés randomisés (ECR) dans cette revue. Les preuves sont à jour jusqu'à avril 2014. Le risque de biais était imprécis dans ces trois ECR, car les détails de la méthodologie n'y étaient pas dûment déclarés. Tous les patients dans ces trois études étaient des adultes infectés par le VIH, et le PRO 140 était administré par perfusion sous-cutanée ou intraveineuse à différentes doses. Ces trois études examinaient les marqueurs immunologique (numération/pourcentage des CD4) et virologique (charge virale plasmatique d'ARN du VIH). Il peut y avoir des conflits d'intérêts potentiels dans toutes les études, car certains des auteurs sont des employés actuels ou passés de Progenics Pharmaceuticals, le fabricant de PRO 140.
Notre revue systématique a montré que le PRO 140 pourrait permettre à court terme une suppression dose-dépendante significative de l'ARN du VIH-1 avec des effets secondaires tolérables. Le PRO 140 à 2 mg/kg, 5 mg/kg, 10 mg/kg, 162 mg hebdomadaires, 324 mg bi-hebdomadaires et 324 mg hebdomadaires pourrait réduire les niveaux d'ARN du VIH-1 et démontrer une réponse antivirale. Le PRO 140 à 5 mg/kg était également associé à un changement supérieur de la numération des cellules CD4+ à huit jours. Les maux de tête, la lymphadénopathie, la diarrhée, la fatigue, l'hypertension, la congestion nasale et le prurit étaient les événements indésirables les plus fréquemment rapportés. Bien que les preuves disponibles issues de ces trois essais suggèrent que le PRO 140 pourrait être efficace, l'effectif de ces trois études était très limité et les résultats pourraient être affectés par des biais potentiels. Ainsi, la qualité des preuves issues des ECR disponibles était faible.
Le PRO 140 a fait l'objet d'un processus d'approbation rapide par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, mais son efficacité doit encore être démontrée dans le cadre d'ECR de haute qualité, à grande échelle et à long terme. Les trois études examinées ici évaluaient uniquement son efficacité à court terme (58 ou 59 jours). L'efficacité à long terme n'était pas évaluée et les données relatives aux événements indésirables n'étaient pas correctement documentées pour chaque groupe. Par conséquent, aucune recommandation ne peut encore être faite en application de ces preuves. L'éventuelle utilisation du PRO 140 dans la pratique clinique en traitement de première intention des patients infectés par le VIH dépendra des résultats des futurs ECR de haute qualité.
Des preuves limitées issues de trois petits essais suggèrent que le PRO 140 pourrait présenter, à court terme, une activité antivirale puissante, dose-dépendante et hautement significative. Cependant, les preuves étant insuffisantes, des recommandations ne peuvent pas encore être émises. Des ECR en double aveugle à plus grande échelle et à plus long terme sont nécessaires afin d'obtenir des preuves concluantes.
Le PRO 140 (une forme humanisée de l'anticorps PA14, un anticorps monoclonal CCR5) inhibe le virus de l'immunodéficience humaine de type 1 (VIH) à tropisme CCR5 (R5). Il peut constituer un nouveau traitement efficace avec le potentiel pour combler les lacunes des thérapies actuellement disponibles pour les patients infectés par le VIH.
Notre objectif était d'évaluer l'efficacité et l'innocuité du PRO 140 ainsi que ses effets sur la progression clinique de la maladie et sur les marqueurs immunologique (numération/pourcentage des CD4) et virologique (charge virale plasmatique d'ARN du VIH) chez les patients infectés par le VIH dans des essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi randomisés (quasi-ECR).
Nous avons effectué des recherches dans des bases de données comme le registre Cochrane des essais contrôlés (Bibliothèque Cochrane 2014, numéro 4), MEDLINE (PubMed, de janvier 1966 à avril 2014), EMBASE (de janvier 1978 à avril 2014) et ISI Web of Knowledge (de janvier 1966 à avril 2014), des registres d'essais cliniques en ligne et dans d'autres sources. Nous avons également passé au crible les références bibliographiques de la littérature pertinente et des études admissibles, ainsi que des présentations issues des principales conférences sur le VIH/sida (virus de l'immunodéficience humaine / syndrome d'immunodéficience acquise).
Nous avons inclus les ECR et quasi-ECR comparant le PRO 140 à un placebo ou à d'autres antirétroviraux, ou différentes doses de PRO 140 chez des individus infectés par le VIH.
Deux évaluateurs (L Li et JH Tian) ont, de manière indépendante, examiné toutes les références bibliographiques identifiées et sélectionné les études éligibles. Deux auteurs (P Zhang et WQ Jia) ont extrait les données de façon indépendante. Toute divergence lors de la sélection des études et de l'extraction des données a été résolue par le mentor de la revue (KH Yang). Nous avons utilisé le logiciel Review Manager (RevMan) pour effectuer une analyse statistique en intention de traiter. Nous avons examiné l'hétérogénéité à l'aide de la statistique Chi2 . Les estimations I2 supérieures à 50 % ont été considérées comme représentatives de niveaux d'hétérogénéité modérés ou élevés. Selon le niveau d'hétérogénéité, nous avons utilisé un modèle à effets fixes ou aléatoires. En cas d'hétérogénéité significative inexpliquée, nous avons rapporté les résultats de manière qualitative.
Nous avons inclus trois essais comparant le PRO 140 à un placebo chez des patients adultes infectés par le VIH. Notre revue indique que le PRO 140 pourrait permettre une suppression dose-dépendante significative de l'ARN du VIH-1 avec des effets secondaires tolérables. Le PRO 140 à des doses de 2 mg/kg, 5 mg/kg, 10 mg/kg, 162 mg hebdomadaires, 324 mg bihebdomadaires et 324 mg hebdomadaires était associé à des différences statistiquement significatives en termes de changements des niveaux d'ARN du VIH-1. Les niveaux d'ARN du VIH-1 ont été réduits par le PRO 140 en perfusion intraveineuse (IV) à 2 mg/kg ou 5 mg/kg au jour 10, à 5 mg/kg ou 10 mg/kg au jour 12, à 162 mg hebdomadaires, 324 mg bihebdomadaires ou 324 mg hebdomadaires au jour 22. Le PRO 140 à 2 mg/kg, 5 mg/kg, 10 mg/kg, 162 mg hebdomadaires, 324 mg bi-hebdomadaires et 324 mg hebdomadaires a démontré une meilleure réponse antivirale. Le PRO 140 à 324 mg hebdomadaires, 5 mg/kg et 10 mg/kg était associé à une augmentation du nombre de patients présentant ≦ 400 copies/ml d'ARN du HIV-1. Seul le PRO 140 à 5 mg/kg était associé à un changement plus important dans la numération des cellules CD4+ à huit jours. Les céphalées, la lymphadénopathie, la diarrhée, la fatigue, l'hypertension, la congestion nasale et le prurit étaient les événements indésirables les plus fréquemment rapportés.
Traduction réalisée par Cochrane France