La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et la stéatohépatite non alcoolique (NASH) chez les patients avec une absence ou une consommation minimum d'alcool est caractérisée par des changements histologiques hépatiques similaires à ceux associés à une lésion hépatique induite par l'alcool. Un éventail de changements histologiques peut être observé. Certains patients ont accumulé des triglycérides dans les hépatocytes sans inflammation ni fibrose significative (simple stéatose hépatique non alcoolique ou NAFLD), mais d'autres souffrent de stéatose hépatique avec d’importants changements nécro-inflammatoires avec ou sans fibrose associée (NASH). Bien que la NAFLD et la NASH soient des affections courantes, aucun traitement médical disponible n’est efficace pour corriger les enzymes hépatiques anormales et les effets indésirables qui sont associés. Cette revue systématique a identifié deux essais cliniques randomisés avec un très petit nombre de participants. Un des essais était un essai pilote et comparait la simvastatine avec un placebo. L'autre essai évaluait l'atorvastatine versus le fénofibrate versus une association des deux. Le petit essai pilote (n = 16 patients) évaluant la simvastatine par rapport à un placebo chez les patients atteints de NASH n'a démontré aucun effet significatif sur l'activité des enzymes hépatiques ou sur l'histologie hépatique. Aucun effet indésirable n'a été signalé. L'autre essai comparait l'atorvastatine versus le fénofibrate versus un groupe recevant les deux interventions chez 186 patients atteints de NASH. Il n'y avait aucune différence statistiquement significative parmi les trois groupes d'intervention concernant les activités moyennes de l’aspartate aminotransférase, de l'alanine aminotransférase et du gamma-glutamyl transpeptidase, ou des phosphatases (enzymes hépatiques) dans le sang pendant 54 semaines. Les niveaux de triglycérides semblaient plus élevés dans le groupe sous fénofibrate que celui sous atorvastatine. L'histologie hépatique n'était pas évaluée dans cet essai. La présence de preuves biochimiques et ultrasonographiques de NAFLD semblait être plus élevée dans le groupe sous fénofibrate par rapport aux deux groupes d'intervention. Trois patients ont arrêté le traitement en raison de myalgie et d’un taux élevé d'activité de créatine kinase sérique, un patient appartenait au groupe de l'atorvastatine et deux au groupe de combinaison. Un patient dans le groupe de l'atorvastatine avait arrêté le traitement en raison d'une augmentation de l'activité d'alanine aminotransférase, qui était plus de trois fois supérieure à la limite normale. Les deux essais étaient à risque de biais élevé (surestimation des effets bénéfiques et sous-estimation des effets néfastes). De plus, les groupes étaient de petite taille, augmentant le risque d'erreurs aléatoires (jeux de hasard). En conséquence, nous n'avons pas trouvé de preuves pour soutenir ou réfuter l'utilisation de statines chez les patients atteints de NAFLD ou de NASH. D'autres essais avec un plus grand nombre de patients portant explicitement sur des critères de jugement liés aux patients (par exemple, la qualité de vie, le développement d'une cirrhose et la mortalité) sont nécessaires pour évaluer les effets des statines sur la NAFLD ou la NASH.
Basé sur les résultats de cette revue, qui comprenait deux essais présentant un risque de biais élevé et un faible nombre de participants, il semble possible que les statines puissent améliorer les niveaux d’aminotransférase sérique, ainsi que les résultats de l'échographie. Aucun des essais n’a rapporté d'éventuels changements histologiques, de morbidité liée au foie ou de mortalité. Des essais avec des tailles d'échantillon plus importantes et un faible risque de biais sont nécessaires avant de pouvoir proposer des statines comme traitement efficace chez les patients atteints de la NASH. Cependant, étant donné que les statines peuvent améliorer les critères de jugement indésirables couramment associés à d'autres troubles de la NASH (tels que l'hyperlipidémie, le diabète, le syndrome métabolique), leur utilisation chez les patients atteints de stéato-hépatite non alcoolique peut être justifiée.
La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et la stéato-hépatite non alcoolique (NASH) sont des causes fréquentes des enzymes hépatiques dans la population en général. La NASH et, dans une certaine mesure, la NAFLD ont été associées à une augmentation de la stéatose hépatique liée au foie et à la mortalité toutes causes confondues. Aucun traitement efficace n’est encore disponible. Des rapports récents ont montré que l'utilisation d'inhibiteurs de l’hydroxymethylglutaryl-coenzyme (HMG-CoA) réductase (statines) chez les patients souffrant d’aminotransférase plasmatique pourrait entraîner une normalisation de ces enzymes hépatiques. Il n’est pas clairement déterminé s’il s’agit d’un effet constant ou si cela peut conduire à une amélioration des résultats cliniques au-delà de la normalisation des enzymes hépatiques anormaux.
Évaluer les effets bénéfiques et délétères des statines (lovastatine, atorvastatine, simvastatine, pravastatine, rosuvastatine et fluvastatine) sur la mortalité toutes causes confondues et sur la mortalité liée au foie, sur les effets indésirables et histologiques, sur les réponses biochimiques et d'imagerie chez les patients atteints NAFDL ou de NASH.
Nous avons effectué une recherche de littérature informatisée dans le registre des essais contrôlés du groupe Cochrane sur les affections hépato-biliaires, le registre des essais contrôlés de la centrale Cochrane (CENTRAL) dans la bibliothèque Cochrane, MEDLINE, EMBASE et Science Citation Index Expanded jusqu' à mars 2013. Nous avons effectué des recherches récursives des références bibliographiques de toutes les publications pertinentes pour garantir une recherche complète et exhaustive de la littérature publiée. Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue ou la date de publication.
Tous les essais cliniques randomisés utilisant des statines comme principal traitement de la NAFLD ou de la NASH par rapport à l'absence de traitement, un placebo, ou d'autres agents hypolipidémiants.
Les données ont été extraites et le risque de biais de chaque essai a été évalué indépendamment par deux ou plusieurs auteurs de la revue. Les méta-analyses ont été réalisées lorsque cela était possible. Review Manager 5.2 a été utilisé.
Lorsque la méthode de recherche décrite a été utilisée et les critères d'éligibilité des résultats ont été appliquées, 653 dossiers ont été trouvés. Seuls deux étaient des essais cliniques randomisés et ont été considérés comme éligibles pour l'inclusion. Nous avons évalué les deux essais avec un risque de biais élevé. Un des essais était un essai pilote dans lequel 16 participants atteints de NASH confirmée par biopsie ont été randomisés pour recevoir 40 mg de simvastatine (n =10) ou un placebo (n =6) une fois par jour et pendant 12 mois. Aucune amélioration statistiquement significative dans le niveau d’aminotransférase n’était observée dans le groupe sous simvastatine par rapport au groupe sous placebo. L’histologie hépatique n'était pas significativement affectée par la simvastatine.
L'autre essai possédait trois groupes. L'essai comparait 20 mg d’atorvastatine par jour (n =63) versus 200 mg de fénofibrate (n =62) versus un groupe traité avec une combinaison des deux interventions (n =61). Il n'y avait aucune différence statistiquement significative entre l'un des trois groupes d'intervention concernant les activités moyennes de l’aspartate aminotransférase, de l'alanine aminotransférase du gamma-glutamyl transpeptidase et de la phosphatase alcaline pendant 54 semaines. Le niveau des triglycérides semblait plus élevé dans le groupe sous fénofibrate que dans le groupe sous atorvastatine. L'histologie hépatique n'était pas évaluée dans cet essai. La présence de preuves biochimiques et ultrasonographiques de NAFLD semblait être plus élevée dans le groupe sous fénofibrate par rapport aux deux groupes d'intervention. Trois patients ont arrêté le traitement en raison de myalgie et d’un taux élevé de l'activité de la créatine kinase sérique, un patient appartenait au groupe de l'atorvastatine et deux au groupe de combinaison. Un patient dans le groupe de l'atorvastatine avait arrêté le traitement en raison d'une augmentation de l'activité d'alanine aminotransférase, qui était plus de trois fois supérieure à la limite normale.
Aucune donnée sur la mortalité toutes causes confondues et sur la mortalité liée à l’hépatique n’a été rapportée dans les essais inclus.