Transfusions de plaquettes traitées pour réduire les infections transmises lors de la transfusion pour la prévention des saignements chez les patients ayant une faible numération plaquettaire

Cette traduction n'est pas à jour. Veuillez cliquer ici pour voir la dernière version de cette revue en anglais.

Le sang destiné aux transfusions est prélevé sur des donneurs, puis traité et stocké dans des poches de différents composants sanguins. Les plaquettes sont l'un de ces composants. Les plaquettes sont des cellules qui aident le corps à former des caillots et à empêcher les saignements. Comme pour toutes les transfusions, il existe des risques liés à l'administration de plaquettes aux patients, notamment un faible risque d'infections transmises lors de la transfusion. Un certain nombre de méthodes sont utilisées pour réduire le risque d'infections transmises lors de la transfusion, notamment une sélection minutieuse et un dépistage rigoureux des donneurs. Une nouvelle méthode de prévention de l'infection consiste en la réduction des pathogènes qui permet, par un procédé d'addition de produits chimiques aux plaquettes données et d'exposition de ces plaquettes à une longueur d'onde de lumière ultraviolette, de réduire le nombre d'organismes infectieux.

L'objectif de cette revue était de déterminer si ces plaquettes à pathogènes réduits, ayant subi un traitement spécial, sont aussi efficaces que les plaquettes normales lorsqu'elles sont transfusées. Concrètement, peuvent-elles stopper ou prévenir les saignements aussi bien que des plaquettes ordinaires, produisent-elles la même augmentation de la numération plaquettaire et leur utilisation affecte-t-elle les besoins de transfusion ultérieurs ? Par ailleurs, cette revue a déterminé si les plaquettes à pathogènes réduits étaient aussi sûres que les plaquettes normales, par exemple si elles étaient associées à une différence en termes de taux de décès après une transfusion et s'il existait des effets secondaires associés à l'utilisation de ces produits ?

Nous avons inclus dix essais contrôlés randomisés, portant sur un total de 1 422 patients, qui évaluaient deux produits de transfusion de plaquettes à pathogènes réduits différents, les plaquettes Intercept® et Mirasol®, comparé à des plaquettes standard. Neuf essais évaluaient les plaquettes Intercept® et un essai évaluait les plaquettes Mirasol®. Les 10 essais avaient des plans d'étude différents et des méthodes d'évaluation des critères et des durées de suivi différentes.

Les saignements étaient évalués comme « tout saignement », des saignements « cliniquement significatifs » et « graves » après des périodes de suivi courtes (jusqu'à 48 heures) ou longues (plus de sept jours). Il n'y avait aucune différence concernant les saignements « cliniquement significatifs » ou les « saignements graves », la mortalité, les réactions à la transfusion ou les événements indésirables entre les plaquettes à pathogènes réduits et les plaquettes standard. Cependant, on a constaté des réponses significativement moins bonnes après la transfusion de plaquettes à pathogènes réduits, ainsi que la nécessité d'effectuer plus de transfusions de plaquettes.

En raison des limitations liées aux tailles des essais et aux plans d'études, il n'existe pas suffisamment de preuves disponibles pour être certains que les plaquettes à pathogènes réduits soient aussi efficaces que les plaquettes standard pour empêcher les saignements.

Conclusions des auteurs: 

Nous n'avons trouvé aucune preuve d'une différence concernant la mortalité, les saignements « cliniquement significatifs » ou les « saignements graves », les réactions à la transfusion ou les événements indésirables entre les plaquettes à pathogènes réduits et les plaquettes standard. Pour un certain nombre de critères de laboratoire, les résultats ont fourni des preuves de certains bénéfices pour les plaquettes standard comparé aux plaquettes à pathogènes réduits. Ces conclusions sont basées sur des données provenant de 1 422 patients inclus dans 10 essais. Des résultats d'essais en cours ou de nouveaux essais sont requis pour déterminer s'il existe des différences importantes concernant le risque de saignement entre les transfusions de plaquettes à pathogènes réduits et les transfusions de plaquettes standard. Du fait de la variabilité du plan d'étude, de l'évaluation des saignements et de la qualité de la notification des critères de jugement, il est recommandé que les essais futurs appliquent des approches standardisées pour l'évaluation des critères et le suivi, notamment pour la notification de la sécurité.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Les transfusions de plaquettes sont utilisées pour empêcher et traiter les saignements chez des patients qui sont thrombocytopéniques. Malgré des améliorations concernant le dépistage des donneurs et les tests en laboratoire, il subsiste un faible risque de contamination des plaquettes par des virus, des bactéries ou des protozoaires. Il existe également un risque persistant dû à de nouvelles infections émergentes transmises lors des transfusions sanguines (ITT) pour lesquelles il peut ne pas exister de tests de laboratoire au moment de la première manifestation.

Une solution pour réduire encore le risque d'ITT lors d'une transfusion de plaquettes consiste en une réduction photochimique des pathogènes, un procédé par lequel les pathogènes sont inactivés ou leur nombre est diminué significativement, ce qui réduit ainsi le risque de transmission. Ce procédé pourrait apporter des bénéfices supplémentaires, notamment un allongement de la durée de conservation des plaquettes, et rendre inutile l'irradiation des plaquettes aux rayons gamma. Bien qu'il existe des preuves significatives indiquant que les technologies actuelles de réduction des pathogènes réduisent la charge de pathogènes dans les concentrés de plaquettes, un certain nombre d'études cliniques publiées ont soulevé des inquiétudes concernant l'efficacité des plaquettes à pathogènes réduits pour la récupération des plaquettes après la transfusion et concernant la prévention des saignements comparé aux plaquettes standard.

Objectifs: 

Evaluer l'efficacité des plaquettes à pathogènes réduits pour la prévention des saignements chez les patients nécessitant des transfusions de plaquettes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, The Cochrane Library 2013, numéro 1), MEDLINE (de 1950 au 18 février 2013), EMBASE (de 1980 au 18 février 2013), CINAHL (de 1982 au 18 février 2013) et la Transfusion Evidence Library (de 1980 au 18 février 2013). Nous avons également effectué des recherches dans plusieurs bases de données internationales et plusieurs bases de données d'essais en cours et avons passé au crible les bibliographies pertinentes. Nous avons demandé des informations sur d'éventuels essais non publiés à des chercheurs connus dans ce domaine.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant la transfusion de plaquettes à pathogènes réduits à celle de plaquettes standard. Nous n'avons identifié aucune ECR qui comparait la transfusion d'un type de plaquettes à pathogènes réduits à un autre.

Recueil et analyse des données: 

Un auteur a examiné toutes les références, à l'exception des doublons et de celles clairement non pertinentes. Deux auteurs ont ensuite examiné les références restantes, confirmé l'éligibilité, extrait les données et analysé la qualité des essais de façon indépendante. Nous avons demandé et obtenu une quantité significative de données manquantes auprès des auteurs des essais. Lorsque cela était approprié, nous avons procédé à des méta-analyses en utilisant le modèle à effets fixes pour les risques relatifs (RR) ou les différences moyennes (DM), avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %), et avons utilisé la statistique I² pour étudier l'hétérogénéité, en ayant recours au modèle à effets aléatoires lorsque I² était supérieur à 30 %.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 10 essais comparant des plaquettes à pathogènes réduits à des plaquettes standard. Neuf essais évaluaient les plaquettes à pathogènes réduits Intercept® et un essai évaluait les plaquettes à pathogènes réduits Mirasol®. Deux étaient des essais croisés randomisés et les huit autres étaient des ECR en groupes parallèles. Au total, dans les 10 essais, 1 422 participants étaient disponibles pour l'analyse, dont 675 recevaient des transfusions de plaquettes Intercept® et 56 recevaient des transfusions de plaquettes Mirasol®. Quatre essais évaluaient la réaction à une seule transfusion de plaquettes étudiées (toutes Intercept®) et six à de multiples transfusions de plaquettes étudiées (Intercept® (N = 5), Mirasol® (N = 1)) comparé à des plaquettes standard.

Nous avons découvert que les essais présentaient généralement un faible risque de biais, mais qu'ils étaient hétérogènes concernant la nature des interventions (préparation de plaquettes), les protocoles pour la transfusion de plaquettes, les définitions des critères de jugement, les méthodes d'évaluation des critères et la durée du suivi.

Nos critères de jugement principaux étaient la mortalité, « tout saignement », les « saignements cliniquement significatifs » et les « saignements graves » et étaient regroupés par durée de suivi : courtes (jusqu'à 48 heures), moyennes (de 48 heures à sept jours) ou longues (plus de sept jours). La méta-analyse des données de cinq essais portant sur de multiples transfusions de plaquettes et rapportant « tout saignement » sur une longue période de suivi a constaté une augmentation des saignements chez les personnes recevant des plaquettes à pathogènes réduits comparé aux plaquettes standard en utilisant le modèle à effets fixes (RR 1,09, IC à 95 % 1,02 à 1,15, I² = 59 %) ; cependant, cette méta-analyse n'a montré aucune différence entre les bras de traitement lors de l'utilisation du modèle à effets aléatoires (RR 1,14, IC à 95 % 0,93 à 1,38).

Il n'y a eu aucune preuve d'une différence entre les bras de traitement concernant le nombre de patients ayant des « saignements cliniquement significatifs » (rapportés par quatre des cinq mêmes essais) ou des « saignements graves » (rapportés par les cinq essais) (respectivement, RR 1,06, IC à 95 % 0,93 à 1,21, I² = 2 % ; RR 1,27, IC à 95 % 0,76 à 2,12, I² = 51 %). Nous n'avons par ailleurs trouvé aucune différence entre les bras de traitement concernant la mortalité toutes causes confondues, les réactions aiguës à la transfusion, les événements indésirables, les événements indésirables graves et les besoins de transfusion de globules rouges dans les essais qui rapportaient ces critères de jugement. Aucune infection bactérienne transmise par la transfusion n'est survenue dans les six essais qui rapportaient ce critère de jugement.

Bien que la définition de la réaction réfractaire aux plaquettes ait été différente entre les essais, le risque relatif de cet événement a été plus élevé de 2,74 après une transfusion de plaquettes à pathogènes réduits (RR 2,74, IC à 95 % 1,84 à 4,07, I² = 0 %). Les participants ont nécessité 7 % de transfusions de plaquettes en plus après une transfusion de plaquettes à pathogènes réduits comparé à une transfusion de plaquettes standard (DM 0,07, IC à 95 % 0,03 à 0,11, I² = 21 %), bien que l'intervalle entre les transfusions de plaquettes ne se soit révélé significativement plus court qu'après de multiples transfusions de plaquettes à pathogènes réduits Intercept® comparé à la transfusion de plaquettes standard (DM -0,51, IC à 95 % -0,66 à -0,37, I² = 0 %). Dans les essais portant sur de multiples transfusions de plaquettes à pathogènes réduits, nos analyses ont montré que les incréments de la numération et de la numération corrigée à une et à 24 heures ont été significativement inférieurs à ceux avec les plaquettes standard. Cependant, les incréments à une heure ont été semblables dans les essais portant sur des transfusions de plaquettes uniques, bien que les incréments de la numération et de la numération corrigée à 24 heures aient été encore une fois significativement plus faibles.

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.