Pourquoi cette revue est-elle importante?
La dépression majeure est une maladie grave qui peut entraîner une gêne significative chez les personnes qui en souffrent et leurs familles. La dépression majeure affecte la capacité des personnes à travailler, les relations et l'estime de soi. Elle affecte également les personnes physiquement suite à un changement dans leurs habitudes de sommeil et à une perte d'appétit. Les symptômes de la dépression majeure peuvent amener les patients à se sentir désespérés et même suicidaires. Les médicaments antidépresseurs sont une option de traitement efficace pour la dépression majeure, mais beaucoup souffrent d’effets secondaires désagréables.
Cette revue est importante, car elle compare un nouvel antidépresseur, appelé agomélatine, par rapport à d'autres antidépresseurs utilisés pour traiter la dépression majeure. L’agomélatine fonctionne différemment comparée aux antidépresseurs existants, elle affecte l'hormone mélatonine dans le cerveau et stimule la libération de substances chimiques dans le cerveau, la dopamine et la noradrénaline.
Qui pourraient être intéressés par cette revue?
Les personnes touchées par la dépression majeure.
Les médecins généralistes, les psychiatres et les pharmaciens.
Les professionnels travaillant dans des services de santé mentale pour adultes.
La famille et les amis des personnes qui souffrent de dépression majeure.
Quelles sont les questions de cette revue ?
L’agomélatine est-elle plus efficace que les autres médicaments antidépresseurs ?
Les patients tolèrent-ils mieux l’agomélatine par rapport aux autres antidépresseurs ?
Quels sont les effets secondaires de l’agomélatine comparée à d'autres antidépresseurs?
Quelles études ont été incluses dans la revue ?
En juillet 2013, nous avons utilisé les bases de données médicales électroniques pour trouver tous les essais médicaux publiés et non publiés qui comparaient l'agomélatine à n'importe quel autre antidépresseur. Nous avons également contacté les Laboratoires Servier (le développeur de l’agomélatine) pour obtenir des informations supplémentaires. Pour être inclus dans la revue, les essais médicaux devaient avoir un plan randomisé (c'est-à-dire être essais contrôlés randomisés), regroupant des participants adultes (âgés de plus de 18) atteints d’une dépression majeure.
Nous avons identifié 13 essais médicaux, impliquant un total de 4 495 participants, qui ont pu être inclus dans la revue. Les examinateurs ont évalué la qualité globale des essais comme «modérée». Presque tous les essais inclus étaient parrainés par le laboratoire pharmaceutique qui a développé l’agomélatine (Servier), ce qui pourrait entrainer des biais (les recherches démontrent que le financement affecte fortement les résultats des études).
Que nous apportent les preuves de la revue ?
La revue a inclus les essais comparant l’agomélatine à un groupe sous antidépresseurs appelés inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) et à un antidépresseur du groupe sous venlafaxine, un inhibiteur puissant du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline. Les participants ont été suivis pendant 6 à 12 semaines.
- L’agomélatine n'était ni plus, ni moins efficace lorsque comparée aux autres antidépresseurs pour réduire les symptômes de dépression.
- L’agomélatine n'était ni plus, ni moins efficace lorsque comparée à tout autre antidépresseur dans la prévention des rechutes de la dépression.
- L’agomélatine était mieux tolérée que la venlafaxine (moins de patients arrêtaient le traitement), mais équivalait aux ISRS.
- L’agomélatine causait un taux plus faible d'étourdissements que la venlafaxine.
- L’agomélatine causait un taux plus faible de vomissements, de nausées et d’effets secondaires que les ISRS.
Que se passe-t-il ensuite ?
Les évaluateurs ont conclu que l’agomélatine n'est pas plus efficace que d'autres antidépresseurs actuellement sur le marché. Les patients semblaient mieux la tolérer en termes de diminution de certains effets secondaires. Cependant, la qualité des essais était faible et seulement quelques essais comparaient l'agomélatine avec chaque médicament. Aucune conclusion définitive sur l’agomélatine ne peut être émise en raison de problèmes liés à la consignation des données dans les essais inclus. Les auteurs recommandent que d'autres essais de l’agomélatine versus le placebo (pilule factice), en particulier dans des environnements de soins primaires (où la majorité des contacts entre les patients/médecins généralistes sont réalisés, tels que dans les cabinets médicaux), doivent être réalisés pour améliorer la qualité des preuves.
L’agomélatine ne semble pas offrir d’avantage significatif en termes d'efficacité par rapport à d'autres agents antidépresseurs pour le traitement de la phase aiguë de la dépression majeure. L’agomélatine était mieux tolérée que la paroxétine et la venlafaxine pour l'ensemble des effets secondaires. De même, moins de participants traités à l'agomélatine abandonnaient les essais en raison d'effets secondaires par rapport à la sertraline et la venlafaxine, mais les données étaient limitées car le nombre d'études incluses était de petite taille. Nous avons trouvé des preuves qui comparaient l'agomélatine avec seulement un nombre restreint d'autres agents antidépresseurs actifs et il n'existe que quelques essais pour chaque comparaison, ce qui limite la possibilité de généraliser les résultats. De plus, la qualité méthodologique globale des études était faible. Par conséquent, aucune conclusion définitive ne peut être apportée concernant l'efficacité et la tolérance de l’agomélatine.
Le trouble dépressif majeur (TDM), ou la dépression, est un syndrome caractérisé par un certain nombre de caractéristiques comportementales, cognitives et émotionnelles. Il est le plus souvent associé à une humeur dépressive ou triste, une capacité réduite à éprouver du plaisir, un sentiment de désespoir, une perte d'énergie, des troubles du sommeil, un manque de concentration, des fluctuations de poids et des pensées suicidaires. Des antidépresseurs plus efficaces et mieux tolérés sont nécessaires pour lutter contre cette affection. L’agomélatine a récemment été ajoutée à la liste des médicaments antidépresseurs disponibles; il s’agit d’un nouvel antidépresseur qui fonctionne sur les récepteurs mélatoninergiques (MT 1 Et MT 2 ), 5 -HT 2 B Et 5 -HT 2 C . Du fait que le mécanisme d'action soit sensé être nouveau, il pourrait fournir une stratégie pharmacologique plus efficace comparée aux médicaments antidépresseurs existants.
L'objectif de cette revue était de 1) déterminer l'efficacité de l'agomélatine dans le soulagement des symptômes aigus du trouble dépressif majeur en comparaison avec d'autres antidépresseurs, 2) examiner l'acceptabilité de l’agomélatine en comparaison avec d'autres médicaments et 3) examiner les effets indésirables de l’agomélatine, y compris la prévalence générale des effets secondaires chez l'adulte.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe de la Collaboration Cochrane sur la dépression, l’anxiété et la névrose (CCDANTR) jusqu' au 31 juillet 2013. Le CCDANTR comprend des essais contrôlés randomisés pertinents issus des bases de données bibliographiques suivantes : CENTRAL (le registre Cochrane des essais contrôlés) (toutes les années), EMBASE (à partir de 1974), MEDLINE (à partir de 1950) et PsycINFO (à partir de 1967). Nous avons examiné les références bibliographiques des études pertinentes avec les revues et les rapports de l’organisme de règlementation. Aucune restriction concernant la date, la langue ou le statut de publication n'a été appliquée à la recherche. Les Laboratoires Servier (développeur de l’agomélatine) et d'autres experts dans le domaine ont été contactés pour obtenir des données supplémentaires.
Essais contrôlés randomisés chez des participants adultes atteints de dépression majeure pour comparer l’agomélatine par rapport à un autre antidépresseur.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et une procédure de double entrée a été utilisée. Les informations extraites comprenaient les caractéristiques des études, les caractéristiques des participants, les détails de l'intervention et les mesures de résultat en termes d'efficacité, d'acceptabilité et de tolérance.
Un total de 13 études (4 495 participants) a été inclus dans cette revue. L’agomélatine était comparée à des inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), à savoir la paroxétine, la fluoxétine, la sertraline, l'escitalopram, ainsi qu’à l’inhibiteur puissant du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN), la venlafaxine. Les participants ont été suivis pendant 6 à 12 semaines. L’agomélatine ne rapportait ni plus, ni moins d’effets bénéfiques ou néfastes par rapport aux autres antidépresseurs pour notre principal critère de jugement, la réponse au traitement (risque relatif (RR) 1,01, intervalle de confiance à 95% (IC) de 0,95 à 1,08, valeur P 0,75 par rapport aux ISRS, et RR 1,06; IC à 95% de 0,98 à 1,16, valeur P 0,16, par rapport à la venlafaxine). De même, l’agomélatine n'a démontré aucun avantage ou inconvénient par rapport à d'autres antidépresseurs pour la rémission (RR 0,83; IC à 95% de 0,68 à 1,01, valeur P 0,07 par rapport aux ISRS, et RR 1,08; IC à 95% 0,94 à 1,24, valeur P 0,73 par rapport à la venlafaxine). Dans l'ensemble, l’agomélatine semblait être mieux tolérée que la venlafaxine en termes de diminution des taux de sorties d'étude (RR 0,40; IC à 95% 0,24 à 0,67, valeur P 0,0005) et a montré le même niveau de tolérance que les ISRS (RR 0,95; IC à 95% 0,83 à 1,09, valeur P 0,44). L’agomélatine induit un taux plus faible d'étourdissements que la venlafaxine (RR 0,19, IC à 95% 0,06 à 0,64, valeur P 0,007).
En ce qui concerne la qualité de l'ensemble des preuves, il y avait un risque de biais modéré pour tous les critères de jugement, en raison du nombre d’études incluses non publiées. Il y avait une certaine hétérogénéité, en particulier entre les études publiées et non publiées. Les études incluses ont été menées dans des environnements hospitaliers et ambulatoires, limitant ainsi la possibilité de généraliser les résultats à des environnements de soins primaires. En ce qui concerne la précision, les résultats d'efficacité étaient précis, mais les critères de jugement sur la tolérance étaient généralement imprécis. Les biais de publication étaient variables et dépendaient du critère de jugement de l'essai. Notre revue a inclus des études non publiées et nous pensons que cela réduisait l'impact du biais de publication. La qualité méthodologique globale des études n'était pas très bonne. Presque toutes les études étaient parrainées par la société pharmaceutique fabriquant l’agomélatine (Servier) et certaines ont été publiées. Les tentatives de contact avec la société pharmaceutique Servier pour obtenir des informations supplémentaires sur toutes les études non publiées ont été infructueuses.