Problématique de la revue
Les corticostéroïdes topiques sont-ils efficaces pour le traitement du phimosis chez les garçons ?
Qu'est-ce que le phimosis ?
Le phimosis est un état dans lequel la peau protégeant la tête du pénis (prépuce) ne peut pas être complètement ramenée vers l'arrière (rétractée). Le phimosis est normal à la naissance et se corrige souvent de lui-même sans traitement. Il s'agit d'un phimosis congénital ou physiologique. Le phimosis peut également être causé par une cicatrisation du prépuce, une condition appelée phimosis pathologique. Il peut être difficile de faire la distinction entre les deux types. Un garçon de trois ans sur dix et un garçon de 16 ans sur cent sont atteints de phimosis.
Comment traite-t-on le phimosis ?
Les opérations visant à retirer ou à élargir le prépuce (circoncision et plastie du prépuce) ont été largement utilisées pour traiter le phimosis. Cependant, les crèmes et les pommades contenant des corticostéroïdes (médicaments qui réduisent l'inflammation et limitent ou arrêtent l'activité du système immunitaire) ont donné des résultats prometteurs. Il s'agit d'une forme de traitement moins invasive qui pourrait limiter la nécessité d'une intervention chirurgicale chez certains garçons.
Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions savoir si les crèmes ou pommades aux corticostéroïdes (corticostéroïdes topiques) étaient plus efficaces qu'un traitement factice (placebo) ou l'absence de traitement pour améliorer les critères de jugement suivants.
- Rétraction complète du prépuce
- Rétraction partielle du prépuce
- Modification du score de rétractabilité
- Résolution complète à long terme du phimosis
- Effets indésirables sur la zone traitée ou sur d'autres parties du corps
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études portant sur les corticostéroïdes topiques comparés à un placebo ou à l'absence de traitement chez les garçons (âgés de la naissance à 18 ans) atteints de phimosis. Nous avons inclus uniquement les essais contrôlés randomisés, dans lesquels les garçons ont été assignés au hasard soit à des corticostéroïdes, soit à un placebo ou à l'absence de traitement. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué le niveau de confiance des données probantes basé sur des facteurs tels que les méthodes et la taille des études.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé 14 essais randomisés, incluant 1459 garçons. Les études ont porté sur des garçons d'âges différents (18 jours à 17 ans), présentant différents types et degrés de phimosis. Les études ont utilisé différents types de corticostéroïdes et la durée du traitement a varié de quatre à huit semaines.
Résultats principaux
Nous avons constaté que les corticostéroïdes topiques, comparés au placebo ou à l'absence de traitement, pourraient augmenter la fréquence des rétractions complètes et partielles du prépuce après quatre à huit semaines de traitement. Les corticostéroïdes topiques pourraient également augmenter la probabilité d'une rétraction complète du prépuce mesurée six mois après le traitement. Nous ne sommes pas certains de l'effet des corticostéroïdes sur la rétractabilité du prépuce par rapport au placebo. Seules deux études ont rapporté les effets indésirables sur le lieu du traitement (sur les 11 études ayant mesuré les effets indésirables). Il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre les corticostéroïdes et le placebo ou l'absence de traitement en ce qui concerne la survenue d'effets indésirables.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Nous avons peu ou très peu confiance dans les données probantes car la plupart des publications ont fourni une description inadéquate des méthodes d'étude ; car il y avait des différences importantes entre les garçons inclus dans les études (âge, gravité du phimosis) et entre les traitements utilisés (type de corticostéroïdes, durée du traitement) ; et car certains des résultats étaient très imprécis.
Ces données probantes sont-elles à jour ?
Cette revue est une mise à jour de notre précédente revue (publiée en 2014). Les données probantes sont à jour jusqu'en octobre 2023.
Les corticostéroïdes topiques, comparés au placebo ou à l'absence de traitement, pourraient améliorer la résolution complète et partielle du phimosis lorsqu'elle est évaluée après quatre à huit semaines de traitement, et pourraient augmenter la résolution complète à long terme du phimosis évaluée six mois ou plus après le traitement. Les corticostéroïdes topiques pourraient avoir peu ou pas d'effets indésirables, et nous ne sommes pas certains de leur effet sur les scores de rétractabilité. Les données probantes sont limitées par le manque de précision des méthodes utilisées dans les études, par une importante hétérogénéité clinique et par des imprécisions importantes dans les résultats. De futurs essais de meilleure qualité avec un suivi à long terme permettraient probablement d'améliorer notre compréhension des effets des corticoïdes topiques sur le phimosis chez les garçons.
Il s'agit d'une version actualisée d'une revue systématique Cochrane publiée pour la première fois en 2014. Le phimosis est un état dans lequel le prépuce ne peut pas être complètement rétracté au-delà du gland. Le phimosis est souvent traité chirurgicalement par circoncision ou plastie du prépuce ; cependant, des rapports sur le traitement non invasif à l'aide de corticostéroïdes topiques appliqués pendant quatre à huit semaines ont suggéré des résultats favorables.
Évaluer les effets des corticostéroïdes topiques appliqués sur la partie sténosée du prépuce pour le traitement du phimosis chez les garçons par rapport au placebo ou à l’absence de traitement.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, LILACS et ClinicalTrial.gov. Nous avons vérifié les références bibliographiques des études incluses et des revues pertinentes pour trouver des études supplémentaires. Aucune restriction n'a été imposée quant à la langue de publication. La date de la dernière recherche est le 4 octobre 2023.
Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient l'utilisation d'un corticostéroïde topique à un placebo ou à l'absence de traitement pour les garçons présentant un phimosis, quel qu'en soit le type ou le degré.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études, extrait les données relatives aux critères de jugement principaux et secondaires de la revue et évalué le risque de biais des études. Nous avons utilisé le modèle à effets aléatoires pour les analyses statistiques et exprimé les critères de jugement dichotomiques sous forme de risques relatifs (RR) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons contacté les auteurs des articles primaires pour leur demander des détails sur le plan d'étude et les critères de jugement spécifiques. Nous avons utilisé GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes en fonction des critères de jugement.
Dans cette mise à jour, nous avons identifié deux nouvelles études avec 111 participants, ce qui porte le nombre total d'études incluses à 14 (1459 participants randomisés). Nous avons constaté que les types de corticostéroïdes étudiés, l'âge des participants, le degré de phimosis, le type de phimosis et la durée du traitement variaient considérablement d'une étude à l'autre.
Comparés au placebo ou à l'absence de traitement, les corticostéroïdes topiques pourraient augmenter la résolution complète du phimosis après quatre à huit semaines de traitement (RR 2,73, IC à 95 % 1,79 à 4,16 ; I² = 72 % ; 10 essais, 834 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Sur la base de 252 résolutions complètes pour 1000 garçons dans le groupe témoin, cela correspond à 436 résolutions complètes de plus pour 1000 garçons (IC à 95 % 199 de plus à 796 de plus). Nous avons abaissé le niveau de confiance des données probantes d'un niveau en raison de limitations importantes de l'étude et d'un niveau en raison d’incohérences importantes.
Les corticostéroïdes topiques pourraient également augmenter la résolution partielle du phimosis après quatre à huit semaines de traitement par rapport au placebo ou à l'absence de traitement (RR 1,68, IC à 95 % 1,17 à 2,40 ; I² = 44 % ; 7 essais, 745 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Sur la base de 297 résolutions partielles pour 1000 garçons dans le groupe témoin, cela correspond à 202 résolutions partielles de plus pour 1000 garçons (IC à 95 % 50 plus à 416 plus). Nous avons abaissé le niveau de confiance des données probantes d'un niveau en raison de limitations importantes de l'étude et d'un niveau en raison d’incohérences importantes.
Nous ne sommes pas certains de l'effet des corticostéroïdes topiques par rapport au placebo sur la modification du score de rétraction (différence de moyennes standardisée [DMS] -1,48, IC à 95 % -2,93 à -0,03 ; I² 91 % ; 2 essais, 177 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous avons réduit le niveau de confiance des données probantes d'un niveau en raison de limitations importantes de l'étude, d'un niveau en raison de l'hétérogénéité importante et d'un niveau en raison de l'imprécision importante.
Comparés au placebo, les corticostéroïdes topiques pourraient augmenter la résolution complète à long terme du phimosis six mois ou plus après le traitement (RR 4,09, IC à 95 % 2,80 à 5,97 ; I² = 0 % ; 2 essais, 280 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Sur la base de 171 résolutions complètes à long terme pour 1000 garçons dans le groupe témoin, cela correspond à 528 résolutions complètes supplémentaires pour 1000 garçons (IC à 95 % 308 plus à 850 plus). Nous avons réduit le niveau de confiance des données probantes d'un niveau pour les limitations importantes de l'étude et d'un niveau pour les imprécisions importantes.
Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le risque d'effets indésirables entre les corticostéroïdes topiques et le placebo ou l'absence de traitement (RR 0,28, IC à 95 % 0,03 à 2,62 ; I² = 22 % ; 11 essais, 1091 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Seules deux des 11 études ayant enregistré des effets indésirables ont rapporté des effets indésirables ; un événement s'est produit dans le groupe corticostéroïde et six dans le groupe témoin. Nous avons réduit le niveau de confiance des données probantes d'un niveau pour les limitations importantes de l'étude et d'un niveau pour les imprécisions importantes.
Post-édition effectuée par Elissar El Chami et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr