Les auteurs ont analysé 33 essais cliniques afin d'évaluer si la tibolone, en comparaison avec un placebo ou avec un traitement hormonal substitutif combiné, était efficace pour soulager les symptômes de la ménopause et réduire les risques associés à l'utilisation de l'hormonothérapie sur le long terme. Des résultats de portée limitée ont suggéré que la tibolone était moins efficace que l'hormonothérapie combinée dans le traitement des symptômes de la ménopause, bien que moins de femmes aient souffert de saignements vaginaux. Dans deux essais distincts, l'utilisation prolongée de la tibolone (pendant une ou plusieurs années) avait augmenté le risque de cancer du sein chez les femmes ayant déjà souffert de ce cancer dans le passé ainsi que le risque d'accident vasculaire cérébral chez les femmes dont l'âge moyen était de plus de 60 ans. Le profil de risque de ce médicament n'est pas bien défini, mais il parait suffisamment inquiétant pour que son utilisation à long terme ne soit pas encouragée.
La tibolone, en dose quotidienne de 2,5 mg, pourrait être moins efficace que l'hormonothérapie combinée pour alléger les symptômes ménopausiques mais elle a permis de réduire l'incidence des saignements vaginaux. Des résultats montraient que le traitement par hormonothérapie combinée était plus efficace pour la gestion des symptômes ménopausiques que la tibolone. Les données disponibles sur l'innocuité à long terme de la tibolone sont préoccupantes en raison de l'augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes ayant déjà souffert d'un cancer du sein dans le passé et, dans un autre essai, de la hausse du risque d'AVC chez les femmes dont l'âge moyen était supérieur à 60 ans. Des préoccupations similaires pourraient exister pour les estroprogestatifs, mais leur profil bénéfice-risque global est mieux connu et plus directement lié aux femmes ayant des symptômes ménopausiques.
La tibolone est une option envisageable pour le traitement des symptômes de la ménopause, d'après les données disponibles sur son efficacité à court terme. Cependant, il convient de pondérer les bénéfices et les risques de la tibolone car sa possible influence sur les cancers du sein et de l'endomètre ainsi que sur les AVC est préoccupante.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de la tibolone dans le traitement des femmes ménopausées.
Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les troubles menstruels et de la fertilité (le 19 avril 2011), dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library 2011, 2ème trimestre), MEDLINE (des origines au 19 avril 2011), EMBASE (de 1980 à la 3ème semaine d'avril 2011), PsycINFO (de 1806 à la 3ème semaine d'avril 2011) et Clinical Trials.gov (30 avril 2011). Nous avons contacté certains chercheurs ainsi que le fabricant actuel de la tibolone afin d'identifier des essais non publiés ou en cours.
Des essais contrôlés randomisés (ECR) ayant comparé la tibolone à un placebo, aux œstrogènes ou à l'hormonothérapie substitutive combinée, à travers l'évaluation du pourcentage de femmes présentant des symptômes ménopausiques, de la gravité de ces symptômes et de l'apparition de problèmes de non-innocuité chez les femmes ménopausées.
Quatre auteurs ont extrait de façon indépendante les informations des articles, les divergences étant résolues par consensus. Tous les résultats étudiés étaient dichotomiques. Les rapports des cotes (RC) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés au moyen du modèle à effets aléatoires. L'hétérogénéité des études a été prise en compte avant de décider de regrouper des données.
En comparaison avec le placebo, la tibolone était plus efficace pour atténuer la fréquence des symptômes vasomoteurs (deux ECR ; n = 847 ; RC 0,42 ; IC à 95 % 0,25 à 0,69), bien que seule la dose de 2,5 mg/jour de tibolone fut significativement meilleure que le placebo, mais avec une augmentation des saignements vaginaux (sept ECR ; n = 7 462 ; RC 2,75 ; IC à 95 % 1,99 à 3,80). En comparaison avec des doses équipotentes d'hormonothérapie combinée, la tibolone réduisait les saignements vaginaux (15 ECR ; n = 6 342 ; RC 0,32 ; IC à 95 % 0,24 à 0,42), mais était moins efficace pour atténuer la fréquence des symptômes vasomoteurs (deux ECR ; n = 545 ; RC 4,16 ; IC à 95 % 1,50 à 11,58).
Pour ce qui concerne la sécurité à long terme, deux ECR majeurs de la tibolone versus placebo ont fourni les données les plus pertinentes. Un ECR portant sur 3 098 femmes souffrant du cancer du sein et de symptômes ménopausiques a été arrêté après 3,1 années en raison de l'augmentation des cas de récidive tumorale (RC 1,50 ; IC à 95 % 1,21 à 1,85). Toutefois, dans un autre ECR qui avait sélectionné des femmes ostéoporotiques ayant une mammographie négative (n = 4 506), la tibolone était associée à une réduction du cancer du sein comparativement au placebo après 2,8 années (RC 0,32 ; IC à 95 % 0,13 à 0,79), bien que l'essai n'ait pas été spécifiquement conçu pour évaluer ce critère de résultat et que le nombre total d'événements fut faible. Dans le même ECR, un risque accru d'accident vasculaire cérébral avait été observé (RC 2,18 ; IC à 95 % 1,12 à 4,21). Par rapport au placebo, il n'y avait aucune preuve claire d'un effet de la tibolone sur le cancer de l'endomètre, étant donné le faible nombre d'événements (sept ECR ; n = 8 152 ; RC 1,98 ; IC à 95 % 0,73 à 5,32).
Aucune preuve de différence en matière d'innocuité à long terme entre la tibolone et l'hormonothérapie combinée n'a été observée.